
Les sécheresses, les incendies et les crises climatiques sont de plus en plus présentes dans nos vies et cela ne va pas aller en s’améliorant d’autant que de puissants lobbies tentent de freiner toutes mesures pour diminuer l’impact du réchauffement climatique. Un raisonnement à court terme pour de juteux profits tout de suite.
Un rapport du Sénat estime qu’à l’horizon 2050 la variabilité saisonnière des précipitations pourrait augmenter (+ 15 % en hiver, – 10 % en été), les débits moyens annuels pourraient diminuer (– 10 à 40 %) et les nappes phréatiques se rechargeraient moins vite (de 10 à 25 %). C’est dans 25 ans, donc demain. Nous nous dirigeons vers une déstabilisation des milieux naturels et de la biodiversité, une déstabilisation des ressources et de l’approvisionnement en eau potable. On constate aujourd’hui avec les incendies dans l’Aude que tout le matériel disponible pour lutter contre des feux dantesques étaient tous utilisés, ce qui veut dire que si d’autres incendies se déclaraient sur une autre partie du territoire, les moyens en pompiers, canadairs, hélicoptères bombardiers d’eau, Dash, etc. seraient absents et qu’il faudrait faire appel à d’autres pays européens qui pourraient eux-mêmes être confrontés au même problème : Grèce, Espagne, Portugal…
Les conséquences des sécheresses sont importantes et sources de conflits d’usage. La situation nous impose de repenser notre modèle d’utilisation de l’eau. La pollution de l’eau, nous l’avons indiqué à maintes reprises dans les colonnes du Libertaire, est multifactorielle et est dangereuse pour l’environnement et la santé humaine.
De nombreuses industries polluent: pollution chimique (produits, hydrocarbures…) et thermique (eaux de refroidissement rejetées plus chaudes dans les cours d’eau).
L’agro-business est responsable des déjections animales (bactéries…), engrais azotés, phytosanitaires…ce qui conduit entre autres choses aux algues vertes en Bretagne par exemple.
Mais la pollution domestique existe aussi avec nos eaux usées et nos produits d’entretien utilisés au quotidien…
Ces pollutions entraînent de nombreuses perturbations sur les milieux aquatiques. Elles présentent également des risques pour la santé humaine (bactéries sources de maladies, produits chimiques potentiellement toxiques…Si on ajoute les micro-plastiques, pesticides, herbicides, PFAS, médicaments, métaux lourds… ce cocktail s’accumule dans les nappes phréatiques, ruisseaux, rivières, mers et océans. La liste des polluants s’allonge de jour en jour et l’on s’aperçoit que la transparence n’était pas de mise et que les dangers pour la santé étaient au mieux sous-estimés, au pire dilués et éludés complètement. La colère monte devant tout ce mépris. La contamination de l’eau potable aux PFAS (“polluants éternels”) a amené la préfecture du Haut-Rhin à interdire sa consommation aux populations les plus fragiles. Des collectifs citoyens se montent, s’organisent et demandent des comptes comme dans le département susmentionné par exemple. Des plaintes sont déposées pour « mise en danger de la vie d’autrui », « distribution d’un produit nuisible à la santé » et « infractions environnementales » contre l’agglomération et Veolia, qui ont caché une contamination depuis deux ans. Devant ces scandales et sous prétexte de faire preuve de plus de transparence, l’État vient de rendre publique la carte de la pollution des eaux aux PFAS. L’Etat commence à être poussé dans ses retranchements même s’il continue tant qu’il peut à être complaisant avec les pollueurs. Les anarchistes ne font absolument pas confiance à l’Etat. A notre sens des solutions existent mais ne sont pas mises en place car elles représentent un coût pour les grosses entreprises qui auraient pourtant les moyens de remédier aux problèmes en rognant leurs marges. Le combat pour faire payer les véritables pollueurs et pour les empêcher de nuire ne passera pas par les politiciens mais par la mobilisation des gens et le contrôle que la population réussira à imposer sur les faits et gestes des technocrates et autres irresponsables qui sont au pouvoir.
Le problème de l’eau n’est pas nouveau pour les anarchistes. Elisée Reclus dans Histoire d’un ruisseau, Histoire d’une montagne, L’Homme et la Terre etc. aborde « l’eau » dans toutes ses dimensions. Géographe prolixe, il s’est aussi fait remarquer pour sa préoccupation pour la nature, qui traverse ses écrits tout au long de sa vie. C’est à cet idéal de coexistence entre l’homme et son milieu qu’il consacre les dernières années de sa vie. Elisée Reclus articule esprit de liberté, nature, solidarité, entraide et anarchisme.
Voilà en quoi, Elisée Reclus était un précurseur de l’écologie sociale et libertaire. Et l’eau est source de vie. Depuis la nuit des temps, les groupements humains se sont installés près des sources et autres points d’eau. L’eau est vitale pour le genre humain. Pas question de laisser quelques inconscients profiteurs s’accaparer et polluer un bien commun.
Micka (GLJD)
PS : Des taux de pollution de microplastiques « incommensurables » ont été retrouvés dans les eaux Contrex et Hépar, selon le magistrat chargé de l’enquête préliminaire dans le cadre des poursuites contre Nestlé Waters concernant des décharges sauvages de déchets polluants dans les Vosges, révèle samedi 9 août 2025, Mediapart.