La question du droit en anarchie
Ses sources, la justice et la police
Par Pierre Bance, un des derniers intellectuels anarchistes, ce qui est un compliment dans notre bouche.
Pas plus que le capitalisme, l’anarchie n’est naturelle. Elle l’est d’autant moins pour la plupart des gens que la fabrique du consentement agit à plein pour signifier l’impérieuse nécessité d’un État dans toute société civilisée. Cette évidence instituée ne sera pas renversée avec des slogans hallucinés, des images liturgiques ou des considérations philosophiques hermétiques. La démonstration de l’inutilité de l’État, de son parasitisme, exige des explications intelligibles et des descriptions simples de cet autre futur où l’État se sera évanoui. L’Idée stationne parce qu’expliquer l’anarchie oblige à recourir à des concepts juridiques que beaucoup d’anarchistes gèrent mal, empreints de préjugés : l’individu est essentiellement bon et il n’y aura pas besoin de droit dans la société libérée ; le droit est une production de l’État, autorité illégitime ; le droit est un instrument de domination et de répression… Le moment est venu de s’émanciper de cette aliénation sans bases théoriques, reflet d’un mythe transcendant plus que construit, expression d’un radicalisme plus romantique que pensé. La société sans État n’est pas une société sans droit. Un droit différent, émanation directe du peuple constituant, la structure, la fait fonctionner, assure sa pérennité.
Imaginer ce que pourrait être un droit libertaire permet de montrer son actualité au travers, par exemple, des débats sur la question du mandat de représentation et sa faisabilité dans de multiples expériences autogestionnaires et associatives. C’est surtout, et c’est l’objet de cet article, apporter une contribution indispensable au projet communiste, favoriser l’application, le moment venu, d’une politique juridique et judiciaire réfléchie. Aujourd’hui, en mettant le droit capitaliste et étatique en question, en proposant une philosophie radicalement autre de l’ordre et de la justice, c’est le pouvoir établi qui est mis en question, ce sont les fondements de la démocratie bourgeoise qui sont interrogées.
Demain, pour ceux qui sont intéressés par cette question, nous publierons tout le texte de Pierre Bance, en PDF.