Le nationalisme actuel n’est que la volonté d’avoir un Etat à tout prix

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Haut-Karabakh

« Le nationalisme actuel n’est que la volonté d’avoir un Etat à tout prix. La complète absorption de l’homme dans les finalités supérieures du pouvoir. Cela est extrêmement significatif : le nationalisme actuel n’émane pas de l’amour des hommes pour leur pays, pour leur propre nation ; au contraire, il prend racine dans les calculs ambitieux d’une minorité avide de dictature, et qui est déterminé à imposer au peuple une certaine forme d’Etat, même contre la volonté de la majorité. La croyance aveugle au pouvoir miraculeux de « la dictature nationale » doit remplacer pour l’homme l’amour pour la patrie et son penchant pour la culture de son époque ; l’amour du prochain doit être sacrifié à la « grandeur de l’Etat », auquel les hommes doivent servir de pâture ». (Rudolf Rocker- Nationalisme et culture).

Le Haut-Karabakh est un territoire situé à l’intérieur de l’Azerbaïdjan ; c’est une petite enclave de la population arménienne qui souhaite devenir indépendante et faire partie du pays voisin (l’Arménie). Avec 140 000 habitants, dont 90 % parlent l’arménien, ils se sont proclamés en 1991 un État indépendant en créant la République d’Artsakh. La première guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan a duré de 1988 à 1994.

Après une trêve d’un quart de siècle, la guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie qui avait fait 30 000 morts et un cortège de dizaines de milliers de réfugiés ressurgit dans toute son horreur fin septembre 2020.  Début novembre, six mille morts viennent se greffer au triste bilan de 1994. Poutine joue les entremetteurs et impose un cessez-le-feu.

En 1994, l’armée arménienne bénéficiait de l’avantage du terrain et d’une supériorité militaire. C’était sans compter l’esprit de revanche de l’Azerbaïdjan qui année après année a acheté de l’armement russe, turc et israélien : 210 millions d’euros d’armement turc dans les mois précédant la guerre. Ce sont les drones achetés qui ont fait la différence face à une armée pourtant aguerrie, celle de l’Arménie. La Turquie a fourni de surcroît des mercenaires ayant combattu en Syrie, pays qui a servi de terrain d’essais à la Turquie pour l’utilisation de ses drones et de ses combattants islamistes. Elle a rapatrié une partie de son aviation et de ses forces armées de Lybie pour la déployer directement en Azerbaïdjan.

Les drones d’attaque Bayraktar ont déboussolé les soldats du Haut-Karabakh. Porteurs de munitions de fabrication turque et israélienne, les drones ont causé de lourdes pertes civiles et militaires. La guerre électronique a remplacé les avions de combat mais les dégâts sont aussi meurtriers. Non dotée de brouilleurs anti-drone, l’Arménie s’est retrouvée à la merci de son adversaire avec une aviation globalement clouée au sol.

Comme Franco avait utilisé ses Maures pendant la Guerre d’Espagne (Révolution de 1936-39) pour terroriser la population espagnole, Erdogan a de même fourni des mercenaires syriens pour faire peur à la population arménienne. Nous reconnaissons là les méthodes fascistes qui consistent à créer un climat anxiogène chez l’ennemi. La fabrique de la peur s’est organisée en même temps par la diffusion de vidéos de soldats tués envoyées aux familles des victimes. La propagande de Daech a fait des petits…Sans compter que le régime turc n’a jamais reconnu le génocide arménien.

Nationalisme et ressentiments sont le terreau d’une guerre qui repartira de plus belle ultérieurement.  La religion viendra s’ajouter aux actuelles rancoeurs. N’en finira-t-on jamais avec ces conflits armés qui desservent les travailleurs et profitent aux marchands de canon? Les minorités avides de dictature remplissent les cimetières de gens qui n’aspirent pourtant qu’à vivre en paix. Antimilitaristes toujours, les libertaires sont contre toutes les dictatures y compris celles dites du prolétariat, contre le capitalisme, contre les religions mais pour la paix et la transformation sociale, pour l’égalité économique et sociale.

Ti wi (GLJD)