Pandémie et politique
Comme cela a déjà été avancé par nombre d’observateurs, le caractère politique de l’épidémie de la Covid 19 est donné par les effets des décisions qu’elle a motivées, et dont l’impact s’est manifesté dans l’ensemble de la société, et plus spécifiquement dans la coexistence et l’organisation des relations sociales, qui a été le résultat d’une nouvelle redistribution du pouvoir entre l’État et la société. L’événement de la pandémie a donc servi à prendre une série de décisions qui ont profondément modifié les relations de pouvoir, ce qui fait inévitablement passer les considérations sanitaires au second plan et, au contraire, la justification desdites décisions politiques devant l’opinion publique au premier rang.
En tout cas, la première question à se poser et à répondre est de savoir comment cette épidémie a-t-elle acquis un caractère politique? La réponse commence par vérifier que l’État, depuis son origine même, a justifié son existence en tant qu’institution chargée d’assurer la sécurité de ses gouvernés, et donc de garantir la vie, ce qui, d’ailleurs, s’est reflété dans les théories des principaux penseurs politiques défendant l’État, comme Thomas Hobbes par exemple. Ainsi, l’État offre la sécurité à ses gouvernés en échange de l’obéissance. Tout cela explique, bien que partiellement, pourquoi l’Etat a assumé la responsabilité de gérer la propagation de cette épidémie. Cependant, pour répondre à la question précédente, il faut se référer aux archives historiques dans lesquelles on retrouve d’autres épidémies aux effets dévastateurs en termes de létalité qui, au contraire, n’ont pas conduit à l’intervention des États. Un cas de ceci est, par exemple, la grippe de Hong Kong de 1968-1969, qui aurait causé entre 1 et 4 millions de morts dans le monde. Rien de tout cela n’a empêché la vie de suivre son cours sans aucune altération, comme ce fut le cas aux États-Unis et lors de la célébration du festival de Woodstock en 1969. Mais ce n’est pas non plus le seul exemple. Une décennie plus tôt, entre 1957 et 1958, s’est produite la pandémie de grippe asiatique qui, selon les estimations a tué environ un million de personnes dans le monde. Il convient également de mentionner l’épidémie de grippe qui s’est produite en décembre 1974 à Bilbao, et dans laquelle une moyenne de 30 personnes sont mortes chaque jour dans cette ville sans empêcher la tenue d’événements de masse, et sans produire pratiquement aucune couverture médiatique. Dans cette même ville, 20 ans plus tôt, il y avait eu aussi une épidémie de grippe qui a fait en moyenne 18 décès par jour pendant plusieurs semaines, et aucune mesure particulière n’a été adoptée par l’État. Même si nous ignorons les enregistrements historiques de toutes les pandémies antérieures à Covid-19, nous ne pouvons ignorer les données d’autres maladies contagieuses qui produisent chaque année des centaines de milliers, voire des millions de décès, et qui n’ont pas été une raison suffisante pour créer un contexte d’urgence à l’échelle planétaire, tout cela malgré le fait que, compte tenu de la mobilité des personnes, ces maladies se propagent à travers différents pays et relèveraient de la définition de l’OMS d’une pandémie. Nous parlons spécifiquement de la grippe saisonnière qui fait environ 650000 décès chaque année et entre 3 et 5 millions de personnes infectées (OMS 2017, 2018). La tuberculose, qui est également une maladie respiratoire contagieuse comme la covid-19, cause 1,5 million de décès par an et environ 10 millions de personnes infectées (OMS 2020, 2019). La pneumonie cause environ 2,56 millions de décès dans le monde. Dans l’ensemble, on estime que les maladies respiratoires contagieuses causent environ 4 millions de décès par an (Forum of International Respiratory Societies 2017; Rouskanen et alii 2011), y compris la pneumonie, la grippe et le virus respiratoire syncytial. Les infections respiratoires aiguës provoquent 2,37 millions de décès par an dans le monde.
