Le libertaire de septembre 2023

Rentrée morose ?

La rentrée s’annonce mal pour les plus démunis qui paieront la note du gouvernement Macron. Ce dernier envisage d’équilibrer son budget en économisant 15 milliards d’euros en ciblant les aides à l’emploi et les dépenses de santé. Après le quoi qu’il en coûte et les subventions données au patronat, le gouvernement veut réduire la dette publique qui a dépassé les 3000 milliards d’euros. Quelques pistes sont privilégiées : contrôle drastique des arrêts maladies (sans chercher à savoir pourquoi les travailleurs sont en arrêt), hausse de la franchise de 1 euro sur les médicaments…révision des aides à l’emploi…Rien de bien réjouissant. Mais le CAC 40 se porte bien et la France avoisine les 3 millions de millionnaires. Les riches de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Voilà où on en est du ruissellement de Macron. Sans compter les 3 millions de personnes qui ont une maison secondaire dont 40% au bord de mer et qui ne sont pas forcément millionnaire mais certainement aisées financièrement. C’est dire que bon nombre de personnes n’ont aucun intérêt à ce que l’ordre des choses bouge. Il suffit aussi de faire un tour dans les ports de la Méditerranée, notamment du côté de la French Riviera, pour comptabiliser les centaines de yachts dont certains valent quelque centaines de millions pour constater que de l’argent, il y en a. On est dans la démesure, la gabegie… A Antibes, existe un quai aux milliardaires. Inaccessible aux communs des mortels ; il faut bien rester entre soi et ne pas être dérangé par le populaire et peut-être par quelques excités d’écologistes qui pourraient s’en prendre à ces navires de luxe qui consomment beaucoup de gasoil et c’est un euphémisme. La consommation moyenne de gasoil pour un yacht long de 70 mètres est d’environ 500 litres par heure. Le budget annuel de carburant avoisine alors 400 000 euros. Pour amarrer son yacht, il faut payer aussi. Le yacht de Bill Gates qui a coûté 600 millions d’euros est amarré à Antibes. Les frais de quai avoisinent, eux, les 60 millions sur 20 ans…On ne parle pas des frais d’équipage, de gardiennage…et l’entretien courant. Ces sommes sont indécentes. En France, dans le cadre encore des économies, c’est la fin du bouclier tarifaire pour le gaz et l’électricité. Les plus pauvres paieront l’augmentation programmée. Parallèlement, il n’est pas question de toucher aux grands impôts comme celui sur les sociétés, passé de 33 à 25% depuis 2017. Le ruissellement ne rapporte qu’aux riches.

Emmanuel Macron entend de même jouer sur les peurs et recycler les vieilles recettes de la droite. Suite aux émeutes après la mort de Nahel, l’exécutif pointe du doigt la défaillance non de la police et du gouvernement mais des familles des jeunes émeutiers. Les gouvernements successifs de gauche comme de droite ont saboté l’école publique pour mieux la dépecer un peu plus et la livrer au privé. L’école publique serait aujourd’hui fuie pour le privé. La belle affaire et personne ne fait le bilan des décennies de saccage d’une école publique qui était une référence pour nombre de pays européens. Salopards de politiciens ! Alors, on ressort les vieilles antiennes : le retour à l’autorité des maîtres, un rétrécissement des vacances scolaires, un enseignement d’éducation civique réévalué et un enseignement chronologique de l’histoire (ce qui est déjà le cas)…On a échappé à l’uniforme mais pas au S.N.U. Et voilà que le pognon de dingue va être distribué à l’armée, à la police…au détriment de l’éducatif, de la prévention et de la santé. Toute une philosophie réactionnaire qui n’a jamais amélioré la vie des gens, au contraire.

Macron estime que l’école est un domaine réservé. Il s’en fiche comme de sa première chemise que seuls 2% des enseignants adhèrent aux orientations actuelles, 13 % pour les chefs d’établissements et 20% des inspecteurs, pourtant bien connus pour faire passer toutes les directives du ministère de l’E.N. sans broncher d’habitude La machine est donc grippée. Nous y voyons le signe que Macron veut aller jusqu’au bout de sa logique de déconstruction de l’école publique. Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage. Et ce n’est pas le servile Gabriel Attal qui changera la donne. Sa priorité sera peut-être sa présentation à la mairie de Paris. Les discours politiques ne suffisent pas à insuffler un nouvel espoir ni à donner des moyens supplémentaires quand le gouvernement veut faire des économies. Les changements seront cosmétiques et porteront sur le harcèlement, les tenues vestimentaires des jeunes…Depuis des années, les enseignants subissent les annonces, les contre-annonces et le tout dans des laps de temps très courts. Nous sommes dans la politique de la girouette et des chiffres, de la technocratie et de la bureaucratie. Des hors sols qui maîtrisent la communication à destination des élus et des parents. A vouloir agir de la sorte, sans respect des professeurs, sans revalorisation salariale réelle, en restreignant la durée des vacances…tout est fait pour dévaloriser les métiers d’enseignement et les rendre peu attractifs. Aujourd’hui, il vaut mieux obtenir un DUT pour trouver un travail correctement rémunéré plutôt qu’un master deux enseignement. Et si les vacances commencent à être alignées sur le secteur privé, pas sûr que les candidats à la fonction enseignante soient attirés en masse par ce qu’on appelait auparavant le plus beau métier du monde.

Les syndicats qui ont perdu la bataille des retraites veulent surfer sur l’intersyndicale pour mobiliser leurs troupes le 13 octobre 2023 sur les salaires, l’égalité homme-femme et la cause environnementale. Si les thèmes ne sont pas dénués d’intérêt, pas sûr que la mobilisation soit au rendez-vous. Les personnels et les travailleurs en général qui ont laissé bon nombre de journées de salaires pour rien risquent de bouder cette journée. Les syndicats ne veulent malheureusement pas tirer le bilan de leur échec notamment sur la stratégie de l’intersyndicale qui à aucun moment n’a appelé à la grève générale ou à élargir les revendications sur le plan salarial.

Alors d’aucuns militent pour réhabiliter l’engagement au sein des partis politiques. Ce n’est pas notre cas car ce n’est pas l’affaiblissement des partis qui fragilisent la démocratie, c’est leur mode de fonctionnement. Ce n’est pas par erreur de jugement que les gens n’ont plus confiance dans les institutions de la République, dans les partis…c’est par constat. Il suffit de constater le délitement des services publics, école publique et hôpital en tête. Il suffit de constater comment les politiciens tirent la couverture à eux, comment ils s’étripent pour prendre le pouvoir…Comment ils sont recyclés quand ils échouent aux élections. Comment on les finance avec l’argent public. Comment bon nombre sont corrompus jusqu’au plus haut sommet de l’Etat parfois.

Alors face au dérèglement climatique, à ceux qui tentent de s’accaparer l’eau et autres ressources naturelles de la Terre, la solution n’est pas dans les partis politiques, fussent-ils teintés de vert, mais dans le fonctionnement horizontal et la fédération de mouvements écologistes de base en dehors de la politique politicienne qui ne produit que des postulants au pouvoir.

Patoche (GLJD)