Nous, gilets jaunes de Damigny (61), sommes tristes d’avoir assisté au malheureux spectacle de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, à Paris. Comme beaucoup d’amoureux d’Histoire et de culture, en France et à travers le monde,
nous mesurons les dommages irréparables et la perte qui vont s’ensuivre. Nous souhaitons voir reconstruire au mieux cet édifice qui, bien au-delà d’un ouvrage religieux, fait partie du patrimoine mondial de la culture.
Cependant, nous tenons à dire que ce qui s’est passé est l’affligeant symbole de la manière dont sont traités les trésors culturels en régime capitaliste néolibéral.
Depuis des dizaines d’années, le patrimoine culturel, en tant que partie prenante d’un service public lui aussi maltraité, est l’objet d’un mépris, d’un laisser aller, d’une maltraitance insupportable. Plus aucun projet, plus aucun souffle, plus aucune politique sérieuse ne vient redonner vie et accroître ce qui fait aussi battre le coeur d’une société : l’art, la culture, la transmission de monuments qui témoignent de l’Histoire de l’humanité et de sa grandeur. Dans une société où seul le profit est roi, un patrimoine qui ne rapporte pas – tel n’est pas son but – tombe en ruines, disparaît, sans même
parfois que le plus grand nombre ne s’en aperçoive.
Notre-Dame doit être reconstruite, mais plus largement, l’art et la culture doivent retrouver la vie et s’offrir gratuitement à l’humanité. Des dizaines de milliers de sites doivent en France est restaurés, sauvés. Nous connaissons toutes et tous des ruines chargées d’Histoire(s) dont la vue nous attriste. Tout cela doit revivre.
Mais l’art est aussi vivant, et la danse, le chant, la musique, le théâtre, le cinéma doivent enfin être accessibles à toutes et tous. Ils ne doivent pas être réservés à une élite qui en a les moyens. De même l’enseignement de l’art doit trouver une place incontournable dans les programmes scolaires pour donner le goût à un peuple qui s’en écarte de découvrir sa culture et celle des autres.
Oui, tout cela coûte, et en régime capitaliste c’est donc sans intérêt car cela ne rapporte pas, ou peu. Et alors !
L’argent existe, nous gilets jaunes ne cessons de le rappeler. 4 milliards envolés du fait de la disparition de l’ISF, 40 milliards de CICE donnés sans contrepartie aux entreprises, plus de 100 milliards d’évasion fiscale que les bourgeoisies au
pouvoir ne veulent pas aller chercher… Combien le patrimoine reçoit-il, face à ces sommes folles ? En plus du budget dérisoire d’un ministère couvrant toutes les dimensions de la culture… notre patrimoine a bénéficié d’un loto qui aura
apporté en tout et pour tout une quinzaine de millions !
Nous devons lutter pour imposer un réel financement de ce qui nous tient à coeur. Culture, services publics, fin de toute précarité, seuls nos combats nous permettront d’obtenir des résultats.
Mais nous ne nous leurrons pas. Tant qu’existera le capitalisme la lutte sera constante pour voir nos désirs et nos besoins satisfaits. Avancées et reculs se succéderont sans cesse jusqu’à que nous réussissions à abattre le monstre capitaliste qui dirigent nos vies et détruit le monde.
Quand nous triompherons, quand la démocratie, la vraie, directe, sans Etat, chefs ou représentants sera là, quand nous autogérerons nos vies et nos lieux de vies, alors nous déciderons de ce qui est nécessaire, vital, important. Alors les marchés, les profits et l’argent seront de lointains souvenirs.
Et l’humanité vivra dans l’âge de la culture, elle pourra se promener parmi tout son patrimoine en sachant qu’elle est belle, digne et qu’elle voit le monde sur les épaules des géants qui l’ont précédé.
Les gilets jaunes de Damigny