Par conséquent, il existe des maladies plus meurtrières que la COVID-19 qui provoquent des épidémies mais qui, contrairement au coronavirus, n’ont pas été une raison suffisante pour déclencher une intervention à grande échelle des États avec l’adoption de mesures politiques importantes et très sérieuses. Même si nous ignorons toutes les données précédentes, nous n’avons d’autre choix que de vérifier la mortalité que produit la covid-19 si nous nous en tenons aux données officielles fournies par les autorités sanitaires des différents pays. Ainsi, selon ces données, le taux de survie pour cette maladie est de 94,1% des personnes infectées en Espagne, mais les chiffres dans le reste de l’Europe ne sont pas très différents. Ainsi, par exemple, en Suède, il est de 93,1%, aux Pays-Bas de 91,3%, en Allemagne, le nombre de survivants s’élève à 96,2%, en Autriche, il est de 97,4%, au Portugal et en Pologne de 96,9% et 97% respectivement, tandis qu’en Irlande il est de 93,9% (Centre de coordination des alertes sanitaires et des urgences 2020). Sur la base des données disponibles, le taux de mortalité du coronavirus varie de 0,1% à 0,5% de la population totale (DESTATIS 2020; Réseau allemand pour la médecine factuelle 2020; Haimes 2020; InProportion2 2020; Swiss Policy Research 2020), ce qui le rend similaire à une forte grippe.
On pourrait peut-être soutenir que ce taux de survie ne correspond pas à la forte mortalité de la maladie au début de l’épidémie, ce qui est vrai, quoique partiellement. Il faut se rappeler que la maladie touchait surtout la population âgée, ce qui entraînait également des problèmes de santé tels que des maladies chroniques, un système immunitaire endommagé, de mauvaises conditions de vie, des pathologies antérieures, etc. À tel point qu’au départ, l’âge moyen des personnes infectées concernait les plus de 65 ans, surtout les personnes souffrant de diabète, maladies cardio-vasculaires…facteurs de comorbidité. Au niveau international, on peut observer que l’âge moyen des personnes décédées des suites d’un coronavirus est supérieur à 65 ans dans la plupart des pays occidentaux. Ce n’était pas quelque chose d’inconnu au début du mois de mars selon les informations en provenance d’autres pays, notamment d’Italie, qui, n’oublions pas, est le deuxième pays avec les personnes les plus âgées au monde, après le Japon.
En fait, le coronavirus est cinq fois plus courant et moins mortel qu’on ne l’a supposé à tort (Bröhm 2020). Les études ne manquent pas montrant que beaucoup plus de personnes ont été en contact avec le virus qu’on ne le pensait auparavant, ce qui s’ensuit inévitablement qu’il est moins mortel aujourd’hui. C’est par exemple le cas d’une étude récente menée par des chercheurs en immunologie de l’Université de Zurich, qui ont découvert que des personnes exposées au coronavirus, et qui présentaient un tableau clinique léger, développaient des anticorps dans la muqueuse nasale (Cervia et alii 2020). Étant donné que les tests d’anticorps ne couvrent pas tous les cas et n’analysent que ceux trouvés dans le sang, on estime que la proportion de personnes ayant contracté la COVID-19 pourrait être cinq fois plus élevée qu’on ne le pensait initialement ce qui s’expliquerait pour la plupart par des cas bénins ou asymptomatiques. En fait, moins d’un cinquième des personnes infectées par le coronavirus tombent gravement malades (Bröhm 2020).
De même, l’épidémiologiste et professeur d’Oxford Sunetra Gupta a affirmé que la létalité de la covid-19 est de 0,1% et qu’il s’agit d’un virus très répandu (Sayers 2020). Cela pourrait être lié à d’autres résultats qui indiquent que jusqu’à 60% des personnes peuvent avoir un certain type d’immunité cellulaire contre le nouveau coronavirus en raison du contact avec les versions précédentes de cette maladie, ce qui remettrait en question l’hypothèse initiale selon laquelle il n’y a pas d’immunité contre la covid-19 (Grifoni et alii 2020). Une étude récente menée en Allemagne a conclu, dans le même esprit que la recherche précédente, que jusqu’à 81% des personnes qui n’ont pas encore eu de contact avec le nouveau coronavirus ont déjà des lymphocytes T à réactivité croisée et, par conséquent, une certaine immunité de fond (Nelde et alii 2020).
