L’étincelle révolutionnaire de l’activisme climatique?

Les climatosceptiques y vont de leur couplet. Regardez l’été pourri que l’on a eu au-dessus de la Loire. Même si les canicules en Rhône-Alpes vont bon train aujourd’hui. Ils ressortent les vieilles archives de l’été 1911 où durant deux mois la population française a suffoqué avec un bilan très lourd de 40 000 décès notamment des enfants en bas âge.

Le R.N. s’engouffre dans la brèche sans toutefois remettre en cause l’origine anthropique du réchauffement climatique ; le consensus scientifique est passé par là. Mais il lui reste des marges de manœuvre. C’est un parti qui concurrence le PC de Roussel et inversement. Il ne faut pas emmerder les Français et il faut arrêter l’écologie punitive. Il faudrait une écologie de bon sens et le tour est joué. Il faudrait aller vers les jours heureux et stopper tout ce qui est pessimiste et alarmiste. Voilà les recettes magiques des politiciens du terroir. Car l PC tout comme LFI aimeraient bien s’implanter dans le monde rural tandis que Marine Le Pen entend, elle, cliver les citadins avec son électorat rural et rurbain. On égratigne au passage Sandrine Rousseau et ses propos sur le barbecue et on se fait les défenseurs du consommer Français et des coutumes françaises ; les thématiques identitaires ne sont jamais loin à l’extrême droite. Chez certains communistes non plus.

Alors, Le Pen essaie de se mettre dans la poche ceux tirent bénéfice de l’agrobusiness, et en même temps les petits paysans et les habitants des petites villes qui voient les services publics de déliter jour après jour puis disparaître. Car le R.N. dans le Nord et l’Est et maintenant dans l’Eure…entend relier écologie et questions sociales. C’est très finaud. Dans le Sud, du côté de Nice, l’extrême droite sort déjà des autocollants dénonçant l’injustice sociale, la misère…afin de faire concurrence à l’extrême gauche et aux libertaires. Les gens ont vu l’électricité augmenter de 10%, c’est la faute à la transition écologique. L’essence vient de prendre 10 centimes en une semaine ; ça pénalise les déplacements de ceux et celles qui travaillent et ont parfois deux voitures. L’extrême-droite a compris la colère des gilets jaunes et désire capitaliser les colères des ouvriers qui viennent de se faire avoir pour les retraites et toutes les personnes qui ont du mal à finir le mois : salaires et retraites insuffisants. Sans compter les chômeurs qu’on présente de plus en plus comme des fainéants.

Le R.N. est dans l’enracinement. Gageons que les relais de la FNSEA viendront corroborer ce discours qui va dans le sens de leurs intérêts. Un peu comme chasse pêche et traditions. Et le R.N. n’est pas à une contradiction prêt, nous l’avons bien vu sur les néonicotinoïdes où d’un côté la disparition des abeilles a été dénoncée et de l’autre proposa une loi réautorisant de l’acétamipride pour l’industrie betteravière. L’extrême-droit va jouer aux défenseurs des plus démunis en attaquant les zones à faibles émissions. Elle va tenter d’aguicher les maires qui veulent développer leurs communes en se posant contre les ZAN (Zéro artificialisation nette). En prônant la France pavillonnaire. Sur le plan de l’écologie tout est prétexte à freiner des quatre fers les propositions visant à limiter le réchauffement climatique. Et comme au niveau gouvernemental, la bande de technos au pouvoir ne voit pas plus loin que le bout de leur nez, le tapis rouge se déroule lentement mais sûrement pour Marine Le Pen.

Le camp lepéniste a donc pris un virage sur l’écologie. Et cette facilité déroutante avec laquelle il explique que la science résoudra le problème climatique. Ce n’est plus la fée électricité mais la fée écolo-nucléaire. Mais d là à faire le parallèle entre défendre la biodiversité et celle des « races », il n’y a qu’un pas. Et à la droite de l’extrême-droite, nous retrouverons les militants qui s’attaqueront au droit à l’avortement, aux droits LGBT+…pour défendre la planète et le genre humain. Le greenwashing d’extrême-droite est sur les rails.

Du côté des libertaires, que constatons-nous ? Que la vie sur Terre se meurt sous nos regards étonnés. Selon les dernières études scientifiques, la mondialisation industrielle est responsable du dépassement de 6 des 9 limites de sécurité pour la vie sur notre planète. Parmi eux figurent le dépassement prochain de 1,5 degré de réchauffement climatique (certainement avant 2030) et le chaos climatique qui en découle, le déclenchement de la sixième extinction massive d’espèces et la rupture de divers cycles d’autorégulation de la Terre. Nous savons ce que cela signifie : la mort et la souffrance à une échelle jamais vue auparavant. Et non, cela ne sera pas résolu par la science ou la technologie, simplement parce que cette civilisation crée des problèmes plus nombreux et plus importants qu’elle n’est capable de résoudre.

Les institutions ont échoué dans la plus élémentaire de leurs fonctions, qui devrait être de sauvegarder le droit à la vie de leur population. Plus personne n’est en sécurité ; tout ce que nous aimons est en danger. Les gouvernements sont les laquais des élites financières, dont la cupidité est supérieure à ce que notre planète est capable de supporter. Alors que le monde s’effondre, ils battent des records de profit chaque année au prix de l’exploitation de nos corps et de notre terre. Ce système est profondément corrompu et corrompt tout ce qu’il touche. C’est pourquoi nous échouons également, parce que nous continuons à jouer selon leurs règles et à perdre du temps à nous disputer les aumônes qui nous sont jetées avec mépris. Parce qu’ils nous vendent leurs déchets et que nous continuons à leur en acheter. Nous acceptons une idée du progrès humain qui n’a rien à voir avec la réalité : nous ne sommes que des animaux narcissiques qui ont un jour découvert le pétrole -et d’autres combustibles fossiles- et laissons les élites corrompues utiliser l’énorme énergie fossile pour s’enrichir et semer la destruction dans chaque coin de la Terre. Nous les avons laissés construire un écran de fumée fait de conforts et de technologies aliénants, alors qu’ils nous ont tout volés, y compris notre dignité. Nous perdons notre dignité à chaque fois que nous nous conformons aux injustices sanglantes qui se multiplient dans le monde, car les plus vulnérables finissent toujours par être les premiers à payer la facture à cause de notre passivité.

Le néolibéralisme, le patriarcat et le néocolonialisme poussent comme un cancer sur notre planète, imposant leurs lois infâmes. Mais leur temps est également compté car, même s’ils refusent de l’accepter, une croissance infinie n’est pas possible sur une planète finie.

Le développement industriel mondial a atteint son zénith et les limites de la planète annoncent un grand changement de cycle. Les crises (multisystémiques) matérielles, énergétiques, écologiques et climatiques nous réveillent à la dure réalité de cette décennie : des crises économiques, sanitaires et alimentaires sans fin, ainsi que la militarisation, le fascisme et la répression pour les gérer. Serons-nous à la hauteur de l’occasion ? Profiterons-nous de cette occasion historique pour nous ranger du côté de la vie dans sa lutte contre le capital ? Arriverons-nous à entreprendre une transition écosociale et libertaire vers un système qui place la vie au centre ou allons-nous sombrer dans la barbarie vers l’extinction? Nous avons la responsabilité collective de résister. Nous avons aussi la responsabilité de combattre l’extrême-droite et sa démagogie.

Ti Wi (GLJD)