Urgence climatique, écologie sociale et libertaire

Arradon

Urgence climatique : la récente COP26 a déclaré qu’au cours de cette décennie, nous devons réduire les gaz à effet de serre, et donc les énergies fossiles, de 45% si nous voulons limiter la hausse globale des températures à 1,5 ºC, afin que les événements météorologiques extrêmes ne soient pas trop destructeurs et nous pouvons les supporter. Mais les engagements réels des gouvernements sont insuffisants (certains subventionnent encore les avions, les voitures, le tourisme de masse, les armements et extensions des ports, autoroutes,…) et nous conduisent à des hausses de 2 ºC et 3 ºC au cours des prochaines décennies, avec l’aggravation que certains phénomènes tels que la fonte de l’Arctique, les glaciers…qui s’auto-alimentent et peuvent accélérer de manière irréversible le réchauffement climatique. Et si les températures mondiales augmentent autant, plusieurs pays européens seront touchés, par exemple l’Espagne aura des étés avec des journées à 50 ºC et 60 ºC , comme au Sahara aujourd’hui… Les gouvernements, les propriétaires de grandes entreprises et les citoyens sont-ils conscients que cela est absolument insoutenable et menace la survie de millions d’espèces, dont la nôtre ? Les décideurs raisonnent à court terme pour engranger le maximum de profits et pensent qu’ils trouveront toujours des solutions de repli pour les leurs.

Diminution des ressources naturelles : certains minéraux stratégiques s’épuisent, par exemple le mercure (dont nous avons déjà extrait 92 %), l’argent (79 %), l’or (75 %), l’étain (75 %), l’arsenic (75 % ), l’antimoine (72%), le plomb (72%), le cuivre (59%), le pétrole (48%), etc., et cela commence à poser de sérieux problèmes avant qu’ils ne s’épuisent totalement. Le pétrole, notamment, a encore la moitié de ses réserves, mais celles dont l’extraction facile est épuisée et chaque année il est plus compliqué et plus coûteux de continuer à l’extraire, si bien que sa production a dépassé le pic pétrolier et décline, notamment le diesel. , carburant de machinerie lourde… Avec la raréfaction et l’épuisement des ressources naturelles, combien de temps ce système basé sur une croissance continue et un pétrole abondant et bon marché peut-il durer ? Pas longtemps car les prix vont exploser. Du côté du nucléaire, en France, les politiciens nous parlent de souveraineté et d’indépendance. Mais est-ce vraiment sérieux quand on sait que nous importons l’uranium de pays comme le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Niger…dont la stabilité politique laisse à désirer.

Crash du système: à long terme, cela n’est pas viable, la question est maintenant de savoir ce que feront les dirigeants mondiaux à court et moyen terme ? Eh bien, il ne semble pas qu’ils veuillent résoudre les problèmes parce qu’en ce moment ils vont bien, ils s’enrichissent et ont plus de pouvoir, tout le contraire de ce qui arrive aux travailleurs qui comptent à l’euro près et finissent de plus en plus difficilement leurs fins de mois. Et les décideurs continuent d’en faire toujours autant : spéculation, accumulation et bulles financières, déconnexion du monde financier avec l’économie réelle, privatisation des services publics, dont les retraites, automatisation des processus et réduction du travail humain, hausse du chômage surtout chez les jeunes, maintien de longues heures de travail, relèvement de l’âge de la retraite, etc. etc. Ils sont tant touchés par l’inertie historique qu’ils répètent les « solutions » qu’ils ont déjà appliquées à la crise majeure précédente, le krach de 1929 et la dépression mondiale des années 1930 : faire payer la crise par le bas, durcir la répression et la manipulation, encourager les groupes/partis/gouvernements d’extrême droite, pousser à une nouvelle escalade des armements avec l’OTAN en envahissant les pays pétroliers, en pillant et en harcelant les Russes, les Chinois… qui eux-mêmes harcèlent leurs voisins et leur population. Nous savons déjà comment cette grande crise de 1929 a pris fin et maintenant cela pourrait être bien pire car les puissances nucléaires disposent d’un arsenal de 13 000 missiles thermonucléaires, bien plus destructeurs que les bombes qui ont détruit Hiroshima et Nagasaki. À quoi ressemblerait cette civilisation si la Troisième Guerre mondiale éclatait ? Quelqu’un survivrait-il ? Chinois, Européens, Américains et autres…

Aujourd’hui nous sommes déjà 8 milliards d’êtres humains mais le principal problème n’est pas la surpopulation mais la surconsommation. Comme l’a dit Ghandi,  » la Terre a suffisamment de ressources pour soutenir toute l’humanité mais pas pour satisfaire la cupidité de certains « . Elisée Reclus en contredisant Malthus disait à peu près la même chose. En d’autres termes, il n’y a pas assez de ressources ou de capacités pour régénérer la biosphère pour que notre économie, nos consommations et nos déchets continuent de croître à l’infini ; cette prétention insensée des capitalistes et de leurs économistes est tout à fait impossible, et nous conduit, nous les humains et des millions d’espèces, à aller dans le mur !

Cependant, il existe des solutions à tous les problèmes et nous les connaissons depuis longtemps, mais elles vont toutes à l’encontre de ce système. Des solutions telles que celles proposées par 11 000 scientifiques : généraliser les économies, l’efficacité et les énergies renouvelables, supprimer les subventions aux énergies fossiles, aider les pays pauvres à les abandonner, protéger et restaurer les écosystèmes, consommer plus d’aliments végétaux et moins d’animaux, stabiliser la population mondiale dans le respect des droits de l’homme, etc. Nous pouvons y ajouter l’instauration de l’égalité économique et sociale dans le cadre d’une éthique libertaire.

Et en consommant moins, dans les pays riches, on peut même vivre mieux. Par exemple, en ce qui concerne l’urgence climatique, nous devons réduire de moitié les combustibles fossiles, qui représentent près de 90 % de l’énergie que nous utilisons, et nous pouvons parfaitement le faire car en ce moment. En consommant beaucoup moins d’énergie et de ressources que le concitoyen moyen, on peut être  également plus heureux car, après avoir satisfait les besoins de base, le bien-être et le bonheur ne croissent plus avec la consommation, ils peuvent même diminuer à cause des impacts négatifs de la consommation sur la santé et l’environnement.

La question est maintenant de savoir comment nous diminuons notre consommation d’énergie, de viande…, que ce soit par les mauvais côtés, continuant au fur et à mesure jusqu’à l’effondrement du système devenant incontrôlable, ou par les bons, organisant et responsabilisant les personnes conscientes et nous guidant de manière scientifique, démocratique, coopérative et solidaire.

Cette décennie sera cruciale, si nous la perdons inutilement comme les précédentes nous ne pourrons peut-être plus retrouver l’équilibre climatique, nous n’aurons pas assez de ressources pour changer ou nous aurons tout simplement fait irruption dans une nouvelle explosion guerrière, voire planétaire… Mais l’avenir n’est pas écrit et si ceux d’en bas, les 90%, ne se laissent pas tromper ou conduire comme des moutons à l’abattoir, si nous nous organisons et nous battons, nous pouvons surmonter ce système obsolète et évoluer vers un bien meilleur …avec une écologie sociale et libertaire à la clef.