150 personnes à la manifestation du samedi 9 février au Havre; on n’était pas beaucoup comparativement aux précédents samedis. Fatigue, ras-le-bol des mêmes parcours, manque d’innovation…?
Il nous faut remettre en avant les revendications prioritaires : hausse du pouvoir d’achat pour les salariés, les retraités et les chômeurs. Faire reculer les inégalités sociales de toute urgence en attendant de les éradiquer définitivement. Ne pas participer au grand débat. Redonner du souffle au mouvement…
La bourgeoisie fait semblant d’être inquiète par la montée des populismes un peu partout dans le monde. La démocratie serait menacée aux Etats-Unis, au Brésil mais aussi en Europe… En France, les gilets jaunes font peur aux élites de par leur fonctionnement horizontal et spontané ; c’est incontrôlable, tout ça. Pas comme avec les partis ou les syndicats avec lesquels le pouvoir sait négocier en donnant quelques miettes, quoique de moins en moins depuis la venue de Macron aux commandes de l’Etat. Le système est toujours en quête de leaders, d’interlocuteurs car il faut savoir arrêter une grève comme aurait dit Thorez. Même Etienne Chouard vient de tomber le masque. D’un côté, il assène qu’on ne s’émancipera pas par l’élection (ce en quoi on est d’accord) mais cela ne l’empêche pas d’appeler à voter pour Asselineau en mai prochain pour les européennes…dans une joute électorale qui n’apportera rien aux travailleurs. On voit tout de suite la cohérence du promoteur du RIC…
Des sociologues émérites parlent du sentiment de déclassement ou plutôt d’une certaine peur de voir ses enfants moins bien lotis que leurs parents, ou pire de se retrouver au chômage sans perspectives d’avenir notamment dans les régions touchées par la désindustrialisation. Et puis toutes ces personnes qui vivent avec des revenus inférieurs à 1500 euros, ça doit être dur… Le ton est compatissant, condescendant, surtout quand on n’est pas soumis aux privations. On parle d’excès du libéralisme sans indiquer que c’est le libéralisme lui-même qui est responsable de ces excès. Nous pourrions de même faire le parallèle avec l’économie de pays comme la Chine au pouvoir autocratique. Un capitalisme d’Etat mais capitalisme quand même, source de tous nos maux.
La France serait fissurée voire fracturée. Evidemment et ce n’est pas nouveau. Quand les ouvriers crevaient au travail au XIXème siècle, le pays était déjà fracturé. D’un côté, il y a les pauvres, de l’autre des riches, bien moins nombreux mais qui détiennent tous les pouvoirs économiques donc politiques. La classe moyenne joue du yoyo entre d’un côté, les décennies fastes, l’impression d’accéder à une vie meilleure et de l’autre dans les situations de crise, d’être reléguée dans les classes inférieures. Notons à ce propos que la classe ouvrière en tant qu’entité n’existe pas ; Proudhon d’ailleurs parlait des classes ouvrières.
Le gouvernement va essayer de dévoyer le débat qu’il a initié en amenant les Français sur le registre de la fiscalité nécessaire au fonctionnement des services publics ou l’enfumage des 80 km/h, puis la soi-disant opinion publique favorable à la retraite par points…Pourtant que veulent les gilets jaunes, quelles sont leurs préoccupations premières ? Lutter contre la précarité et ce sont les femmes qui sont les plus touchées par ce phénomène. Lutter contre toutes les inégalités sociales et fiscales, en dénonçant les disparités entre les riches et les pauvres. Augmenter le pouvoir d’achat des salariés, notamment ceux contraints à un emploi à temps partiel. Lutter contre la pauvreté et l’éradiquer.
En clair, rien d’extraordinaire : les gens veulent vivre décemment. Et quand les gens n’ont plus rien à perdre, ça peut péter à tout moment. C’est ce qui fait peur aux puissants de ce monde. Car la situation est la même dans la plupart des pays et ces derniers aimeraient bien que la contestation française ne fasse pas tâche d’huile. Rejet des inégalités et demande d’une redistribution (partage) des richesses peuvent résumer les attentes de toute population soumise au joug capitaliste.
Ce qui est certain, c’est qu’aucun débat, aucune élection y compris un référendum ne fera aboutir nos revendications sociales. Il est illusoire de penser que les politiciens ont un réel pouvoir ; ils exercent ce dernier à la solde des financiers, des grands patrons, des agioteurs, des multinationales…Seul un rapport de force des classes populaires peut faire pencher la balance en notre faveur. Ceux qui détiennent le pouvoir ne veulent pas le lâcher, c’est pour cela qu’ils utilisent la force policière et celle de l’armée, la justice aussi pour réprimer et donner allègrement des peines de prison notamment en province.
La politique est régie par les lois économiques et non l’inverse. C’est la dictature capitaliste qui a toujours engendré la misère et les guerres. Celles-ci ne se déroulent plus en Europe mais dans de nombreux pays africains, moyen-orientaux…pour le plus grand profit de nos marchands de canon. D’ailleurs, pourquoi ne pas diminuer le budget alloué à l’armée pour donner aux œuvres de vie : hôpitaux, écoles, lutte contre le réchauffement climatique… et redistribuer enfin nos impôts à bon escient.
Patoche (Groupe libertaire Jules Durand)