En grève, le 5 décembre

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En grève, le 5 décembre

Nous n’analyserons pas une énième fois le projet de retraite par points du gouvernement Macron, tout le monde aura compris que c’est une mauvaise nouvelle pour le camp de travailleurs appelés à travailler plus longtemps pour finalement percevoir une retraite moindre qu’avec le système actuel. Nous nous doutons que la mobilisation du 5 décembre sera importante, l’inconnue restant pour toutes et tous la possibilité d’une grève reconductible pour gagner. Si la possibilité de reconduire la grève à la SNCF et à la RATP paraît probable, il semblerait que nombre de secteurs comptent effectuer une grève par procuration après le 5. Le handicap résulte aussi du fait que le 5 décembre est proche des fêtes de Noël et la trêve des confiseurs risque d’être fatal à une mobilisation de longue durée, sauf bonne surprise ; on peut toujours croire au Père Noël.

En attendant, le gouvernement cherche à opposer comme à l’accoutumée les catégories de Français entre eux. Les petites phrases assassines et provocatrices font leur œuvre relayées par les médias aux ordres et une campagne publicitaire qui vante les mérites de la solidarité, comme si les cheminots, par exemple, étaient contre la solidarité !

D’un côté, il y aurait des salariés privilégiés et de l’autre des salariés qui souhaiteraient un régime équitable pour tout le monde, comme si le fait de baisser la retraite des uns allait augmenter la retraite des autres. Pour tout le monde, ce sera une baisse des retraites notamment pour les femmes.

Aujourd’hui, un quart des étudiants vit dans la précarité dont 6% dans une très grande précarité. Il a fallu le geste désespéré d’un jeune pour braquer les projecteurs sur la misère estudiantine. De même, il a fallu le suicide de Madame Renon, directrice d’école, pour reconnaître que les directeurs d’école étaient sous pression. Pourtant, la précarité étudiante était connue de tout le monde, notamment dans les classes populaires, et depuis longtemps. L’hypocrisie de l’Education Nationale concernant les tâches des directeurs d’école nous fait gerber. De la fameuse enquête 19 sur papier au système Base élèves aujourd’hui, de multiples alarmes s’étaient déclenchées. Les directeurs d’école ont fait durant une dizaine d’années une grève administrative sans que leurs conditions de travail s’améliorent. La barque a été chargée de plus en plus au fil des ans. Epuisement, burn out, dépression…il suffirait à l’Etat de recenser le nombre de directeurs et directrices d’école ayant abandonné la fonction depuis 20 ans  pour constater les dégâts. Le ministère de l’E.N. ne le fera pas car il est en pleine dérive managériale aidée par une informatisation effrénée. David Graeber a très bien analysé  la situation de ce nouveau tonneau des Danaïdes. Nous pourrions évoquer la situation des chômeurs dont la misère va s’accroître au regard des nouvelles dispositions prises par Macron. Depuis 20 ans, les hospitaliers, notamment en psychiatrie, dénoncent le manque de moyens, la course aux lits… C’est un système bien huilé de précarisation de la société qui est en mouvement pour assouvir la soif de profits d’une minorité qui s’appuie sur l’Etat et ses forces répressives.

Le 5 décembre représentera –t-il le coup d’arrêt  à cette paupérisation croissante de notre société, à la casse des services publics ? Nous n’y croyons guère mais cela vaut le coup d’essayer, au moins pour se sentir nombreux dans la rue. Nul doute que les politiciens de tous poils essaieront de récupérer une mobilisation qui s’annonce massive. Peu nous importe, nous en avons l’habitude et les gens sont de moins en moins dupes. Quand les travailleurs, les chômeurs et les étudiants seront acculés, dos au mur, sans fuite possible, ils sauteront à la gorge du patronat et de l’Etat. Et alors viendra l’heure de la Révolution. En attendant, nous continuerons à proposer une société d’entraide, fraternelle dans le cadre d’une Révolution sociale et libertaire.

Patoche (GLJD)