Les Perchés du Centre Pierre Janet

Dossier-Durand1

Le nouveau secrétaire général de F.O. craint que des actions dures ne viennent supplanter les négociations syndicales. Pascal Pavageau a raison ; les salariés subissent depuis trop longtemps le train-train des discussions entre partenaires sociaux, patronat et syndicats. De commissions en commissions, d’entretiens en entretiens, d’audits en audits, de réunions en réunions, d’évaluations en évaluations, les travailleurs se demandent si finalement, le syndicalisme ne sert plus qu’à canaliser les mécontentements au profit des exploiteurs. Alors, oui, les salariés ne voient plus d’autre issue que de se bouger, autrement, plus radicalement. Même si certains syndicalistes participent au mouvement, tous ne sont pas permanents ou cogestionnaires.

Les infirmiers de Saint-Etienne du Rouvray, en enclenchant une grève de la faim, ont obtenu satisfaction. Ils reviennent de loin. Le personnel du Centre Pierre Janet, au Havre, se mobilise aussi avec un mode d’intervention original, en occupant un toit malgré une chaleur étouffante. « Les perchés » ont le droit aux médias, enfin. Que ne faut-il pas faire pour être écoutés. Et à l’hôpital Jacques Monod, les collègues des différents services accrochent des draps bombés : soutien aux perchés du CPJ. Le ras-le-bol est puissant dans la santé. Les technocrates ne comprennent rien à la souffrance des gens. Toujours faire plus avec moins. Jusqu’à casser la corde.

Depuis 20 ans, la psychiatrie a payé un lourd tribut aux restructurations visant à faire des économies. Le résultat est catastrophique tant pour les patients que pour le personnel soignant à bout de souffle. Manque de psychiatres, de personnel…tout est dénoncé depuis belle lurette. Mais quand les gens sont au bout du rouleau et qu’ils n’ont plus rien à perdre, ils foncent. Et là, c’est tant mieux. On va peut-être enfin les entendre. Leurs revendications ne sont pas ubuesques mais humaines.

Personnel en burn out, en danger…rien de bien nouveau mais les tensions s’accumulent et surtout la hiérarchie continue son travail de sape jusqu’à épuisement des équipes. La coupe est pleine et ça déborde. Trop plein de rancœurs et manque de perspectives. C’est l’histoire du rat qui est coincé et qui sans porte de sortie, attaque. Eloge de la fuite de Laborit. On est en plein dedans chez le personnel des hôpitaux psychiatriques. Que faut-il pour que l’A.R.S. se bouge ? Des suicides d’infirmiers, des morts de patients ? On fera tôt ou tard les comptes et on donnera les noms des responsables de ce gâchis humain.