Inquiétudes diverses

Diable

Coronavirus

Venise retrouve son eau claire et ses poissons. Le ciel chinois s’éclaircit et le brouillard de pollution qui obscurcissait l’atmosphère a quasiment disparu. Les rues françaises se désertifient de ses piétons et voitures. Les Français deviennent adeptes du clapping à l’islandaise tous les soirs à 20 Heures afin de soutenir les soignants en première ligne dans la lutte anticoronavirus. Les grosses usines sont à l’arrêt : industries automobiles, Airbus à Toulouse, Safran au Havre (après un débrayage) et nombre de salariés exercent maintenant un droit de retrait. L’économie tourne donc au ralenti. Les salariés et notamment les travailleurs précaires se retrouvent dans une situation de grande inconnue sur leur avenir économique. Cette réalité est partagée dans tous les domaines d’industrie. Par ailleurs, la fermeture des services publics et la mise à l’arrêt des structures d’accueil collectives  et d’enseignement (crèches, services sociaux, écoles, etc.) condamnent les jeunes et les plus pauvres (et les jeunes pauvres) à la solitude et à l’indigence (situation catastrophique des sans-abris), quand les bourgeois vont profiter de leur maison de campagne (quitte à propager le virus). Le Morbihan a vu affluer 2000 personnes ; l’île de Groix est maintenant interdite aux non-résidents permanents…

Il y aura un après crise du Coronavirus, c’est dès maintenant que nous devons interpeller les travailleurs car de nombreux problèmes doivent être résolus et nous ne devons pas être les dindons de la farce. Par exemple la libre circulation des marchandises à travers la planète, au mépris de toute logique écologique, est aussi un enjeu sanitaire. Elle pose question sur le mode de répartition des richesses qui a cours en économie capitaliste. Une énième crise capitaliste se profile: la Bourse n’en finit pas de chuter, la FED et banques centrales interviennent à coups de milliards. Les capitalistes commencent déjà à geindre et pleurnicher, à se poser en pauvres victimes. L’État va les secourir et nous demander, comme après la crise financière de 2008, de payer l’addition. Nous connaissons leur logique : on nationalise les déficits, à combler par les contribuables, et on privatise les bénéfices pour le plus grand bien d’actionnaires privés. Nos libertés vont continuer à être attaquées et restreintes. Le journaliste du Monde Piotr Smolar résume bien notre inquiétude : « Il faudra demeurer très attentif à ce que la santé ne devienne pas, après la lutte contre le terrorisme, une nouvelle autoroute sans limitation de vitesse en matière de surveillance. » Voilà quelques pistes de réflexion qu’il faudra aborder collectivement ; la résilience des travailleurs doit amener une alternative aux pulsions nationalistes et identitaires de notre société ainsi qu’une alternative économique et sociale. Les propositions libertaires ne sont pas dénuées de fondement et d’intérêt.

L’indécence du gouvernement Macron qui a participé comme ses prédécesseurs Sarkozy et Hollande à la casse de l’hôpital public, aujourd’hui en première ligne face à la crise sanitaire, doit être pointée du doigt. Quand on casse les services publics, notamment ceux de la santé, on finit par en payer le prix. Ce gouvernement qui vante les mérites du personnel hospitalier est longtemps resté inflexible face à la grève des travailleur·euses de la santé, en détresse et en sous-effectif. Le mouvement des urgentistes est dans toutes les mémoires. Aujourd’hui, il est demandé aux soignants de travailler 10 heures consécutives dans certains services au lieu de huit. Les « jeunes retraités », ceux et celles qui sont partis depuis moins de cinq ans sont appelés à reprendre du service. Cet appel ne sera que peu entendu car les anciens ont dénoncé en leur temps les insuffisances tant matérielles qu’humaines au sein des unités de soin. Des nombreuses aides-soignantes et infirmières sont parties à la retraite avec le dos en loque ; on n’a jamais entendu leur souffrance. Elles ont même été gazées par la police lors de manifestations. La grève de la faim d’infirmiers à Saint Etienne du Rouvray, les « Perchés de Pierre Janet »  au Havre et les multiples mouvements sociaux dans le milieu de la santé n’ont bénéficié que de quelques miettes.

Espérons que l’enjeu de santé actuel réactualisera les demandes récurrentes des personnels en leur donnant les moyens de leurs missions. Les atermoiements, cela suffit ! On présente les personnels de santé comme des héros aujourd’hui, à qui on demande ses sacrifices, mais les héros sont fatigués. Notre système de services publics (santé, école…) est à bout de souffle, réanimons-le.

Patoche (GLJD)

 

PS : Il nous faudra aussi aborder le problème de la production de médicaments délocalisée en Chine.