La nocivité du communisme étatique était déjà dévoilée dès le XIXème siècle.

Chatnoir

De quel communisme parle-t-on ?

La nocivité du communisme étatique était déjà dévoilée dès le XIXème siècle.

Plus de cent ans après la Révolution d’octobre, le bloc communiste, qui naguère semblait inébranlable, s’est effrité puis effondré. Poutine, un ancien communiste et responsable du KGB, est même le parrain des extrêmes-droites en Europe. Les temps changent mais les pratiques demeurent les mêmes : soumettre le peuple afin qu’une minorité privilégiée puisse profiter du système.

Le communisme est mort ! proclame-t-on un peu partout. De savantes analyses et explications, des déductions et péroraisons définitives sur le sujet, enfoncent le clou et ne laissent aucun doute sur cette prétendue fin de l’histoire. Il ne resterait donc aucune alternative au système capitaliste, vainqueur du système bureaucratique communisme.

Eh bien non, les anarchistes prétendent que le communisme n’est pas mort. Pour la bonne raison qu’il n’a jamais existé dans aucun des pays se réclamant du marxisme-léninisme. Le Communisme- le vrai- c’est autre chose.

Aussi, chez les libertaires, si la déconfiture du bolchevisme a été accueilli avec soulagement et satisfaction, cette dernière ne constitue nullement un sujet d’étonnement. Nous ne reviendrons pas sur la répression qui s’abattit sur les anarchistes sous les régimes liberticides marxistes (pléonasme) dès le début de la Révolution russe avec un Trotsky, général de l’armée rouge, qui a militarisé le travail et fait massacrer les marins de Cronstadt…puis un Staline qui a parachevé le travail.

L’échec du communisme autoritaire était, en effet, historiquement prévisible. Il est la conséquence logique et inévitable d’une expérience vouée, dès son origine, à la faillite.

C’était écrit…70 ans avant la Révolution d’Octobre de 1917. La faillite du socialisme d’Etat était prévue…par Proudhon : De tous les préjugés, celui que les communistes caressent le plus est la dictature. Dictature de l’industrie, dictature du commerce, dictature de la pensée, dictature de la vie sociale et la vie privée, dictature partout tel est le dogme.(Système des contradictions économiques-1846)).

Peut-on imaginer meilleure définition du stalinisme, du castrisme, du maoïsme…et de tous les autres régimes marxistes ? Proudhon n’avait pas manqué d’observer que la plus désastreuse combinaison qui puisse se former était celle réunissant le socialisme et l’absolutisme.

Que l’on vienne donc pas nous dire, maintenant, que l’échec du pouvoir communiste n’était pas prévisible. Les mises en garde abondaient…Une vingtaine d’années après Proudhon, Bakounine déclarait repousser énergiquement toute tentative d’organisation sociale ressemblant, de près ou de loin, au communisme d’Etat. Réglant son compte au marxisme, il déclarait, au Congrès de Berne, en 1867 : « Je déteste le communisme, parce qu’il est la négation de la liberté, et je puis concevoir rien d’humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l’Etat, parce qu’il aboutit nécessairement à la concentration de la propriété entre les mains de l’Etat, tandis que moi, je veux l’abolition de l’Etat, l’extirpation radicale de l’autorité et de la tutelle de l’Etat, qui, sous prétexte de moraliser et de civiliser les hommes, les a jusqu’à ce jour asservis, opprimés, exploités et dépravés. Je veux l’organisation de la société de bas en haut, par la voie de la libre association, et non de haut en bas, par le moyen de quelque autorité que ce soit. »

Voilà qui paraît assez clair. Et, pour plus de clarté encore, ajoutons que nous pourrions remplacer « communisme » par « socialisme » sans que la pensée de Bakounine en soit altérée ou trahie.

D’un communisme à l’autre.

Pour le grand public l’erreur serait de croire- et les commentateurs politiques ne se font pas faute de propager et d’accréditer cette idée- que la déliquescence de l’expérience marxiste est la preuve a contrario que la seule organisation sociale et économique possible est celle du libéralisme à l’américaine (style Obama plutôt que Trump, moins présentable) et qu’il n’existe pas d’autre solution possible et envisageable raisonnablement. Même si certains rêvent d’un capitalisme européen plus protectionniste.

Et certes, c’est bien le crime le plus funeste et le plus impardonnable des communistes et des socialistes autoritaires que d’avoir travesti, caricaturé, dénaturé et déprécié- peut-être même définitivement- les idéaux de socialisme et de communisme, mots magiques qui avaient suscité, naguère, tant d’espoirs chez les déshérités et les exploités. Ces termes, aujourd’hui honnis, symbolisant une des tyrannies les plus odieuses qui soient, pourront-ils un jour retrouver leur aura originelle ? D’autant que des personnes ayant pignon sur rue en 2019, comme l’ancien président François Hollande, s’ingénient encore à semer la confusion entre socialisme et sociale démocratie, puis à redéfinir à sa sauce le terme d’autogestion…Les mots et les idées, sous couvert de post-modernisme, sont détournés de leur sens premier.

A-t-on assez accusé les anarchistes d’être des utopistes. Mais faire croire, comme l’ont fait les marxistes, qu’une autorité quelle qu’elle soit puisse conduire à l’édification d’une société humaine harmonieuse, n’est-ce pas là la plus néfastes des utopies ? Il n’y a pas d’autorité libératrice.

Comment les libertaires pourront-ils faire comprendre, désormais, à tous les « déçus du socialisme » qu’il existe une autre forme de communisme : le communisme libertaire ? Autant essayer de les convaincre de l’excellence de l’esclavage comme moyen d’émancipation, puisque pour tous ces désenchantés, communisme ne peut signifier que servitudes.

Et pourtant, débarrassé de ses connotations totalitaires, ce mot recèle des richesses méconnues…et malheureusement inexploitées. Mais il s’agit là, bien entendu, d’une toute autre forme de socialo-communisme, définie ainsi par Elisée Reclus : « Pour que le socialisme arrive à sa parfaite expression, pour qu’il sauvegarde à la fois les droits de l’individu et les droits de tous, il faut que chaque membre de l’association humaine se développe librement selon ses moyens et ses facultés, sans en être en rien empêché par la masse de ses frères ; il faut en même temps que le bien-être de tous profite du travail de chacun. »

Ainsi, mais seulement ainsi, le communisme peut être considéré comme la plus parfaite réalisation de solidarité sociale. Ce communisme-là unirait les idéaux du socialisme et de l’individualisme, comme l’énonçait le sage Han Ryner : «  Le communisme sera libération et durable conquête de tous quand il s’appuiera consciemment sur l’individualisme. L’individualisme ne fleurira toute sa spendeur que dans une société librement communiste. »

Au lieu se laisser subsister toutes les tares autoritaire et celles du capitalisme sauvage, il constituerait une association des libertés collectives et individuelles, sans que l’une soit sacrifiée à l’autre.

Ce communisme-là porte un nom : ANARCHISME.

André et Micka