Election présidentielle 2017
Le duel tant annoncé depuis des semaines aura bien lieu : Macron contre Le Pen. D’ores et déjà, les jeux sont faits et les faiseurs d’opinion nous prédisent une large victoire d’Emmanuel Macron. Les idiots utiles du Front National tiendront leur place comme les communistes l’ont tenue pendant plus de trente ans. Le vote protestataire, sanction, d’adhésion… de près de 8 millions de personnes ne représente aux yeux du patronat qu’un vote défouloir, exutoire. Les extrémistes de droite d’aujourd’hui ayant un avantage net sur les communistes d’hier : ils ne prétendent pas changer l’ordre des choses. Ces extrémistes de droite qu’on ne voit jamais dans les manifestations pour défendre les acquis sociaux sont des votards plan-plan, pas bien dangereux pour les patrons qui les feront manger à la gamelle s’ils en ressentent le besoin.
Quelques enseignements sur l’état de l’opinion publique et du scrutin d’hier.
Tout d’abord, l’énorme claque du Parti Socialiste qui peine à dépasser les 6%, un score historiquement bas. De plus la bande à Mélenchon se fera un malin plaisir à enfoncer le clou en criant à qui veut bien l’entendre que si Hamon s’était désisté en faveur du tribun de gauche, ce dernier aurait été qualifié pour le second tour de la présidentielle. Les socialistes sont affaiblis et jouent le rôle des salauds. Bien pratique pour certains militants du Front de gauche qui veulent reconstruire un nouveau parti communiste. Le plus risible, c’est qu’un nombre important de ces promoteurs d’un PC new-look sont des militants qui ont eu des responsabilités politiques dans diverses municipalités et ont parfois tenu les rênes du pouvoir municipal durant plus de vingt ans. Que n’ont-ils mis en pratique leurs idées d’aujourd’hui…Les mois à venir vont être très instructifs. Les vieilles lunes et les vieux plats vont nous être resservis.
Concernant les Républicains, contrairement à l’effondrement prévu, Fillon malgré les affaires affiche un score de 20%, ce qui est loin d’être négligeable. Ceux qui prévoient un affaiblissement du clivage droite-gauche sont dans l’erreur. Le clan de la droite est majoritaire : Fillon + Dupont Aignan + Le Pen, c’est 47% des voix auxquelles on peut ajouter une bonne partie de celles de Macron. La gauche engrange les voix de la France dite « insoumise », celles du PS, des Trotsksytes, soit 28% des voix auxquelles il convient aussi de rajouter des voix de Macron. Appeler Mélenchon le tenant de la gauche radicale est un peu court. Il marche dans les pas des anciens ténors du PC de la belle époque et n’est pas anticapitaliste.
Marine Le Pen continue à mailler le territoire de son ancrage. En Normandie, c’est Marine Le Pen qui arrive en tête avec 24% des suffrages devant Macron à 22,4%. En Seine-Maritme, Le Pen fait près de 25% ! Devant Mélenchon à 22,20 et Macron 21,23%. Dans l’Eure, elle affiche 29,31% !
On ne compte plus les villages ou petites communes où Le Pen est en tête. Seules les grandes villes donnent le change. Avec un taux d’abstention de plus de 27% au Havre, c’est Mélenchon qui devance tout le monde avec ses presque 30%. Dans les villes communistes de Dieppe, d’Harfleur et Gonfreville l’Orcher, Mélenchon rafle aussi la mise. A Rouen, Macron enregistre 27,53% des voix devant Mélenchon à 25,92%. Macron vient en tête à Caen, Saint-Lô, Alençon, Argentan, Flers, La Ferté-Macé…ou bien Evreux et Bernay.
Plus inquiétant des villes comme Yvetot, Fécamp, Lillebonne, Neufchâtel-en –Bray, Pont-Audemer, Louviers, Les Andelys, Bolbec, Pont-L’Evêque ou l’ancienne ville communiste Le Tréport…mettent Marine Le Pen en première place.
La banalisation du F.N. est chose faite. Ses idées clivantes se banalisent de même et la parole raciste se libère.
En Seine-Maritime, Le Pen va jouer la carte populaire au deuxième tour. Puisque c’est la candidate du peuple, elle va axer sa campagne sur les petites gens comme on dit : « les ouvriers, les chômeurs, les travailleurs hospitaliers…ne peuvent quand même pas voter pour un ancien banquier, un fervent libéral…en plus un banquier de chez Rothschild… ». Tant qu’aux électeurs de Fillon, Le Pen va essayer d’en siphonner une partie en les caressant dans le sens du poil. Toujours cette schizophrénie du parti frontiste qui permet de ratisser large afin de se présenter comme la seule alternative au système.
Au deuxième tour, même si le scénario est déjà connu : la victoire de Macron, nous ne devons pas perdre de vue qu’à chaque élection la famille Le Pen augmente ses scores. En 2002, c’était la surprise du deuxième tour, aujourd’hui, c’est la surprise de ne pas voir Marine Le Pen première au premier tour.
Les libertaires participeront-ils à la mascarade du deuxième tour. Et bien non ! Car Macron ne sera en aucun cas un rempart contre Marine Le Pen et si les causes qui ont conduit année après année à la croissance du F.N. ne sont pas analysées avec les actes qui pourraient remédier à cette montée insolente, les Le Pen auront de beaux jours devant eux. Et Macron pourrait bien jouer au pompier quinquennal et nous amener en arrière.
Nous réaffirmons que la délégation de pouvoir est la pire des choses et que les politiciens, y compris Mélenchon qui veut rendre le vote obligatoire, ne sont que les courroies de transmission du patronat et des gros actionnaires. Leur ordre n’est pas le nôtre. Nous mettons la question sociale au centre de nos préoccupations et nous combattons au jour le jour avec la méthode libertaire : action directe (sans intermédiaire), grèves partielles pour aller vers la grève générale, pour une écologie en dehors des partis politiques.
Voter Macron, c’est aussi valider son programme et les futures régressions sociales. C’est un ennemi des travailleurs et un partisan des faiseurs d’argent. En s’abstenant massivement, il ne représentera que peu de monde finalement. D’ores et déjà, nous savons que Macron sera notre ennemi tout comme l’aurait été Le Pen. Aux salariés de se préparer à l’affrontement sur le terrain social en se mobilisant dès maintenant : pas d’état de grâce pour les ennemis des travailleurs !