Plus belle la politique

C’est le nouveau feuilleton qui va nous tenir en haleine jusqu’à la mi-juillet 2024. Cette série TV basée sur des faits réels ne s’en laisse pas moins regarder. On ne s’en lasse pas. C’est haletant, hilarant et les rôles principaux sont joués par des acteurs de talent connus de longue date. Dès le premier épisode, Eric Ciotti s’enferme dans son bureau après avoir signé un accord avec le RN pour les législatives des 30 juin et 7 juillet. Action personnelle et solitaire ? C’était sans compter sur les barons noirs de LR. La vice-présidente arrive au local des républicains et ouvre la porte avec un double des clefs. Suspense à son comble. Ciotti, LR d’un con, n’en démord pas, c’est lui le boss qui tire sa légitimité des militants et les autres ne sont que des usurpateurs et autres imposteurs. Après Ciotti reclus, c’est Ciotti exclu. Les jeunes LR se déchirent aussi, il faut bien que jeunesse se passe. Planté par nombre de ses anciens amis, Ciotti ne pensait pas qu’autant de jeunes ne le suivraient pas. Tu quoque mi fili, toi aussi mon fils. La tragédie grecque où l’on va se faire voir devient latine. Ave Ciotti. On ne dit pas Ciao car avec sa nouvelle cousine, Marine, l’avenir va lui sourire, du moins il le croit.

Dès le deuxième épisode, c’est Marion qui se fait exclure de Reconquête. Maréchal nous revoilà ! Trahisons, combines, petits arrangements, tambouille…tous les ingrédients de la politique politicienne sont présents. Un vrai rata. Et la Marion fout à poil Zemmour car elle se barre avec trois autres eurodéputés fraîchement élus. Et s’il n’en reste qu’une, ce sera Sarah. Alors Reconquête va vite rimer avec oubliettes. Quatre députés sur cinq, quand même. C’est pas des petits joueurs chez Reconquête. Sarah préfère être seule que mal accompagnée. Son couple résistera-t-il à la tempête de Reconquête ? L’avenir nous le dira.

Nous pourrions en faire des tonnes avec la gauche aussi, toute aussi ridicule, et comme le disait un certain Faure, pas celui du PS, c’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. Les tractations entre appareils de gauche se sont déroulées dans le seul but de sauver leurs sièges aux législatives, c’est cela leur accord en priorisant les élus sortants. Front populaire ou front des opportunistes ?

Alors, les sondages annoncent un RN à 31%, un « Front Populaire » à 28% et Renaissance à 18%.

Si l’on tient compte de ce sondage, le RN est crédité d’un nombre de députés oscillant entre 220 et 270. Ce serait alors une chambre bleue marine ou presque.

Mais, on voit bien tous les adversaires du RN jouer sur la peur d’une arrivée de Jordan Bardella au poste de premier ministre. Et jouer sur les émotions est le meilleur moyen de contrarier son ennemi.

Qu’il nous soit permis de douter d’une majorité de députés RN à l’Assemblée. Certes, le RN risque de doubler son nombre de députés, le passant à 180 mais cela ne sera pas la majorité absolue. Pourquoi ? Parce que le scrutin européen est différent d’un scrutin législatif à deux tours et non proportionnel. Il est clair que l’élection aux européennes a été un vote sanction contre la politique du gouvernement et plus encore contre Macron qui cristallise les mécontentements de par son attitude.

Aux législatives, ceux et celles qui se présentent sont en général des figures locales, connues et il y a autant d’élections que de circonscriptions. Les grandes villes ne votent pas généralement pour le RN aux législatives. Et si par exemple, le RN a engrangé 25,58% en Bretagne, on le voit mal obtenir plus d’un député dans cette région.

Pour contrer l’extrême-droite, nous devons nous recentrer sur nos thèmes de prédilection : la justice sociale et la justice fiscale, la dignité au travail contre le management et la souffrance qu’il induit, l’augmentation des salaires et la baisse du temps de travail, la dénonciation de l’inaction climatique. Donc répartition des richesses et du temps de travail, priorité au vivant : urgence sociale et climatique.

Ce qui est troublant, c’est de constater que des villes historiquement tenues par le Parti communiste et ayant encore un maire communiste en place aujourd’hui, ont voté à 45% et 47% pour le RN…(Harfleur, Gonfreville l’Orcher…dans la région havraise). A Bolbec (Seine-Maritime), ancien bastion communiste, c’est un score de 51% pour le RN. Ce sont des villes où l’immigration est peu présente.

Nous avons déjà abordé les ressorts du vote d’extrême-droite : la xénophobie celle du racisme résiduel mais surtout celle due à une concurrence sur le plan de l’emploi ou dans l’accès au logement et certains services publics, le sentiment de déclassement social, l’abandon des services publics notamment dans le milieu rural, le manque de transports pour désenclaver les villages et petites villes, la peur d’une guerre avec la Russie etc.

Ne pas s’attaquer à ces causes ou ressentis, ne pas démanteler les ghettos, c’est faire le lit d’une extrême-droite qui ne peut que s’accroître et nuire au fil du temps.

En attendant, suivez avec délectation le feuilleton de l’été que l’on pourrait rebaptiser « Poubelle la politique ». Ne comptez pas sur les anarchistes pour participer aux mascarades politiciennes, au bal des hypocrites et aux fossoyeurs de nos libertés.

Goulago (GLJD)