Belle initiative que ces Reclusiennes à Sainte-Foy la Grande.
Nous mettons à la disposition des lecteurs du site du Libertaire un texte sur Reclus.
La Correspondance d’Élisée Reclus
Révolutionnaire par principe, par tradition, par solidarité, je ne m’occupe que d’une manière très indirecte des choses de la révolution. A part quelques articles, des visites, un peu de propagande orale et, de temps en temps, des témoignages de solidarité entre les amis, je ne fais rien. Ma vie est arrangée, non pour être utilisée directement à l’œuvre de rénovation sociale, mais pour être employée à des œuvres latérales, d’une importance minime. C’est la peine de la science, ce à quoi je travaille, et, cependant, je n’ose dire que j’aie complètement tort de griffonner chaque année mon volume de banalités plus ou moins convenablement écrite. Avoir un travail précis devant soi et le faire de son mieux, cela contribue déjà à faire respecter la cause que l’on représente. A ce point de vue, mon travail n’est pas tout-à-fait perdu.
Qu’on veuille trouver dans ce passage un nouveau témoignage de la modestie extrême d’Élisée Reclus. Car, non seulement son œuvre scientifique, écrite dans un style admirable, le mit, en réalité, au rang des plus grands savant du XIXe siècle, mais encore sa participation au mouvement révolutionnaire dut telle – alors qu’il la considérait comme si peu de chose – qu’il fut certainement, avec Kropotkine, le plus puissant propagateur des idées anarchiste dans le monde. Dans la vie d’Élisée Reclus, les préoccupations révolutionnaires étaient d’ailleurs si profondes et si constantes qu’elles ont pénétré toute son œuvre scientifique, et qu’il est impossible de faire deux parts en lui, l’une revenant au savant géographe, l’autre à l’anarchiste militant. L’anarchisme d’Élisée Reclus procédait de sa connaissance profonde de la terre et des hommes, et réciproquement sa façon d’interpréter les phénomènes de la géographie et de l’histoire résultait de son instinctive aspiration vers la liberté individuelle et vers la justice sociale.
Dans sa correspondance se révèle incessamment l’attachement passionné d’Élisée Reclus à ses idées révolutionnaires, à ces idées, écrit-il,
« Qui sont ma joie et ma raison d’être, et sans lesquelles je ne saurais point soutenir le combat de la vie ».