Après plus de deux mois de mobilisation au sein de lieux culturels occupés (Volcan Le Havre, Théâtres…), le gouvernement Macron et les grandes directions de salles agissent de concert pour canaliser voire asphyxier le mouvement : expulsions, pressions sur divers collectifs locaux et annonces de mesures superficielles. En effet, si les intermittent·es gagnent un sursis de 4 mois avec la prolongation de l’année blanche, l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage au 1er juillet 2021 promet un avenir pas du tout radieux pour l’ensemble des salarié·es qui verront leurs indemnités baisser et parfois disparaître.
Les travailleurs de la culture et du spectacle seront à terme touchés par cette étape supplémentaire dans la destruction de la solidarité interprofessionnelle. Enfin la « réouverture » progressive des salles est souvent chaotique avec des jauges limitées, un embouteillage dans les programmations de spectacles et des consignes souvent imprécises quant aux normes sanitaires.
Dans son rapport au ministère de la culture, Gauron annonce qu’il n’y aura pas de retour à la normale d’ici 2022. Face à cela, les salariés de la culture et plus généralement les intermittent·es, précaires de l’emploi, doivent rester fermes : personne n’a choisi cette situation, puisqu’il était impératif de ne plus travailler afin de combattre l’épidémie. Alors, les revenus (chômage partiel, aide au retour à l’emploi, etc.) doivent être garantis pour tous et toutes ! Heureusement, le mouvement se poursuit dans les théâtres et dans la rue, lors d’occupations d’administrations et parfois d’opérations péages gratuits.
Ces deux derniers mois auront été riches en enseignements : si les directions ont besoin d’intermittent·es à employer pour faire tourner leurs boutiques, elles n’en ont rien à faire de la dégradation des conditions d’indemnisation subies par ces derniers. Il n’est pas étonnant de voir les « soutiens » d’hier devenir les expulseurs d’aujourd’hui. Les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes et doivent s’engager à intensifier la mobilisation. Et si le mouvement national hésite encore à recourir aux blocages ou à la grève c’est aux collectifs locaux à se fédérer pour faire entendre leurs revendications.
A lire absolument le livre de Rocker « Nationalisme et culture ».