Pour les 150 ans de la Commune, pas question de laisser les différents courants marxistes s’approprier une expérience dont ils ne sont aucunement les initiateurs. Faire de la Commune le premier gouvernement de dictature du prolétariat est une mystification et discrédite les Communards. Selon Duclos, la Commune aurait manqué d’un leader…Les marxistes comme à l’accoutumée transforment la réalité. Cette dernière est bien autre et peu glorieuse.
Faisons un petit bilan du communisme étatique
Les communistes refusent toujours de voir les massacres de masse et la nature totalitaire des régimes qu’ils ont mis en place sous toutes les latitudes. Du bout des lèvres, certains ont dénoncé les dérives staliniennes. C’est devenu difficile de cacher des centaines de milliers d’exécutions lors des purges de 1937-1938. La Tchéka, puis le guépéou et ensuite le KGB ont emprisonné, torturé et tué, avec une violence aveugle et arbitraire. Nous pourrions ajouter la famine orchestrée par Staline en Ukraine en 1932-1934 qui causa la mort de plus d’un million de personnes. Les déportations, Cronstadt… et ce Lénine, en 1921 qui jouait aussi à l’affameur : « Dans tous les villages, emparez-vous de 15 à 20 otages, et en cas de quotas non remplis, alignez-les tous contre le mur. » Voilà des leaders, sauce PCF.
Les répressions léniniste, trotskyste, stalinienne en Russie, seront suivies ailleurs de celles de la Révolution culturelle en Chine (1966-1976) puis celles de Pol Pot (1975-1979) qui causa selon les estimations la mort de 1,7 million de Cambodgiens. etc.
Les ressorts du militantisme autoritaire (fascisme rouge comme fascisme brun) reposent sur l’aveuglement, le fanatisme, l’ignorance, la propagande, la perte de l’esprit critique qui empêche de découvrir la réalité d’un régime dictatorial, et aussi un entre soi militant qui devient hermétique à la réalité et crée une bulle de bienpensants…du parti aux commandes.
Tout cela relève de la croyance, de la foi et crée un monde très binaire, une séparation du monde en deux, nous, les purs, et les autres. Ce qui a pour effet d’induire un système de peur où la liberté de penser, du moins d’exprimer ses opinions publiquement devient impossible.
Les idéologues pensent à votre place, mettent en place un régime dictatorial qui s’appuie parfois sur la répression brutale (Tiananmen en Chine) ; Ouïgours aujourd’hui … Et il ne faut pas dédouaner le rôle des intellectuels européens par exemple sur lesquels s’appuie la propagande gouvernementale des dictateurs. Le marxisme-léninisme dans sa pratique conjugue le sentiment d’intrusion dans la vie privée et celui d’injustice.
L’Etat totalitaire devient rapidement maître de la surveillance de la vie publique ainsi que de la vie privée, et essaie de contrôler ce que les gens pensent : la Stasi en RDA fut un bon exemple orwellien.
Le marxisme- léninisme est une idéologie de l’écrasement de l’individu qui empêche la pensée personnelle, le libre arbitre et induit l’idolâtrie des cadres qui ont intérêt à profiter des avantages d’un système bureaucratique. Les communistes de base ventriloquent les citations de leurs maîtres à penser, un peu comme ces prêtres qui récitaient la messe en latin, incompris du peuple.
Les promesses du communisme, doctrine à prétention humaniste en théorie, sont jetées aux orties ou plutôt ont jeté tant de destins dans des univers concentrationnaires où les fantômes des camps et le bruit des chaînes pulvérisent l’idéologie marxienne et le marbre de la doxa. Tant de gens broyés, la sueur sur les épaules et des reins brisés par le labeur obligatoire…tout cela au nom de l’idéologie marxiste. Briser l’individu, que de similitudes avec les bagnes de Cayenne à une autre époque en Guyane, sous gouvernement républicain.
Il est temps de rompre les amarres avec les idéologies mortifères.
Un certain type de militantisme entraîne une addiction dans un milieu parfois pathogène. De loin, la dépendance est insoupçonnable. Mais de près, le militantisme, du latin militare (être soldat, faire son service militaire) s’apparente dans bien des cas à un enrégimentement sous une bannière partidaire ou militaire. Parfois les deux à la fois.
Les Congrès du Parti, séances de catharsis collective, livrent leur vérité subjective de laquelle il ne faudra pas dévier. Souvent il vaut mieux avoir tort avec le parti que raison contre.
Le communisme autoritaire est une toxine idéologique qui gangrène les utopies qui deviennent avec le temps, meurtrières et laissent peu de place à une alternative plus humaine. La paranoïa gagne les responsables politiques qui désirent garder leur leadership et leur autorité. L’élite au pouvoir condamne la pluralité des perspectives qui remettent en question bon nombre d’idées reçues. Au trou, les contestataires, au poteau les dissidents ceux qui récidivent.
Les opérations polyphoniques de désinformation portent atteintes aux droits de l’homme.
Les structures de pouvoir basées sur une bureaucratie crasse broient la résistance de l’individu qui n’est plus en mesure d’agir face aux injustices, aux conditions d’existence dégradantes.
Les libertaires ont dénoncé avec prémonition, notamment Proudhon et Bakounine, les dangers du communisme autoritaire. L’Histoire a invalidé le communisme autoritaire comme système émancipateur. Les anarchistes sont des insoumis, les scribes et porte-paroles des humbles et des déshérités. Mais nous voulons changer l’ordre des choses dans la liberté. Comme Boris Vian, nous sommes du côté des déserteurs. Nous sommes aussi des flibustiers qui ont besoin d’horizons. Nous n’avons rien à confesser. Nous sommes viscéralement méfiants vis-à-vis de tous les partis politiques, méfiants des diverses coteries intellectuelles toujours prêtes à vouloir être reconnues et adulées, méfiants des caresses qui tentent de nous amadouer, méfiants des honneurs qui nous mettent dans les cages des pourvoyeurs de légions.
Nous n’avons aucune aspiration au totalitarisme, à la soumission, à l’obéissance, à la servitude et la surveillance volontaire. Nous sommes sur une ligne de refus de l’oppression et nous valorisons toutes capacités de rébellion de l’être humain. Notre aptitude à transgresser les codes et à créer nous évitent tout esprit grégaire, toute idée contraire aux rationalités du moment ; nous nous opposons à ceux et celles qui n’ont aucune perspective de rêves. Nous refusons de même l’avenir que l’on nous programme. Nous avons lu Orwell et Camus. Le socialisme réel des communistes, l’Homme nouveau des polit bureau, ce n’est pas notre tasse de thé ; il y a trop de cadavres dans les placards, trop de misère et de trop de chagrin. Quelle porosité entre imaginaire et tragédie humaine !
Alors, la Commune n’est pas marxiste ; dès Marx, se crée un écart historique entre l’interprétation et l’événement. Vive Louise Michel ! Vive la Commune !
Patoche (GLJD)