
Le 25 novembre 2025 n’est pas qu’une date : c’est un combat à mener chaque jour, dans chaque quartier, sur chaque lieu de travail et dans chaque espace de vie. Selon le rapport de la Mission interministérielle pour la protection des femmes portant sur 2024, chaque jour plus de trois femmes sont victimes de féminicide ou de tentative de féminicide conjugal en France. La lettre rappelle aussi que toutes les deux minutes une femme est victime de viol, de tentative de viol ou d’agression sexuelle. Et l’année 2025 sera peut-être bien pire.
Les féminicides, les viols… ne sont pas que des chiffres : ce sont des vies fauchées, des victimes dont le nombre ne cesse d’augmenter chaque jour. Ainsi des milliers de femmes et d’enfants demeurent en situation de vulnérabilité. Derrière chaque statistique se cachent des vies et des histoires qui nous interpellent. Chaque féminicide est un signal d’alarme ignoré, une vie fauchée par la négligence institutionnelle et sociale.
Les violences sexistes sont structurelles et revêtent de nombreuses formes. Parmi les plus cruelles figure la violence par procuration, utilisée comme punition et moyen de contrôle par le biais de violences infligées aux enfants ou à leurs proches. Il est urgent de garantir la protection réelle des enfants et leur droit à la parole, en plaçant toujours leur bien-être au cœur des préoccupations. Leur protection ne peut reposer sur la seule bonne volonté individuelle, mais bien sur des politiques publiques fermes, dotées de ressources suffisantes et adoptant une approche féministe.
La responsabilité incombe à ceux qui les laissent sans défense, à la merci de leurs agresseurs, et à ceux qui restent silencieux ou détournent le regard.
La violence intersectionnelle frappe le plus durement celles que le système patriarcal et capitaliste rend encore plus vulnérables : les femmes migrantes, les femmes racisées, les femmes LGBTQIA+, les femmes aux corps non normatifs, les femmes âgées, les femmes handicapées ou en situation de dépendance, ainsi que les femmes soignantes, qui sont également confrontées quotidiennement à la violence sous toutes ses formes, y compris la violence institutionnelle.
Rendre ces réalités visibles et agir dans une perspective inclusive et transformatrice n’est pas une option : c’est une nécessité. L’intersectionnalité est essentielle pour élaborer des réponses qui ne laissent personne de côté. La violence institutionnelle revictimise, invisibilise ou néglige les victimes. Les institutions censées garantir les droits deviennent des instruments d’exclusion, aggravant la précarité et l’exposition à d’autres formes de violence.
Se concentrer sur les victimes n’a pas fonctionné : concentrons-nous sur les agresseurs. La condamnation sociale, la culpabilité et la honte doivent leur être adressées.
Des ressources publiques sont nécessaires ; une formation féministe, un soutien global et une véritable autonomie pour toutes les victimes de violence doivent être mis en place. L’éducation et la formation doivent devenir des piliers fondamentaux de toute politique publique de lutte contre les violences sexistes.
Les violences sexistes se réinventent également sur les réseaux sociaux, reproduisant les mêmes schémas de domination et d’assujettissement chez les jeunes. Le harcèlement, la surveillance et l’humiliation numérique sont de nouvelles formes de contrôle patriarcal qui renforcent les inégalités. L’exposition constante à des contenus sexistes, au culte du corps et à des modes de vie irréalistes amplifie le message de violence, de subordination et d’une utopie réactionnaire déguisée en choix. Le masculinisme s’invite dans le débat rance initié par l’extrême-droite.
Prévention, éducation affective et sexuelle, une culture numérique dans une perspective féministe, le tout conjugué pour démanteler ces systèmes, et que les plateformes numériques assument leurs responsabilités face à cette violence.
Les guerres et les génocides, comme ceux subis par les peuples palestinien et soudanais, ainsi que les déplacements forcés de populations, sont des expressions extrêmes de la violence patriarcale, capitaliste et coloniale. Il ne peut y avoir de paix sans justice féministe.
Nous devons exiger la fin de toutes les formes de violence :
Le travail, qui nous exploite et nous précarise, en niant nos droits et l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Le harcèlement sexuel, qui nous agresse et nous objectifie, normalisant ainsi les abus.
Un système de santé qui ignore nos besoins et nos décisions.
Un système judiciaire qui interroge les victimes, les revictimise et favorise l’impunité.
Économique, qui entretient la dépendance et la féminisation de la pauvreté.
Institutionnelle, qui ne parvient pas à prévenir, protéger, réparer et garantir.
Il faut se libérer de la culpabilité et de la honte. Nous ne devons pas rester silencieux, nous ne devons pas détourner le regard. La responsabilité est collective : le silence est aussi une forme de complicité.
Car tant qu’il y aura une seule personne menacée, il n’y aura ni justice ni liberté.
Votre silence vous rend complice. Il faut en finir avec les violences sexistes.