Tout cela montre que le degré de létalité de cette maladie est par ailleurs relativement faible par rapport au nombre total de personnes infectées. De même, sa létalité par rapport à la population totale dépasse celle d’une grippe forte du simple au double : 31000 décès en France fin septembre 2020. Karin Mölling, virologue allemande et directrice de l’institut médical de virologie de l’Université de Zurich, est du même avis, qui a comparé le coronavirus à la grippe dans un hiver normal (Gräser 2020). L’immunologiste suisse Beda Stadler, pour sa part, a expliqué dans un article que la covid-19 est une maladie très sélective qui ne représente un risque réel que pour très peu de personnes. Les médias se sont plutôt concentrés sur quelques cas atypiques individuels qui existent avec chaque maladie mais qui ne prouvent vraiment rien, et qui ne sont pas non plus représentatifs (Swissinfo 2020).
Pablo Goldschmidt, virologue argentin et professeur de pharmacologie moléculaire à l’Université Marie Curie de Paris, partage également ces vues. À son avis, la panique est injustifiée, car il n’y a aucune preuve indiquant que la mortalité ou la morbidité du covid-19 est beaucoup plus élevée que celle causée par les virus de la grippe ou le rhume. Textuellement, il a déclaré: «Les opinions mal fondées exprimées par des experts internationaux, reproduites par les médias et les réseaux sociaux, répètent la panique inutile que nous avons déjà connue auparavant. Le coronavirus identifié en Chine en 2019 ne cause ni plus ni moins qu’un mauvais rhume ou une grippe, sans différence jusqu’à aujourd’hui avec le rhume ou la grippe tels que nous les connaissons. À quoi il a ajouté: « Il n’y a aucune preuve pour montrer que le coronavirus 2019 est plus mortel que les adénovirus respiratoires, les virus de la grippe, les coronavirus des années précédentes ou les rhinovirus responsables du rhume. » (Agence CyTA-Leloir 2020) Ces informations remettent en cause la commodité de la plupart des mesures adoptées pendant cette période, et notamment celles qui ont été mises en œuvre dans les pays qui ont opté pour une intervention maximale de l’État. Fin septembre 2020 on avoisine le million de morts dans le monde, chiffre sous-évalué certainement, notamment dans les pays pauvres ou autoritaires tels la Chine, la Russie….
Cependant, malgré ce que l’on savait sur le virus, les décisions prises lors de la gestion de la pandémie ne visaient pas à protéger le groupe le plus vulnérable en raison de leur état de santé et de leur âge avancé. Tout semble indiquer que cela aurait été la chose la plus judicieuse et la plus logique à faire d’un point de vue sanitaire avec les informations disponibles. En ce sens, il est intéressant de souligner ce qui a été commenté par Adolfo García Sastre, de l’Institut mondial de la santé et des agents pathogènes émergents de l’école de médecine Icahn de l’hôpital Mount Sinai, lorsqu’ils lui ont demandé, début mars 2020, ce qu’il recommanderait de faire avant cela. Textuellement, il a déclaré: «La première chose est d’être prudent avec les personnes âgées et les immunodéprimés. Dans les maisons de retraite médicalisées, il faut prendre des mesures, car si le virus entre le niveau de mortalité est beaucoup plus élevé. Le plus important est d’essayer d’éviter la maladie dans ce secteur. Pour le reste du monde, vous avez sûrement une forte probabilité d’être infecté et une très faible probabilité d’avoir une maladie grave. (Pichel 2020)
Avec les données disponibles et les recommandations de certains experts sur la manière de faire face à la propagation d’une maladie qui ravage un groupe très spécifique de la population, il est possible de penser que les décisions finalement prises ne reposaient pas sur des critères médicaux ou scientifiques, et ni à ce que la logique aurait exigé au vu de l’expérience italienne. Au contraire, la prémisse sur laquelle reposaient apparemment les décisions qui ont coordonné la gestion de l’épidémie était de considérer l’ensemble de la population comme également vulnérable, et donc également susceptible de développer un tableau clinique sérieux de la maladie. De tout cela, il