R.I.C. : donner de la voix pour pas grand-chose au final

Gilets jaunes Le Havre

R.I.C. : donner de la voix pour pas grand-chose au final

Il suffit de regarder un peu chez nos voisins suisses ce que donnent les questions soumises à votation pour s’apercevoir que leur démocratie dite directe, c’est de la poudre de perlimpinpin. Les rapports de domination et d’exploitation existent encore…

Quand on regarde les grands sujets abordés, on voit bien que les résultats n’ont pas été ceux escomptés pour les initiateurs de chaque référendum. Les Suisses ont voté contre un salaire minimum de 4000 francs suisses par mois. Ils ont voté pour une réforme fiscale, pour la sortie du nucléaire, pour une alimentation équitable…les Suisses ont encore voté non ! Les Suisses se sont encore exprimé contre une sixième semaine de congés payés, contre l’augmentation des retraites…et la dernière initiative « Stopper le mitage » (pour un développement durable du bâti) a été rejetée par 63% des votants, il y a une dizaine de jours.

Par contre, les Suisses se sont prononcés contre la construction de nouveaux minarets…alors qu’il n’existe que quatre mosquées dans ce pays. La xénophobie fleurit. Pas seulement pour les musulmans, mais aussi pour les Italiens…

Mais revenons aux votations suisses. Quand un sujet est abordé, les Suisses constatent une certaine sympathie pour ce thème soumis à votation, puis le gouvernement, les milieux économiques et financiers, les partis conservateurs s’en mêlent et influencent les débats. D’autant que les armes à disposition sont inégales puisque ces derniers disposent de quasiment tous les leviers pour faire barrage à toute innovation qui nuirait à leurs intérêts.

Depuis quand quelques milliers de citoyens bien intentionnés peuvent-ils rivaliser avec les puissances de l’argent. Les faiseurs d’opinions s’en donnent à cœur joie : publicités-placards dans les journaux, campagnes d’affichage, spots publicitaires, tractages payés…interventions au plus haut niveau de l’Etat…

Quant à la fin du XIXème siècle naît le référendum d’initiative populaire, les Suisses votaient de façon plébiscitaires et se défoulaient sur les politiciens. Ces derniers alliés aux élites ont tôt fait d’apprivoiser le système référendaire et d’écarter tout danger allant contre les intérêts des puissants.

Plus récemment, l’histoire de la suppression de la redevance est éclairante. Les sondages prédisaient le oui, c’était sans compter le poids des élus, des industriels du cinéma, de tous ceux qui passaient à la télé ;  et en quelques mois, la tendance s’est inversée et le score fut sans appel : 71,6% de votes contre la suppression de la redevance…

Alors la demande de R.I.C. semble avoir été mal étudiée par certains gilets jaunes qui en font l’alpha et l’oméga de la démocratie. C’est un leurre, nous le disons depuis le début du mouvement, seule la mobilisation et le rapport de force face à l’Etat et au patronat seront les gages de notre succès quant à nos revendications touchant au pouvoir d’achat. De surcroît, Chouard, l’égérie du RIC, appelle à soutenir Asselineau aux élections européennes de mai prochain. C’est ainsi que l’on voit leurs quelques dizaines d’individus dans les manifestations brûler des drapeaux européens. Les partisans du Frexit se pavanent en gilets jaunes. Peut-on vraiment être un promoteur du RIC et appeler à voter pour un huluberlu ?

Chez les Suisses aujourd’hui mais demain chez les Français, c’est l’argument du chômage qui fera voter contre toute avancée sociale. C’est un argument massue. En clair, l’épée de Damoclès du chômage pèsera sur toute demande de changement. La politique, c’est aussi fonctionner sur la peur des gens.

Alors, non, le RIC ne changera pas grand-chose pour les travailleurs que nous sommes. C’est le miroir aux alouettes.

Micka (Groupe Jules Durand)

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