Depuis la chute de l’URSS et la fin de la Guerre froide, le monde se trouve actuellement dans une phase multipolaire. Le discours qu’ils nous ont vendu durant des années selon lequel, dans un monde globalisé, les tensions et les guerres internationales diminueraient, est un mensonge. Les conflits armés sont aujourd’hui une constante en Europe (hier la guerre dans l’ex-Yougoslavie, aujourd’hui en Ukraine) et dans le reste du monde dont Gaza, d’une sinistre actualité. En outre, de nombreux conflits continuent d’être une conséquence du colonialisme européen, et bien d’autres du « néocolonialisme » né des processus de décolonisation. Et la France n’est pas épargnée avec la Nouvelle Calédonie, le « caillou », ces jours-ci.
Le moteur de la guerre : l’industrie militaire
La guerre est désastreuse dans tous les sens du terme, pour la population, qui est contrainte de devenir de la chair à canon, pour la société dans son ensemble et pour l’écosystème. Mais jamais pour ceux qui vivent de l’industrie de la mort et en profitent.
Ces deux dernières années, nous avons vu comment l’industrie de l’armement s’est trouvée en plein essor, augmentant ses profits et s’envolant sur les marchés boursiers. Les principaux bénéficiaires sont les entreprises d’armement et leurs sous-traitants, les banques qui les financent et les investisseurs qui les promeuvent. Tout cela sous les recommandations de l’OTAN, qui oblige les États à investir 2 % de leur PIB dans les dépenses militaires. Idem pour la Russie qui entend atteindre 6,7% de son PIB pour ses dépenses guerrières. L’Inde et plein d’autres pays augmentent de même leurs dépenses d’armement. Peu importe la misère dans leurs pays respectifs.
Le discours de guerre des pouvoirs politiques
Les pouvoirs politiques nous préparent à travers des discours de guerre à justifier les changements économiques qui résulteront de l’augmentation des investissements dans l’industrie militaire. Cela nuira à « l’État-providence » par des coupes budgétaires et un démantèlement des services publics accru, ce qui est clairement contre-productif et nocif pour la classe ouvrière.
Déjà pendant la pandémie du « covid », il est devenu normal que des soldats apparaissent à la télévision et dans d’autres espaces publics avec une rhétorique belliqueuse et une exaltation nationaliste. En France, la sécurité pour les Jeux Olympiques nous montre des militaires qui paradent un peu partout, pour sécuriser le parcours de la flamme et nous les verrons en force à Paris pendant toute la durée des « festivités ». De même, l’autoritarisme, les abus de pouvoir de la police et l’exercice du contrôle social ont été normalisés. L’État continue d’être légalement armé pour exercer la répression contre l’action politique des individus, notamment écologistes, et des groupes de travailleurs.
Aujourd’hui, de hauts responsables européens tels que Josep Borrell ou Ursula von der Leyen abordent dans leurs discours des questions telles que les exportations d’armes, l’économie de guerre ou la croissance des investissements militaires. Le gouvernement français, à travers son Premier ministre ou le ministre de la Défense, parle ouvertement d’« économie d’avant-guerre », d’envoi de troupes militaires ou de « défaitisme ». Des pays comme la Pologne ou la Turquie utilisent des arguments similaires alors qu’ils commencent à matérialiser le discours belliciste, supprimant le traité international européen qui limite les forces militaires en Europe.
Notre position politique en tant qu’anarchistes est d’être fondamentalement contre la guerre et la fragmentation de la société, due à la haine nationaliste, ethnique et identitaire exacerbée par des économies mondialisées. Dans un monde multipolaire dans lequel les intérêts géopolitiques et l’économie capitaliste tournent autour de la guerre, de la mort et de la destruction pour monopoliser les ressources et les marchés, il est plus que nécessaire pour nous autres anarchistes de diffuser nos positions politiques anti-guerre parmi la classe ouvrière d’Europe et dans le monde. Non seulement comme moyen de sensibilisation, mais pour que nous, travailleurs, puissions utiliser les moyens qui sont à notre portée : boycott, grève ou sabotage…, pour entraver autant que possible la machinerie guerrière vers laquelle nous poussent les pouvoirs politiques et économiques capitalistes.
Face à l’ordre militariste fondé sur la domination, l’exploitation, la peur et l’oppression, nous prônons la démilitarisation et la dissolution des armées. Nous travaillons sur des pratiques de solidarité et de soutien mutuel (entraide) entre tous les travailleurs et sur leur indépendance politique vis-à-vis de tous les partis et des institutions parlementaires.
Vive l’anarchie !