Pour une Rue Emile Bauchet à Villers-sur-Mer

Pour une Rue Emile Bauchet à Villers-sur-Mer

Emile Bauchet, libertaire, pacifiste militant, conducteur d’autocar puis maraîcher

En ces temps de militarisation croissante et de brouhaha belliciste, il faut se souvenir que des personnes ont milité toute leur vie pour la Paix et un monde sans guerre. Emile Bauchet était de celles-là.

Ce libertaire convaincu est né le 23 février 1899 à Roissy-en-France (Seine-et-Oise) ; il est mort le 7 août 1973 à Villers-sur-Mer (Calvados). Il est enterré dans le cimetière d’Auberville au côté de son fils.

Il fut apprenti maçon avant d’être mobilisé en 1919. Le 19 avril 1920, il est noté comme déserteur du 11e régiment du génie. En effet, il déserte après quatorze mois sous les drapeaux et, arrêté seulement dix ans plus tard, est jugé par un tribunal militaire et condamné à un an de prison. Ses antécédents familiaux disposèrent probablement ses juges à la clémence : cadet d’une famille de dix enfants au père alcoolique, il avait perdu deux de ses frères à la guerre, un troisième avait été gazé et un beau-frère tué.

Bénéficiant d’une remise de peine, il fut libéré en avril 1930. Il dirige alors une entreprise de transports à Dives-sur-Mer (Calvados), en association jusqu’en 1932 avec Alphonse Barbé, mais il ne renonce pas à ses convictions et jusqu’en 1936, il collabore au « Semeur contre tous les tyrans », organe de défense des objecteurs de conscience qu’il avait cofondé avec Claude Content et Alphonse Barbé. En novembre 1932, il devait succéder à Barbé comme administrateur du journal. A l’origine Le Semeur de Normandie [puis] Le Semeur contre tous les tyrans (1923-1936), organe de libre discussion [puis] organe de culture individuelle.

Émile Bauchet fonda et présida la fédération calvadosienne de la Ligue internationale des combattants de la paix (LICP) qui se signala par une activité assez intense dans la première moitié des années 1930. Aux dires du préfet, elle comprenait 10 sections et 500 adhérents, organisait de nombreuses réunions et conférences, souvent animées par Marcelle Capy ou Robert Jospin. Bauchet fut également membre du bureau national  de la LICP (trésorier) et collabora à La Patrie humaine et au Barrage.

Le comité d’honneur de la LICP comprenait des personnalités comme Romain Rolland, Victor Margueritte, Georges Duhamel, Jules Romains, Henri Jeanson etc.

Au nom de la LICP, il cosigna l’appel à la Conférence nationale contre la guerre et l’Union sacrée qui siégea à Saint-Denis les 10 et 11 août 1935.

Le 1er septembre 1939, il fut affecté au centre mobilisateur d’artillerie n°303. Proposé à la réforme pour «sclérose pulmonaire avec emphysème et bronchite chronique», il fut maintenu dans le service armé par le conseil de révision de Caen le 6 février 1940.

Après la Seconde Guerre mondiale, Emile Bauchet créa à Auberville une entreprise de culture maraîchère sur une surface de l’ordre de deux hectares. Elle était exploitée avec les moyens encore traditionnels de l’époque et un personnel réduit de cinq à six personnes. Une éolienne permettait cependant les conditions d’arrosage.

Bauchet vivait  principalement grâce aux commandes des stations balnéaires voisines.

Il anime entre 1951 et 1973 le journal La Voie de la Paix qui publiera près de 200 numéros et disparaîtra à sa mort qui survient en 1973 à Villers-sur-Mer.

Sources

https://maitron.fr/bauchet-emile-alexandre-dictionnaire-des-anarchistes/, notice BAUCHET Émile, Alexandre [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, Jean Quellien, Rolf Dupuy, Guillaume Davranche, version mise en ligne le 25 mars 2014, dernière modification le 18 juin 2024.

 Et Marcel Miocque et Huguette Vernochet : « Auberville un belvédère sur la mer », Décembre 2009. (Cahiers du Temps-Cabourg)

Le journal La Voie de la Paix avait pour sous-titre : Résistance à la Guerre et à l’Oppression.

Emile Bauchet était un pacifiste intégral. Il pensait que la guerre est le crime des crimes, la folie des folies. Que la guerre fait couler beaucoup de sang, gaspille beaucoup d’argent…

« Ne serait-il pas temps d’essayer de réunir par-dessus les frontières, autour d’idées simples et claires, pour des objectifs précis et déterminés les hommes et les femmes du monde entier.

Les hommes et les femmes de bon sens, ceux qui donnent vraiment une signification à la Vie Universelle, aspirent à la fin des guerres, à la justice égale pour tous, au respect des droits politiques de l’homme et à sa libération économique, à l’Unité Mondiale, à une équitable répartition entre tous les Etats des richesses naturelles et à tous les bienfaits qui s’ensuivraient, ne souhaitent-ils pas qu’on essaie de tenter une telle réalisation ? » La Voix de la Paix – Mensuel – Février 1952

De tels propos sont malheureusement encore d’actualité. Raison de plus pour relire Emile Bauchet et de populariser ses combats pour la Paix.