résulte que les décisions et, en général, la politique adoptée ne répondaient pas à un critère de proportionnalité par rapport au danger réel posé par la maladie, ni comme on dit, à un critère scientifique. Au lieu de cela, nous constatons que dans les semaines qui ont précédé la déclaration de l’état d’alarme, en Europe, il y a eu une campagne médiatique qui a surestimé le danger de la maladie. Cette campagne s’est accompagnée de messages non moins rassurants des ministères de la Santé, qui ont contribué à semer la panique en exhortant la population à se rendre aux urgences des hôpitaux en cas de présentation de symptômes compatibles avec le coronavirus, ce qui a entraîné au début une surpopulation des salles d’attente et des urgences, enfin, la propagation de la maladie à travers le système de santé (Soto 2020; Brunat 2020). Il a ensuite été rectifié en recommandant de rester à la maison à ceux qui pourraient être malades du covid-19…
Il faut ajouter que les hôpitaux ont joué un rôle important en tant que facteur central dans la propagation du virus. Ainsi, dans le cas de Wuhan, une étude a montré qu’environ 41% des patients hospitalisés pour covid-19 avaient contracté la maladie à l’hôpital (Wang et alii 2020; Tepper 2020). Dans le nord de l’Italie et en Angleterre, les hôpitaux sont devenus un foyer de transmission du virus à des personnes déjà affaiblies, ce qui était un problème qui avait déjà été observé lors de l’épidémie de SRAS de 2003 (Ho et alii 2003). Tout cela remet en question la commodité de l’enfermement général de la société comme mesure de prévention de la transmission du virus.
Les semaines précédant la déclaration de l’état d’alarme en Europe étaient un exemple clair d’une opération psychologique visant à exalter la peur dans la société afin d’influencer ses opinions, ses attitudes et son comportement. De cette manière, une atmosphère de panique a été créée en présentant le virus comme une menace imminente et très dangereuse qui exigeait une réponse rapide et énergique des autorités. Les dizaines de cercueils en Italie avec des salons funéraires bondés, des conteneurs réfrigérés, des patinoires utilisées comme chambres froides de fortune, des cadavres accumulés et des fosses communes à New York, ainsi que les nouvelles de Chine étaient sans aucun doute des images qui ont nourri la peur dans la population. Alors, grâce à la peur instillée par les médias et les autorités ministérielles, une situation d’urgence a été créée qui a rendu un ensemble de décisions politiques acceptables pour l’opinion publique qui, dans d’autres circonstances, n’auraient jamais été acceptées. Ces décisions impliquaient une augmentation drastique du pouvoir de l’Etat au détriment de la liberté de la société, étant donné la menace du virus, le prétexte qui rendait ces mesures acceptables en les présentant comme nécessaires pour protéger la vie de toute la population.
On ne peut ignorer que la peur a joué un rôle décisif en facilitant le consentement de la société aux mesures adoptées en rapport avec l’épidémie. Il est bien connu que la peur empêche la réflexion dans la mesure où une menace imminente, réelle ou imaginaire, est utilisée pour déterminer la réaction de ceux qui sont effrayés par ce danger. La peur facilite l’obéissance. Pour cette raison, on peut dire que la population n’a pas été informée par les médias, mais au contraire, ils ont façonné l’opinion publique à travers l’utilisation extensive et intensive du même discours basé sur la peur, et qu’ils ont complètement exclu différents points de vue, ainsi que des informations qui pourraient conduire à une remise en cause de la politique de l’Etat (Ioannidis 2020; Brown 2020; Freeman 2020). L’exagération des risques de cette maladie est la preuve de l’utilisation médiatique de la peur, pour laquelle il n’y a pas eu d’hésitation à utiliser des fausses déclarations (Gasche 2020; Hopkins 2020). Ce qui a été recherché à tout moment, selon la couverture médiatique de la pandémie, c’était de faire accepter les mesures finalement adoptées, qui n’ont pas été remises en cause, en plus de la coopération de la population en imposant un point de vue unique.
