Les politiciens ne luttent pas contre le F.N/R.N.

Diable

A chaque élection, le vote Rassemblement National s’ancre davantage de l’échelon local au national. A droite, implosion de diverses tendances, certaines d’entre elles étant prêtes à s’allier à l’organisation d’extrême droite tant honnie, il n’y a pas si longtemps que cela. Les prochaines élections municipales verront bien des digues sauter pour que certains puissent conserver leurs postes et les privilèges qui vont avec. La gauche, du moins ce qu’il en reste, crie au déni de démocratie, aux alliances dangereuses et la droite rappelle à juste titre que la gauche a bien utilisé à l’époque mitterrandienne le F.N. pour casser l’unité de la droite. Le panier de crabes de la politique politicienne, le macronisme n’étant que le ragoût de tous ceux qui veulent garder ou conquérir des places. On voit où se situe l’intérêt général chez ce type d’individus.

Le drame est que le R.N. est devenu un parti dédiabolisé, c’est-à-dire un parti comme les autres. Les électeurs du R.N. ne sont plus gênés de se réclamer de ce parti et ne comprennent plus les réticences des états-majors politiques pour les alliances, jusqu’à lors jugées contre nature.

L’erreur de certains gilets jaunes est de dire : « Nous avons un ennemi commun, le banquier. » Donc les militants d’extrême droite peuvent faire cause commune avec les autres manifestants. Mais nous avons l’habitude, nous autres libertaires, de dire que les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis. Manifester aux côtés de personnes se déclarant d’extrême droite est des plus problématiques même si nous relativisons, sachant, pour participer au mouvement, que l’extrême droite est minoritaire dans chez les gilets jaunes. Mais méfiance car nous connaissons les facultés de récupération électorale du R.N.

Le fait politique choquant est que, malgré l’histoire, un tel parti puisse exister et proliférer. Et il n’est pas le seul en Europe, l’Italie en tête et les vieux démons allemands qui ressurgissent…

Tout aussi historiquement, ce genre de partis ne prospère que dans les périodes de crise sociale profonde. De ce point de vue, la plupart des pays européens sont servis. Si l’on ajoute que les autres partis sont en déliquescence après leurs divisions, magouilles et pour certains, des scandales financiers, le R.N. et autres partis d’extrême droite avec leur démagogie et leurs fausses solutions ne peuvent que progresser tant est importante la détresse, voire la misère des plus défavorisés. Le R.N., comme les autres partis, s’intéresse cependant à quelques problèmes du peuple, histoire de mieux récupérer des suffrages, pour un jour s’installer au gouvernement, c’est-à-dire à la table des puissants où l’on fait bombance comme De Rugy et tant d’autres.

Macron nous avait promis de rénover, moderniser la vie politique et il suffisait qu’il soit élu pour que le F.N./R.N. s’efface d’un coup de baguette magique. Mais les petites magouilles et embrouilles à la Benalla ont repris le dessus. Les chicanes pour le leadership à Paris entre Griveaux et Vilani en sont un autre exemple. En réalité, les politiciens de tous bords se foutent de la gueule de leurs électeurs. En effet et bizarrement, à les écouter aucun ne parle du pourquoi de l’origine d’un tel parti (R.N.). A croire que c’est une génération spontanée apparue comme ça par miracle. Il leur est sans doute difficile d’admettre, de droite comme de gauche et la bande à « en même temps » qu’ils sont responsables de l’apparition du F.N./R.N. et de son renforcement.

Ce sont leurs erreurs, leurs choix qui, en créant l’exclusion, la misère, le chômage, les inégalités sociales et fiscales, les quartiers défavorisés, les déserts industriels, médicaux…ont favorisé le vote Lepéniste de Jean-Marie puis mariniste. L’électeur d’extrême droite qui voit sa situation se dégrader vote pour le parti qui lui apparaît comme le défenseur des plus pauvres. Les gens ayant tellement peur du déclassement. Le R.N. joue le rôle électoral que le Parti Communiste jouait après-guerre. Un pôle de contestation apparent, fictif si l’on analyse comment le P.C. a sauvé le système dans la foulée de  Mai 1968.

Pendant ce temps, les députés de la majorité continuent leur train-train et leurs réformes qui pénalisent les chômeurs, les jeunes, les travailleurs et les retraités.

Marine Le Pen, tout comme Salvini en Italie ou les fascistes allemands mettent en avant les émigrés, boucs émissaires bien pratiques pour leurs desseins de conquérir le pouvoir. C’est un exutoire bien commode et connu depuis des lustres. Le R.N. met en avant les magouilles politiques de ses concurrents laissant à penser qu’il est différent. Mais il est identique aux autres. Rarement une critique contre le patronat, les spéculateurs et tous ceux qui sont responsables de la misère et des difficultés quotidiennes des Français.

Par contre, ce qui est certain, c’est que le R.N. fait une grande place à la famille, les amis…ce qui augure mal d’une future liberté accordée à ceux et celles qui n’appartiendraient pas au clan Le Pen. Si leur tour vient, ils seront les dignes représentants des banquiers et les défenseurs des intérêts les plus puissants de l’industrie et des agioteurs.

Tout ce dont profitent les salariés est le résultat de mouvements sociaux d’ampleur, de grèves, de luttes contre le patronat auquel il a fallu arracher quelques avantages : congés payés en 1936, défense des retraites en 1953…Si parfois, nous constatons un acquis législatif concédé, comme les 35 heures, c’est que « cet acquis » n’a été que la contrepartie de la flexibilité, l’annualisation du temps de travail et plus généralement de la déréglementation du travail. La casse de l’inspection du travail aujourd’hui entre dans cette logique de dérégulation du droit au profit du patronat.

Alors, il ne faudra pas compter sur les politiciens pour se débarrasser du R.N. et de l’extrême droite car il faudrait résolument s’en prendre à son fonds de commerce : le chômage, et les députés par exemple en sont incapables. Il faudrait aussi attaquer ces patrons qui, ayant des entreprises bénéficiaires, licencient pour maintenir ou augmenter leurs profits ailleurs ou voir leurs actions monter. Il faudrait s’en prendre aux spéculateurs qui font leur fric sur le dos du populo et parfois du suicide de salariés. Ce serait effectivement partager les richesses et aussi le temps de travail, faire en sorte que le progrès technique (automatisation, intelligence artificielle, numérique…) libère l’homme et la femme et profite ainsi à tous et toutes. Ce serait également faire en sorte que les gens vivent mieux, d’une façon décente dans tous les quartiers et les villages…Tout cela appelle un changement profond de société mais il faut remettre en cause cette pensée unique qui consiste à faire croire qu’il n’existe qu’un système économique et qu’il n’est pas possible de faire autrement.

Excluons les régimes dictatoriaux de l’ancien bloc de l’Est et ceux d’aujourd’hui dont la Chine dite communiste, analysons les limites du capitalisme qui, s’il génère beaucoup d’argent, crée en même temps une énorme misère dans le monde ; alors il ne reste pas grande alternative à part la libertaire.

Vouloir se débarrasser du clan Le Pen et du capitalisme, c’est faire la Révolution dans la tête des gens afin qu’ils prennent en mains leur destinée. Et cela ne passe certainement pas par un bulletin de vote !

Patoche et André.