
Pour nous autres, anarchistes, anarcho-syndicalisme et syndicalisme révolutionnaire d’avant 1914 sont synonymes. Voici quelques principes clairs :
a) Le principe d’autogestion ou gestion directe. Nous pensons que les personnes concernées par les problèmes doivent être celles qui les traitent. Si personne ne travaille pour vous, personne ne devrait décider à votre place. C’est pourquoi les anarcho-syndicalistes s’organisent en assemblées générales. En son sein, la décision est toujours prise par l’assemblée des membres.
b) Le principe du fédéralisme : chaque syndicat a l’autonomie d’agir dans son domaine et, en même temps, se confédère avec le reste des syndicats pour agir ensemble face aux circonstances auxquelles ils sont confrontés. C’est le principe du fédéralisme opposé au centralisme marxiste et/ou jacobin.
c) Le principe de solidarité et d’entraide : chaque syndicat conclut un pacte de solidarité avec le reste de la confédération, ce qui signifie que toute attaque contre l’un de ses membres entraîne une riposte de l’ensemble de la confédération. Il en va de même pour les membres de chaque syndicat. Nous nous référons de même à l’Entraide de Kropotkine.
d) L’internationalisme prolétarien permet de mutualiser ses efforts pour combattre les ennemis d’extrême-droite, le dérèglement climatique, les multinationales, le militarisme qui remet ça…Car nous savons que nous sommes interdépendants à l’échelle internationale. Contre le néolibéralisme mondialisé, nous opposons l’internationalisme des travailleurs.
Notre tactique: l’action directe
La tactique de l’action directe signifie que les conflits doivent être résolus par les personnes concernées elles-mêmes, sans intermédiaires. Nous pensons que cette approche nous permet d’apprendre à agir sur ce qui nous touche et ainsi d’assumer nos responsabilités. Être anarcho-syndicaliste, c’est prendre des décisions ; et décider est très difficile parfois: c’est affronter les problèmes. Car une fois qu’on se met d’accord sur quelque chose et qu’on essaie de le mettre en œuvre, on constate que nos ennemis naturels – les employeurs – s’y opposent. Leur intérêt est de nous faire travailler le plus possible pour le salaire le plus bas. Nos intérêts sont opposés aux leurs. On veut travailler moins, vivre mieux, et cela se heurte frontalement à leurs projets.
Le fondement de la philosophie anarcho-syndicaliste: l’anarchisme
Toutes ces idées fondées sur l’assemblée s’inspirent des idées anarchistes. L’anarchisme est une philosophie politique qui affirme qu’une société peut s’organiser sans pouvoir, sans coercition ni violence. Nous rejetons l’idée qu’il faille des spécialistes politiques formés pour décider au nom d’autrui. Chaque individu est souverain et peut décider des questions qui le concernent. Ces idées sont adoptées par de nombreux groupes lassés des organisations traditionnelles basées sur le principe de hiérarchie. Des idées alternatives telles que l’autogestion, la participation et la décentralisation sont des idées anarchistes. Il existe une perception négative et erronée de l’anarchie, souvent assimilée au chaos et à la violence. Nous considérons l’anarchie comme synonyme d’ordre non imposé, de liberté et d’absence de coercition.
Nous aspirons à une transformation radicale de la société, à l’abolition du salariat, à une révolution sociale. Notre but est le communisme libertaire, un système socio-économique qui érige la liberté et l’égalité en valeurs fondamentales. Et nous croyons que pour atteindre nos objectifs, nous devons employer des moyens qui y soient compatibles. Tout n’est pas acceptable. La fin ne justifie jamais les moyens. Si nous voulons une société libre, égalitaire et fraternelle, notre organisation et nos actions doivent être libres, égalitaires et fraternelles.
Mais nous croyons aussi que tout acte d’agression de l’État ou des employeurs doit recevoir une réponse. Nous ne tendons pas l’autre joue et nous ne nous résignons pas à l’injustice. Ce principe d’autodéfense implique la confrontation avec les employeurs et les institutions. Pour toutes ces raisons, nous sommes anarcho-syndicalistes.
De la confluence du syndicalisme révolutionnaire, qui prône l’émancipation des travailleurs par eux-mêmes et l’abolition de la société de classes, et de l’anarchisme, avec ses idées d’organisation non hiérarchique et non autoritaire, de cohérence des fins et des moyens, d’établissement d’un communisme libertaire, etc., naît l’anarcho-syndicalisme.
Nos demandes sociales
Nous n’agissons pas seulement sur le lieu de travail, car l’aspect social fait également partie de notre vie.
Nous plaidons pour une égalité totale entre les hommes et les femmes ; nous souhaitons un développement économique qui ne dévaste pas la planète et n’épuise pas ses ressources, tout en promouvant l’écologie.
Nous sommes antimilitaristes parce qu’il n’existe pas de guerre juste, parce que toutes les guerres causent souffrance et mort aux faibles tout en enrichissant les puissants.
Nous rejetons toute discrimination fondée sur le sexe, l’orientation sexuelle, l’apparence ou la race.
Nous nous opposons aux nationalismes, qu’ils soient de grande ou de petite envergure, qui sont si souvent utilisés pour dresser les travailleurs les uns contre les autres au nom d’abstractions telles que la nation et la patrie.
Nous voulons un pays où les dizaines de milliers de prisonniers ne soient pas entassés dans les prisons à cause d’un système qui crée d’abord les inégalités, les crimes…
Nous aspirons à une éducation libertaire dans laquelle garçons et filles reçoivent une éducation fondée sur un système de valeurs éloigné de la compétitivité et du consumérisme.
Nous luttons contre la manipulation religieuse et la superstition…
Nous soutenons tout ce qui renforce la liberté des individus, tout ce qui élimine les inégalités existantes, tout ce qui nous unit fraternellement.
Quel genre de monde voulons-nous ?
C’est bien beau tout ça, vous pensez, mais que voulons-nous vraiment ? Nous voulons ce qu’ils disent sans cesse : la paix, la liberté, les fruits de notre travail ; nous voulons que chacun, partout dans le monde, puisse être utile grâce au travail, avoir un logement, aller à l’école, avoir sa place au banquet de la vie…
Mais pour cela, il faut éliminer les causes des inégalités. La charité est inutile. Des siècles d’assistanat n’ont pas permis d’instaurer la justice, car la racine des maux du monde, de la violence, de l’immense richesse concentrée entre les mains des banquiers, des hommes d’affaires et du patronat, c’est l’État.
Nous voulons une société sans État, où il n’y a pas de place pour le pouvoir, la violence ou l’exploitation de certains par d’autres.