Pour tout cela, nous pouvons affirmer qu’il y a eu une manipulation de la population à travers l’imposition d’un discours unique et monolithique qui, à travers l’agitation des passions humaines, en l’occurrence une peur infondée si l’on s’en tient aux données des faits disponibles et avérés, dans lesquels les élites symboliques, un groupe d’experts désignés par le ministère et les médias, avaient un accès préférentiel à l’élaboration du discours public, ce qui leur permettait de manipuler la population au profit de leurs propres intérêts, à la fois personnels et institutionnels, et contre les intérêts de l’ensemble de la société. Cela n’a fait que reproduire la dynamique inhérente à toute forme de manipulation discursive dans laquelle, à travers le discours dominant qui s’impose, des modèles mentaux et des représentations sociales sont formés et implantés qui construisent la réalité selon les intérêts de ceux qui déterminent comment la pandémie doit être comprise, quelles mesures doivent être prises, ce qui est faux et ce qui est vrai, ce qui est sain et ce qui ne l’est pas , etc. Ce travail recrée la dynamique de domination discursive typique des processus de manipulation et des opérations psychologiques, c’est-à-dire des locuteurs puissants et des récepteurs passifs auxquels sont imposés une représentation spécifique de la réalité qu’ils sont obligés de respecter faute de ressources spécifiques , c’est-à-dire des connaissances pour résister à la manipulation, ce qui est faux et ce qui est vrai, ce qui est sain et ce qui ne l’est pas, etc.
Comme à d’autres occasions dans le passé, l’État s’est tourné vers la science comme instrument de légitimation de sa politique. Mais la vérité est que l’État ne fait pas de science, mais plutôt de la politique, et en ce sens, il maximise le pouvoir. Pour cette raison, l’État privilégie certains experts et spécialistes, ainsi que leurs points de vue respectifs, dans la mesure où ils sont utiles à ses propres fins. Celles-ci sont présentées au public comme les plus compétentes, tout comme leurs lignes directrices sont établies comme étant idéales. La source de légitimité de ces mesures est le prestige dont sont investis ceux qui les recommandent, dans la mesure où elles sont présentées comme les plus aptes à se prononcer sur la manière de lutter correctement contre l’épidémie, auquel s’ajoutent une série d’explications qui tentent de raisonner rationnellement sa pertinence. Il s’agit d’un processus de justification de décisions politiques qui puisent dans différentes sources de légitimité comme le charisme, la performance et la rationalité.
L’épidémie s’est révélée être une fenêtre d’opportunité politique pour l’État, et donc un prétexte habilement utilisé pour accroître son pouvoir aux dépens de la population. C’est, en définitive, ce qui fait de l’épidémie un enjeu essentiellement politique, qui se traduit par: les critères utilisés dans les décisions pour sa gestion; la procédure utilisée pour obtenir le consentement de la population auxdites décisions par une politique de communication et de manipulation psychologique très habile qui a fait appel à la peur; et par l’impact politique des mesures adoptées. Par conséquent, la pandémie de covid-19 est l’instrument par lequel les États ont étendu leur contrôle sur leurs sociétés respectives, ce qui, au vu des effets de ces mesures, se traduit par: l’élargissement de son pouvoir de réglementation et de surveillance; la réorganisation des relations sociales; et l’appauvrissement des classes populaires ainsi que l’élimination physique de secteurs de la population considérés comme un fardeau pour l’État. Fin septembre 2020, ce sont de nouvelles restrictions qui sont imposées en France dans les Communes classées en alerte maximum. Dans ce cadre, ce sont les jeunes de 20-30 ans qui sont visés dans leurs relations sociales.
Il est encore difficile de déterminer la proportion de décès dus au covid-19 dans les maisons de retraite. Les gouvernements n’ont pas publié de chiffres officiels, ce qui peut en partie être dû aux disparités qui existent dans la façon dont les décès dus à cette maladie sont comptés dans les différents Epahd par exemple. À ce jour, nous n’avons que des spéculations et des informations des médias. Même si des chiffres étaient délivrés, cela ne nierait pas les niveaux effrayants de mortalité qui, en si peu de temps, se sont concentrés dans les maisons de retraite pendant la pandémie. Cette surmortalité des personnes âgées non décédées du coronavirus dans ces établissements s’expliquerait par l’action de l’Etat à travers la négligence médicale et les mesures d’isolement, comme il ressort du rapport publié par Médecins sans frontières (MSF 2020), ainsi comme expliqué dans le rapport du Business Circle for Dependency Care (CEAP 2020),
En général, les décès dus au covid-19 ont été concentrés dans les maisons de soins infirmiers, généralement dans une fourchette allant de 30 à 60% du total des décès dus au coronavirus (Comas-Herrera et alii 2020). En Suède, par exemple, la proportion est encore considérablement plus élevée à 75% du total des décès (AFP 2020; Farr 2020). Au Canada et dans certains États américains, comme le Dakota du Nord ou le New Hampshire, les chiffres ont atteint 80% du nombre total de décès (Coletta 2020; Girvan et Roy 2020). En général, on observe que les décès dus au coronavirus se sont concentrés dans les maisons de retraite médicalisées du monde entier.
