11 Février 1911. L’affaire Durand.
Peut-on imaginer quoi que ce soit de comparable à la férocité dont les gens qui s’arrogent le droit de rendre la « justice » font preuve à l’égard des victimes innocentes qu’on s’efforce d’arracher de leurs griffes?
Il est avéré pour tout homme de bonne foi que Durand a été victime d’une ignoble machination et qu’il est totalement innocent des accusations qui lui ont valu sa condamnation. Il semblerait donc que la première chose à faire fût de le mettre en liberté, quitte ensuite à reconnaître officiellement son innocence par un jugement ultérieur.
Tout honnête homme n’a rien de plus pressé, quand il a porté injustement un préjudice à quelqu’un, de s’efforcer de réparer ce préjudice et de s’excuser.
Pour les juges; il n’en est pas ainsi. Ils s’acharnent, s’entêtent, resserrent leurs griffes sur leur proie, chacals hargneux et menaçants, et ne lâchent prise qu’à la dernière extrémité.
Durand est toujours maintenu en prison. Ces jours-ci, il a même eu une crise de désespoir telle, qu’on a craint un moment pour sa raison.
Vous croyez que les « qui de droit » compétents se sont émus tant soit peu? Pfftt!…Si vous saviez comme ils s’en fichent.
Durand se permet d’être innocent? Tant pis pour lui, on le lui fera payer, plus cher que coupable.
Quels gredins que ces « honnêtes gens!.. »
A.G.
25 Février 1911. L’affaire Durand.
On a fini par mettre Durand en liberté. Mais pour décider la classe bourgeoise à lâcher sa proie, il a fallu – comme il le faut toujours, ne cessons de le répéter – que l’opinion s’émeuve et que soit faite la menace sérieuse d’un mouvement populaire dans la rue.
Les gouvernements – qu’on se le mette bien dans la tête – ne marchent jamais que par la crainte du fouet.