La force et le droit
La condamnation à mort qui a frappé Durand a soulevé l’indignation des milieux militants ouvriers. On y a vu- avec raison- non un jugement, mais une vengeance de la bourgeoisie affolée par la montée, lente mais constante, de l’esprit révolutionnaire dans les masses. De moins en moins, celles-ci se laissent abuser par les images grandiloquentes derrière quoi se voile l’avide exploitation de l’effort humain. Le sens des réalités s’infiltre et s’éclaire progressivement dans les esprits, et de plus en plus difficile devient la duperie économique du travail par le capital.
Celui-ci voit son règne chanceler et pour raffermir sa domination menacée, il ne reculera devant rien, devant aucune illégalité, aucune violence, aucune iniquité, pour intimider et faire taire ses adversaires clairvoyants qui osent dénoncer les faux semblants et les mensonges d’où il tire toute sa puissance.
Il ne faut pas que les ignorants apprennent ; il ne faut pas que les inconscients sachent ; à tout prix, il faut circonscrire la contagion de cet éveil si pernicieux pour la quiète jouissance des privilèges.
Et pour cela on a recours à la terreur.La force et le Droit. André Gérard