L’approche de la gestion de l’épidémie s’est révélée non seulement erronée par rapport aux informations disponibles mais aussi irréaliste et carrément contre-productive. Il n’est pas réaliste d’essayer de mettre fin à une maladie, au lieu de supposer qu’à court et moyen terme cela est impossible, comme le reconnaissent les autorités sanitaires suédoises (Paterlini 2020), c’est pourquoi il est préférable de vivre avec elle dans la mesure où seulement elle affecte gravement une petite partie de la population qui, compte tenu de sa situation, est généralement en fin de vie en raison de son âge et de sa mauvaise santé. Là des mesures de précaution sont à envisager très rapidement lorsque la contamination guette.
Si la peur en tant qu’instrument peut être politiquement très commode pour obtenir l’obéissance des gouvernés (Machiavel), il n’en est pas ainsi dans le plan de la santé car elle affaiblit les gens. Cela avait déjà été souligné à l’époque par les philosophes stoïciens, tels qu’Epictète, Sénèque ou Marc Aurèle parmi tant d’autres, qui préconisaient de résister à la peur comme mesure d’autonomisation. Il ne faut pas oublier que la peur, après tout, affaiblit le système immunitaire (Pérez 2020; Public mirror 2020). De plus, il génère de nombreux problèmes mentaux qui dans de nombreux cas ont un impact sur la santé physique en raison de l’anxiété, du stress, etc. Ce n’est pas sans raison que Karel Sikora, professeur à l’Université de Buckingham, a déclaré dans une interview que la peur tuerait finalement beaucoup plus de personnes que le virus.
En revanche, l’enfermement de toute la population constitue un mal plus grand que la maladie elle-même. La paralysie de la vie sociale et économique en interdisant à la population de travailler, ou du moins une grande partie de celle-ci, revient à les condamner à mort en perdant leur emploi, en manquant de revenus, en ne pouvant pas payer leurs factures, en dégradant leurs conditions de travail, de vie et, de cette manière, créer le terreau pour tomber malade et mourir, ou simplement devenir fou et se suicider. Il y a eu plusieurs épidémiologistes, et aussi quelques médecins, qui ont proposé le confinement comme solution pour éradiquer le coronavirus, ce qui revient à proposer de tuer le patient pour guérir la maladie…
Malgré le fait que le courant dominant soit dominé par des experts et des spécialistes en faveur de mesures draconiennes pour contrôler l’épidémie, et qui prônent l’éradication de la maladie, les points de vue sont totalement différents. Par exemple, le professeur Paul Moynagh, immunologiste à l’Université nationale d’Irlande, a noté que le verrouillage avait un faible impact sur la maîtrise de la pandémie, ce qui, à son avis, remet en question l’arrêt complet de l’économie (Farsaci 2020).
Les professeurs de médecine et de santé publique Eran Bendavid et Jay Bhattacharya de l’Université de Stanford n’ont pas hésité à affirmer qu’un confinement universel ne compense pas les coûts que cette mesure entraîne pour l’économie, la communauté et la santé physique et mentale de l’individu (Bendavid et Bhattacharya 2020).
Richard Schabas, un médecin à la retraite qui était le médecin-chef de l’Ontario ainsi que le chef du personnel de l’hôpital central de York pendant la crise du SRAS en 2003, a noté que la quarantaine est typique du Moyen Âge et que ce type de mesure peut être pire que le coronavirus lui-même (Schabas 2020).
Le précité Anders Tegnell a, pour sa part, affirmé que l’enfermement n’est pas nécessaire si deux règles de base sont respectées: isoler les personnes âgées ayant des problèmes de santé; et pour toute personne présentant des symptômes de rester à la maison (Stichler 2020).
