Soutien à la militante féministe marocaine « Betty »

Il y en a marre des bigoteries et des bondieuseries des uns et des autres.

Au Maroc, la militante féministe Ibtissame Lachgar a été arrêtée pour blasphème. Sur une photo partagée sur les réseaux sociaux, elle apparaît avec un tee-shirt où est inscrit « Allah is lesbian », Allah est lesbienne. Ceci apparaît comme une offense à la religion islamique selon la loi…Quelle offense envers dieu, lui qui soi-disant pardonne tout !

Cette militante est donc de nouveau visée par la justice marocaine. Le parquet a annoncé, dimanche 10 août 2025, l’avoir placée en garde à vue. Le procureur du roi près le tribunal de première instance de Rabat a déclaré avoir ordonné l’ouverture d’une enquête et le placement en garde à vue de la militante « conformément à la loi ». On est loin de la laïcité. Cette militante est connue pour ses combats en faveur des libertés individuelles, des droits des femmes et des LGBTQ+. La photo était accompagnée d’un texte qualifiant l’islam, « comme toute idéologie religieuse », de « fasciste, phallocrate et misogyne ». Voilà qui nous amène à être d’accord avec Ibtissame Lachgar. Toutes les religions sont liberticides et divisent les gens.

Puis ce fut l’hallali, et le lynchage de cette féministe sur les réseaux sociaux. Vous savez ces réseaux où les lâches peuvent s’exprimer en toute impunité. Ibtissame Lachgar a le courage de ses opinions et tente de faire avancer la cause des femmes dans un pays musulman où le roi est aussi le gourou de la religion. Cette interpellation suscite l’inquiétude des défenseurs des droits humains dans le royaume. Ibtissame Lachgar affirmait suite à sa publication subir un cyberharcèlement comportant “des milliers de menaces de viol, de mort, d’appels au lynchage et à la lapidation”. Cela s’appelle la mansuétude religieuse. Le code pénal marocain prévoit une peine de six mois à deux ans de prison et – ou – une amende de 20 000 à 200 000 dirhams (environ 2 000 à 20 000 euros) pour toute atteinte à la religion islamique, pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison si l’« outrage » est commis par un moyen public, y compris « électronique ».

Betty Lachgar est âgée de 50 ans ; c’est une psychologue de profession et c’est une figure du combat féministe marocain. En 2009, avec Zineb El Rhazoui, elle fonde le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali), un collectif de jeunes activistes qui défend la liberté de conscience, de culte et d’orientation sexuelle, la dépénalisation des relations sexuelles hors mariage et de l’avortement, ou encore l’instauration d’un État laïque au Maroc. De quoi inquiéter la royauté. Même si nous ne sommes pas étatistes, ses autres combats sont aussi les nôtres. Et elle affirme : « Si une loi est injuste, il est de mon devoir de militante d’y désobéir. Je suis une désobéissante, une scandaleuse ! ». Bravo !

Espérons que Betty ne croupisse pas en prison. Nous suivrons attentivement les suites « juridiques » données par le procureur du roi afin de ne pas laisser Betty, seule, face à ses bourreaux religieux.

Toujours du côté du Maroc

Toujours sur les réseaux sociaux marocains qui semblent devenir le défouloir des plus cons, les publications racistes, principalement négrophobes, prolifèrent ces dernières semaines. Des messages racistes qui visent les migrants originaires d’Afrique subsaharienne, avec une rhétorique bien connue en France, celle du « Grand remplacement ». Il semblerait que Renaud Camus et Eric Zemmour aient fait des petits au Maroc. Un vent mauvais souffle sur ce royaume comme un peu partout.

 Les organisations de défense des droits humains soulignent la responsabilité de l’Union européenne, qui externalise la gestion de ses frontières à de nombreux pays africains sans s’inquiéter du sort réservé aux personnes migrantes. Ces discours de haine diffus sont le terreau de la violence physique, psychologique et institutionnelle contre les migrants. D’ailleurs des précédents de violences se sont déjà déroulés en Lybie, en Tunisie…contre les migrants subsahariens.

Gwenn (56) pour le libertaire