Pisa : d’autres lectures !
Trois articles publiés sur le site Q2C nous proposent une autre lecture de l’enquête Pisa.
Didier Muguet conclut sa longue et minutieuse analyse de l’enquête internationale ainsi
« Peut-être faut-il ranger PISA au nombre de tous ces instruments de la guerre économique que le capitalisme livre sur le champ de bataille de la planète ? La mesure et le classement prolifèrent dans des dispositifs d’évaluation, de la Banque Mondiale, l’ONU, le forum de Davos, les agences de notation, avec les mêmes critères fiables qui félicitent la « bonne santé économique » de pays qui quelques temps plus tard subissent le contre-coup catastrophique des « bons traitements » imposés par ces dispositifs d’évaluation, comme en Irlande, en Islande.
Comme dans toute évaluation, le rôle du test n’est pas de mesurer mais de normaliser. Le but n’est pas de vérifier des acquis, PISA se fout totalement de ce dont les jeunes sont capables, dans tel milieu, avec tels moyens, telles potentialités. PISA n’a pas pour but de mesurer mais d’inciter, d’envahir, de conformer, de monopoliser, de modéliser. […] Si PISA n’a aucune « valeur scientifique », c’est bien parce qu’il s’agit d’un dispositif de pouvoir, non pas réglé sur une logique épistémique de vérité mais sur une contrainte normative de productivité ; non pas d’efficacité mais de performativité, à tout prix, quelles qu’en soient les conséquences.
Quand à la France qui prévoit la ré-écriture des programmes scolaires, on n’a pas vu l’ombre du bout de la queue d’une esquisse de questionnement sur ces orientations.
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Catherine Chabrun interroge elle aussi ces résultats pour arriver à cette autre conclusion : « Mais là, ce ne serait plus une refondation, mais une révolution ! »
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Enfin, quand Pisa souligne que ce qui caractérise le système éducatif français c’est bien son élitisme et sa propension à accroitre les inégalités sociales, on en a constaté la réalité avec le corporatisme des profs de prépas (ceux qui ont le moins d’heures et qui sont le plus payés…), voilà ce qu’ne dit la revue de presse des Cahiers pédagogiques :
« Notre école réussit donc toujours très bien pour les élites tout en délaissant de plus en plus les autres.
Or c’est la défense de cette école (et de ces professeurs) pour les élites qui a mobilisé hier. Mobilisation des politiques : François Bayrou demandant le retrait du projet du ministre sur les classes préparatoire / Alain Juppé dénonçant le dénigrement des élites..
Mobilisation des professeurs et des élèves de prépa qui selon l’Express ont obtenu des avancées à savoir « une prime annuelle de 3000 euros pour les professeurs exerçant au moins 6 heures dans des classes de plus de 35 élèves ainsi que la possibilité pour les professeurs en sous-service de compléter leur service à hauteur de deux heures par des heures de colle ». A la lumière des éditoriaux du jour cette mobilisation médiatique, politique et professionnelle a un écho particulier.
D’autant plus que dans le même temps, un mouvement de défense des Rased n’a pas obtenu le même soutien (en guise d’illustration : deux pétitions créées en même temps, l’une obtient plus de 30000 signatures contre 800 pour la seconde). De mauvais esprits feraient remarquer que les enfants de journalistes, de politiques et de professeurs sont certes plus concernés par les classes prépa que par les Rased. »
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À bientôt
Questions de classe(s)