Le spécialiste de la microbiologie et des infections épidémiologiques, ainsi que le professeur émérite de l’Université Johannes Gutenberg de Mayence, Sucharit Bhakdi, n’ont pas hésité à considérer les mesures prises contre le covid-19 en Allemagne comme grotesques, absurdes et très dangereuses, car elles signifieront le raccourcissement de l’espoir de millions de personnes, et cela aura un impact horrible sur l’économie en menaçant l’existence de tant de personnes (Fetzer 2020; Bhakdi 2020). N’oublions pas que l’Allemagne a décidé d’arrêter une partie de son économie. Face à cette situation, Bhakdi lui-même a écrit une lettre ouverte à la chancelière Angela Merkel pour qu’elle reconsidère d’urgence la réponse que l’Allemagne donnait à la pandémie (Bhakdi 2020)
Le professeur de l’Université Karolinska de Stockholm et l’ancien épidémiologiste d’État suédois Johan Giesecke ont déclaré que l’emprisonnement rigoureux ne protège pas les personnes âgées et vulnérables vivant dans des maisons de retraite médicalisées, ni ne contribue à réduire la mortalité due au coronavirus. (Giesecke 2020; Sayers 2020).
Le directeur du service d’épidémiologie du centre Helmholtz de Braunschweig, Gérard Krause, n’a pas hésité à souligner que l’enfermement peut entraîner plus de maladies et de décès que le coronavirus (Zimmermann 2020).
L’ancien président de l’Association médicale allemande et de l’Association médicale mondiale, ainsi qu’un radiologue, Frank Ulrich Montgomery, ont constaté que le confinement ne réduit pas la transmission du coronavirus (Quadbeck 2020).
Michael Levitt, professeur à l’Université de Stanford et lauréat du prix Nobel de chimie, a affirmé que les verrouillages n’avaient pas sauvé des vies, mais coûté beaucoup, indiquant clairement que ce type de mesure s’était avéré contre-productif (Morgan 2020).
L’ancien directeur du ministère israélien de la Santé, le professeur Yoram Lass, a déclaré que les mesures de confinement étaient totalement disproportionnées et constituaient une menace sérieuse pour des centaines de millions de personnes. Selon lui, Covid-19 est comparable à une épidémie de grippe, un fait qui ne justifie pas la destruction politique des moyens de subsistance de nombreuses personnes. Par rapport à l’hystérie générée autour de la pandémie, il n’a pas hésité à affirmer que la population a été intimidée et que les médias ont lavé le cerveau de sociétés entières (Myers 2020).
Le professeur et directeur du Center for Infectious Disease Research and Policy de l’Université du Minnesota, Michael T. Osterholm, s’est opposé au verrouillage et a préconisé l’immunité naturelle. De leur point de vue, il était préférable de maintenir l’économie en marche et de prendre des mesures préventives pour empêcher les personnes à haut risque d’être infectées, tout en augmentant les capacités du système de santé dans le but de renforcer l’immunité de groupe sans détruire la vie économique du peuple (Osterholm et Olshaker 2020).
On sait qu’une augmentation de 1% du chômage aux États-Unis produit environ 37000 décès (Thomas et alii 2015; Bluestone et alii 1981; Crudele 2020) parmi les suicides, les crises cardiaques, les admissions dans les hôpitaux psychiatriques, les admissions en prison et les homicides. S’il est vrai que les choses ont peut-être changé depuis les premières études sérieuses sur cette question dans les années 1980, elles sont toujours indicatives par rapport aux effets dévastateurs que le chômage génère en termes de mortalité, et surtout la santé. Il découle donc de tout cela les terribles conséquences collatérales que suppose le confinement, et donc l’interdiction de travailler à une grande partie de la population. Aujourd’hui, nous déplorons 200 000 victimes du coronavirus aux U.S.A. Trump et les dirigeants républicains ont leur part de responsabilité de par leur impéritie.
