Ni dieu Ni maître Ni prophète

Art de rue

Les jeunes générations nous dépassent à toute vitesse. Cela ne les empêche pas de vivre dans une société où engrenages et automatismes dominent et castrent la plupart des individus. La machine sociale balise l’humain dans des passages, protégés par big brother, et de bureaucratie de vivre grandissante. Jouir sans entrave est une des seules perspectives et certitudes qui nous restent.

Nous sommes rétifs aux symboles qui unissent la croix, les minarets, les temples, la faucille et le marteau, le croissant vert ou rouge, les menhirs, les dômes, les cloches, les pas cloches…Ces fourre-tout qui s’entendent pour mieux nous contraindre, nous faire plier le genou et nous dominer. Pas question de s’incliner devant un dieu ou un dictateur.

Nous avons un besoin de séparatisme, pas celui de Macron, mais celui qui nous permettrait de créer un monde nouveau afin de sceller un pacte d’amitié et d’égalité entre les hommes et les femmes.

L’intelligence peut-elle arriver à résoudre les problèmes humains quand la connerie domine par essence ? La bêtise immortelle mène à tous les massacres, toutes les dictatures y compris celle du communisme.

Peut-on réconcilier des irréconciliables ? Avec des gens qui ne pensent pas mais qui calculent.

L’éducation, ce dressage qui ne dit pas son nom, est facilitée par un atavisme séculaire. Il y a des gens qui ont des siècles d’esclavage de la pensée derrière eux.

La société n’est pas responsable de tout mais de nombreux individus agissent et font des saloperies pour leur propre compte.

L’intelligence, c’est de la sensibilité cristallisée et nous refusons de céder à la désensibilisation en cours de la société. Les morts par dizaines, par centaines, par milliers ou millions, sont toujours des morts de trop. On ne pardonne pas et on n’oublie encore moins. La haine et le ressentiment ont un dynamisme phénoménal. On est rarement immunisé contre la rancune et il est moins important de perdre que de se perdre. La résignation n’est pas de notre famille. L’analyse nous guide ; c’est pour cela que nous exigeons l’égalité économique et sociale dans la liberté. De bonnes âmes se font accusatrices devant les pauvres qui se révoltent et parfois font acte de violence. Nous faisons parfois appel à la littérature car celle-ci définit mieux que des paroles militantes certains faits : « Cette ruée au pillage est une réponse naturelle d’innombrables consommateurs que la société de provocation incite de toutes les manières à acheter sans leur en donner les moyens. J’appelle « société de provocation » toute société d’abondance et en expansion économique qui se livre à l’exhibitionnisme constant de ses richesses et pousse à la consommation et à la possession par la publicité, les vitrines de luxe, les étalages alléchants, tout en laissant en marge une fraction importante de la population qu’elle provoque à l’assouvissement de ses besoins réels ou artificiellement créés, en même temps qu’elle lui refuse les moyens de satisfaire cet appétit. » (Romain Gary).

L’autre provocation, celle des caricatures par exemple, est une forme de légitime défense. Le militant s’érige en redresseur de torts : rage et hargne s’emparent des rebelles devant leur impuissance à régler un problème et inverser le cours des choses. La colère est mauvaise conseillère mais quand elle n’est plus que la seule solution, que faire. Attendre la désobéissance civile, la non-violence en attendant le retour de balancier car notre cerveau crie au secours chaque fois qu’une injustice se fait jour ou tout simplement pour défendre ses droits.

La TV nous sert au 20 heures ses tonnes de bombes, de guerres, de viols, de cadavres,  de misère, de migrants, de populations déplacées, de crève-la-faim… toutes horreurs qui ont un impact sur les consciences non avilies mais glissent dans l’indifférence avachie de la plupart des téléspectateurs. Les érudits appellent cela la fatigue compassionnelle.

D’autre part, pas de casseurs, pas de 20H. Les black blocs font du troc avec les policiers : pavés contre lacrymos et quand les enchères montent, pavés contre yeux crevés ou mains arrachées. Il faut bien faire peur aux manifestants. Le but du « maintien de l’ordre » consiste dorénavant à dissuader les gens de manifester. Rester chez vous ou votre intégrité physique pourrait en pâtir. Si ça continue, on trouvera Paris, toutes tripes dehors.

Les surenchères de la propagande politique, leur dévergondage du langage, leur inflation verbale, leurs superlatifs déconnectés du réel, leur magma dialectique nous font vomir ad nauseam.

Rien de ce qui est humain ne nous est étranger même si on s’exaspère souvent de ne pouvoir aider ce dernier ou remédier aux problèmes. Mais il existe aujourd’hui une casuistique qui vous dispense de laisser votre place assise à une personne âgée dans le bus ou de porter les courses d’un vieux monsieur à l’étage. Autres temps autres mœurs ; o tempora, o mores car nous lisons aussi des BD. La morale anarchiste nous conduit finalement à respecter les autres et à être finalement bien élevés.

Nous sommes des rêveurs invétérés cependant capables de percevoir la réalité. Nous sommes pour toutes les formes de la critique et de la contestation réfléchie, pour une société sans classes et pour l’universalité. Santé et anarchie.

Patoche (GLJD) – Groupe libertaire Jules Durand