Nous sommes des insoumis, au sens premier du terme

Guerre à la guerre

Nous sommes des insoumis, au sens premier du terme

L’insoumission et l’objection de conscience ont mis en lumière le rôle de l’armée dans la société. Ils ont eu pour objectif prioritaire de mettre fin au service militaire obligatoire. Avec  la nouveauté du SNU en France, nous allons constater – à travers le rôle joué par les médias et  à travers des formes de répression – comment les temps ne changent pas autant qu’il y paraît.

De nombreux insoumis, notamment des anarchistes, ont payé un lourd tribut pour leurs idées acrates et antimilitaristes. Certains sont entrés tardivement sur le marché du travail et pour obtenir une retraite misérable vont continuer à travailler jusqu’à 67 ans. De nombreux emplois se sont fermés aux insoumis notamment la Fonction publique.

A l’époque c’étaient de jeunes militants idéalistes, avec beaucoup d’enthousiasme et de confiance dans ce qu’ils faisaient. Pas toujours au fait des conséquences de leurs actes, du moins sur le long terme. Plusieurs compagnons se sont retrouvés dans la situation des sans-papiers d’aujourd’hui avec la peur des contrôles d’identité. Les insoumis faisaient figures de David contre Goliath. Ce fut aussi un vrai moment de solidarité avec de véritables amitiés qui se sont nouées.

Il y eut une grande solidarité dès le départ dans le milieu libertaire, mais il est vrai aussi que beaucoup de gens ont eu du mal à comprendre ce concept de « désobéissance civile ». Mais lorsque les incarcérations ont commencé, une partie de la société y a vu une répression disproportionnée.

Les médias ont d’abord ignoré le problème, mais à mesure que le mouvement se développait, l’impact et le ton avec lesquels les informations étaient distillées  augmentaient.

La revendication principale des insoumis a toujours été la disparition des armées, bien que beaucoup aient imaginé que lorsque la revendication la plus concrète serait atteinte (la disparition du service militaire), le mouvement perdrait de sa force, voire disparaîtrait.

La suppression du service national fut une grande victoire. Les jeunes d’aujourd’hui sont dans l’impossibilité  d’imaginer la chape de béton que le service militaire signifiait pour les antimilitaristes, car elle conditionnait toute leur vie et tout projet futur. Sans parler de ceux qui le jugeaient idéologiquement inacceptable.

L’insoumission et l’objection de conscience  furent le premier grand mouvement de désobéissance civile et en tant que tel, il a influencé tous ceux qui sont venus après y compris celui d’Extinction Rebellion. Il a toujours été dans l’ensemble, une manière autogérée de prise de conscience et d’actions, réunissant de nombreuses sensibilités, des chrétiens de base aux différentes familles anarchistes. Les chrétiens ? Et oui, Gaston Leval nous expliqua dans un meeting au Havre, qu’il avait côtoyé des chrétiens en prison. Ces derniers étaient insoumis car ils ne reconnaissaient d’autre autorité que celle de Dieu. Les anarchistes étant athées bien sûr ne se reconnaissaient pas dans ce type d’argument.

 

Maintenant, le sentiment antimilitariste est toujours là, diffus peut-être mais toujours présent.

Nous avons eu la grande mobilisation contre la guerre en Irak. Nous verrons ce que donnera la campagne anti-SNU.

L’armée a fini par accepter la disparition du service militaire mais elle a changé son image par ses campagnes de publicité et ses interventions «humanitaires» à peine controversées et il est très peu question de l’industrie de l’armement et des dépenses militaires en général. Ce qui est très malin de la part des militaristes.

A nous de montrer la face cachée de l’armée, c’est assez incroyable qu’avec toutes les coupes sociales dans les services publics, on ne parle presque pas du non-sens des dépenses militaires.

Les défis actuels du mouvement antimilitariste vont se jouer autour du S.N.U.

Il faut parvenir à ce qu’une grande partie de la société cesse de considérer l’armée comme une autre profession et place au premier plan le débat sur les dépenses militaires et les opérations militaires extérieures. Au niveau de l’intérieur, il faut montrer par exemple le scandale du manque de moyens du personnel hospitalier alors que l’armée empiète sur les prérogatives des civils de la Fonction publique.

Cela au regard de la peur du Coronavirus peut paraître utopique mais nous ne pouvons, nous empêcher de nous rappeler que le système capitaliste a toujours résolu ses grandes crises par de grandes guerres ; plus récemment par ses ventes d’armes à des pays tiers ou en insinuant que la France était en guerre contre le Coronavirus. Dans une véritable guerre, nous avons des massacres, des mutilés, des viols, des familles brisées… L’économie française est très militarisée et nous devrons voir comment la situation évolue. D’où la difficulté pour nous autres libertaires de construire une culture de la Paix.

Cette culture de la paix ne sera possible que si nous surmontons le système capitaliste. La guerre est consubstantielle au capitalisme. Par conséquent, la lutte pour la paix fait partie de la lutte actuelle pour changer les fondements de notre économie.

Ti Wi (GLJD)