L’Organisation internationale du travail a produit des rapports plutôt sombres à cet égard, indiquant que, à la suite des mesures adoptées, ce n’est qu’au deuxième trimestre de 2020 que les heures de travail ont été réduites de 6,7%, soit l’équivalent de 195 millions emplois à plein temps. À tel point que dans ses estimations, il estime que 81% de la population active mondiale, soit 3,3 milliards de travailleurs, seront affectés par les fermetures partielles ou complètes de leurs centres de travail respectifs. Les prévisions sont vraiment sombres à cet égard, avec une augmentation drastique du chômage et une baisse tout aussi significative des salaires (OIT 2020).
L’ONU elle-même a mis en garde contre la possibilité de grandes famines qui toucheraient environ 225 millions de personnes dans les pays en développement (Newey 2020). Aux États-Unis seulement, en raison de l’enfermement, 28 millions de personnes peuvent devenir sans-abri (Nova 2020), et on estime que plus de 16 millions de personnes ont perdu leur emploi en raison de la fermeture de l’économie, ce qui représente environ 10% de l’effectif (The New York Times 2020). À quoi on pourrait ajouter l’aggravation d’une mauvaise santé chez les personnes qui souffrent de problèmes cardiovasculaires, sont diabétiques, souffrent d’arthrose, ou de problèmes de différentes natures comme, par exemple, l’autisme, pour n’en nommer qu’un parmi tant d’autres.
De même, nous ne pouvons pas perdre de vue le grand nombre de problèmes mentaux que le confinement forcé de la population a déclenché, ainsi que la campagne médiatique de peur et de panique semée dans les sociétés européennes, un problème que le Dr Luis de Benito a souligné à plusieurs reprises (Benito 2020), et que des informations récentes provenant d’autres pays, comme les États-Unis, semblent le corroborer (DePompei 2020), auxquelles il faut ajouter le développement de nouvelles addictions. Les suicides causés par la propagation de la peur dans les médias ne sont pas moins pertinents. C’est le cas des soi-disant «suicides corona» en Allemagne, où des personnes qui avaient peur d’être infectées ont décidé de se suicider. Le professeur Michael Tsokos a critiqué l’attitude irresponsable des médias et de certains virologues avec la propagation de la panique à travers des scénarios horribles qui, de son point de vue, produiront une pandémie de problèmes mentaux (Bürkner 2020). Ainsi, par exemple, les suicides et les tentatives de suicide à Berlin ont considérablement augmenté avec l’épidémie de covid-19 (Tichys Einblick 2020).
À cela, nous devons ajouter les décès collatéraux de la détention. C’est ce qui s’est passé en raison de la perturbation du système de santé avec la réduction drastique des services lors du traitement de patients souffrant de maladies et d’affections qui n’étaient pas une priorité (Nuki 2020). Il est également nécessaire de mentionner la peur des patients de se rendre dans des hôpitaux ou des cliniques de peur d’attraper Covid-19, une circonstance qui a entraîné une diminution du traitement des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux jusqu’à 60% (Krumholz 2020). Des décès supplémentaires pour des raisons autres que le covid-19, mais indirectement liés en raison des effets perturbateurs des mesures prises pendant la pandémie, pourraient représenter 30% du total des décès au cours de cette période (Ceely 2020). Les diagnostics qui ne seront pas faits à temps, ou cela ne sera tout simplement pas fait, mènera à la mort d’un nombre considérable de personnes car les soins médicaux ont été limités et réorientés vers le traitement de la covid-19. En général, il existe des preuves assez claires que le confinement détériore la santé, comme on l’a vu dans les maisons de retraite médicalisées où les mesures d’isolement ont entraîné la mort de résidents. Nous ne pouvons pas oublier qu’après tout, la solitude est un accélérateur de la mort chez les personnes âgées, ce qui explique que dans les sociétés esquimaudes, les personnes âgées s’éloignent volontairement du groupe auquel elles appartiennent pour se permettre de mourir seules.
Sur la base de ce qui a été dit jusqu’à présent, on peut en déduire que les décisions prises dans la gestion de l’épidémie ont suivi un critère politique, et non un critère médical ou sanitaire, comme l’Etat a d’abord tenté de faire croire à la population pour légitimer les mesures adoptées. De cette manière, l’épidémie a été un prétexte par lequel l’État a accru son pouvoir et étendu son contrôle social. C’est du moins ainsi que cela apparaît clairement pour de nombreux pays qui ont opté pour une approche d’intervention maximale de l’État.