L’autoritarisme de l’Etat s’accroît
Quels constats permettent d’aller dans le sens d’une telle affirmation? Tout d’abord, la récente crise sanitaire nous a donnés de multiples exemples de servitude volontaire de la population tels les nombreux contrôles auxquels nous avons été soumis, notre liberté de se déplacer entravée y compris dans nombre de lieux où le risque était quasi nul (sentiers côtiers, forêts…)…et bien rares ont été les réactions contre ces actions liberticides même si l’on ne peut nier ni l’ambiance anxiogène créée par l’Etat et les médias ni la réalité de la pandémie. De là à dire que les gens aspirent à une humanité docile et servile en échange de protection, un peu comme un système féodal modernisé, il n’y a qu’un pas. Nous avons été soumis et sommes toujours soumis au règne des experts et c’est tellement plus facile pour des politiciens de se retrancher derrière une certaine expertise. Cela permet de se dédouaner en cas d’erreur ou de décisions à géométrie variable. Reste encore le problème des masques. Passons sur le discours initial qui distillait à l’envie que les masques n’étaient pas nécessaires puis le sont devenus quand ces derniers se sont trouvés sur le marché en nombre suffisant. Quand la vérité gouvernementale changea son fusil d’épaule, on nous expliqua à longueur d’écran comment il fallait utiliser un masque, ce dernier devenant un sésame pour entrer dans les transports en commun et certaines enseignes commerciales. Que reste-t-il de tout cela aujourd’hui ? Et bien des constats bien déroutants. Pour les personnes qui prennent le bus, elles s’aperçoivent que les masques des passagers sont souvent sales et ont été portés à multiples reprises. Il fallait prendre son masque par l’élastique, ne pas le toucher, le changer toutes les quatre heures…que des préconisations de bon sens pour qui a les moyens d’acheter deux ou trois masques par jour. Le constat est le suivant : c’est les vacances, bon nombre de Français portent le masque au cou, au poignet, au bras, dans la poche…ce qui laisse rêveur quant à l’efficacité du port du masque. Les gens le portent car il est obligatoire pour faire les courses et dans tous les endroits clos. Cette désobéissance ne s’explique que par le coût des masques et les gens font semblant. Sinon la majorité de nos concitoyens à la rentrée sera prête à porter le masque même dans la rue. Nous le constatons cet été dans les endroits où des clusters ont été recensés : Quiberon dans le Morbihan, la Mayenne, Lille dans le Nord…Les préfets peuvent obliger le port du masque en extérieur et les gens s’exécutent devant la peur d’une deuxième vague. Comme c’est l’été, les vacanciers veulent respirer mais des voix s’élèvent pour le port obligatoire du masque à l’extérieur partout. Pourtant des infectiologues insistent sur le fait que la propagation du virus s’effectue essentiellement en vase clos. Le port du masque à l’extérieur relève de l’intimidation et du contrôle des gens. Pendant ce temps les licenciements affluent, nos droits refluent. Parallèlement l’autonomie des individus est sapée par le pouvoir du numérique. Le retour de bâton viendra pour les étudiants à qui on demandera de plus en plus de travailler en distanciel, idem pour les enseignants et l’Education Nationale vantera les gains d’autonomie des enfants durant le confinement, c’est-à-dire en dehors de la classe. Le gouvernement mettra aussi l’accent sur les décrocheurs, finalement minoritaires ; il faut bien se donner une conscience morale. Finalement tous les spécialistes de tel ou tel domaine, y compris les collapsologues, vanteront leurs expertises et seront ravis de constater que l’ensemble des gens suivent leurs avis ; c’est normal, ils s’y connaissent. Aux experts qui expliquent le chaos en devenir s’opposeront ceux qui ont des solutions autoritaires pour maintenir l’organisation sociale en vigueur voire en la détériorant un peu plus au passage. Mais il faudra concéder des efforts : accepter le chômage de masse, travailler plus sans compensation salariale, laisser de côté certains droits provisoirement mais ça risque de durer…Le formatage des citoyens se développe et la mainmise étatique s’accroît avec son corollaire, une liberté en recul.
Nous avons souvent abordé le problème de l’éthique dans les colonnes du libertaire. Nous voulons préciser et compléter notre pensée à ce sujet. Pour nous faire entendre en tant qu’anarchistes, nous devons définir notre éthique, notre morale anarchiste, notre humanisme libertaire. Mais parallèlement, nous devons mener le combat politique pour nous rapprocher de l’égalité économique et sociale, du communisme libertaire. Les deux faces de notre propagande sont indissociables.
Les structures du pouvoir, de domination, sont illégitimes. Notre révolte contre l’Etat et la bureaucratie prennent une place primordiale. D’ailleurs, il serait souhaitable de redéfinir ce qu’est l’Etat. Proudhon, pour sa part parle de puissance publique. Cette dernière est à l’initiative et impulse des projets. Mais elle se retire, abandonnant aux autorités locales et aux citoyens l’exécution du nouveau service.
D’ailleurs par la suite, Kropotkine puis Bookchin se sont fait les chantres du communalisme, gage de davantage de liberté pour les individus. Bien sûr, Proudhon n’avait pas entrevu la dimension internationale du contrôle de la pollution par exemple mais on ne peut lui faire grief aussi de ne pas avoir parlé de la révolution numérique.
Les anarchistes touchent à tous les domaines de réflexion. Saper le pouvoir des pseudo-experts, des politiciens tout en renforçant le pouvoir des citoyens notamment au travers des Communes, voilà une tâche qui nous sied dans l’immédiat. Vider l’Etat de son autorité (police, justice, armée…) est un bon commencement pour structurer une alternative communaliste : culture populaire, économies de circuits courts, coopératives, financement municipal de projets alternatifs…Voilà quelques pistes pour ceux et celles qui entendent changer le monde dès aujourd’hui.
Patoche ( GLJD)