Grève ou pas grève le 2 décembre 2025 ?

Encore un énième appel sans lendemain à faire grève le mardi 2 décembre 2025. « Pour faire pression sur le vote du budget ». Les militants sont pris entre l’enclume et le marteau. Ne pas y aller, c’est laisser les organisateurs dire que les travailleurs ne sont pas très combatifs. Et les médias d’affirmer que les grévistes sont moins nombreux qu’en septembre et en octobre dernier. Y aller, en sachant que ça ne sert à rien, ça fait un peu sado-maso.

L’intersyndicale agit comme si tout se passait au parlement et maintient les salariés de fait dans cette illusion. Cette stratégie de pression sur le vote du budget est à la fois un aveu d’impuissance des syndicats et de la soumission de ces derniers aux politiciens de « gauche ». Les syndicats mobilisent, font pression mais c’est aux parlementaires d’agir et de voter les bonnes lois. On est loin de l’action directe des travailleurs, c’est-à-dire d’une action sans intermédiaire, sans politiciens. Comme si on obtenait quelque chose en quémandant auprès de ces bons princes les parlementaires.

Si l’idée d’  « obtenir la justice sociale, fiscale et environnementale dans ce budget » ne nous est pas étrangère, c’est la manière de faire qui nous déplaît. Comme si un rapport de force contre les exploiteurs, sur le lieu de travail, n’était pas nécessaire. En admettant que l’on gagne quelques miettes, rien ne sortira de bon d’un budget austéritaire où les concessions seront supérieures aux acquis. Comme d’habitude, on nous dit « votez bien » ; mobilisez-vous et nous ferons pour vous au mieux car nous sommes des professionnels du militantisme, et c’est là que le bât blesse. Quant à la base nous militons, ce n’est pas pour faire carrière, c’est pour faire avancer la condition des travailleurs et nous savons par expérience que rien n’est acquis et qu’il faut se battre encore et encore. Et que les professionnels ne veulent pas perdre leur emploi ; ils se contentent des miettes que veut bien leur octroyer le patronat quand le rapport de force lui est défavorable. Les professionnels sont les partisans du moins-disant. Aujourd’hui, il n’est plus question d’abandonner le budget des « horreurs », pour préférer mettre « la pression sur le vote ». L’intersyndicale, au final, s’aligne sur les positions du P.S. A la clef, on permet le budget mais vous nous laissez des miettes en échange de la « stabilité » du pays. C’est cette même gauche unie, sans LFI, sans Glucksman et sans le Parti communiste, qui nous donne des leçons afin d’éviter le pire, le Rassemblement National. Alors qu’en réalité leurs divisions ne font que renforcer l’extrême-droite et si l’on y ajoute les reculs sociaux et économiques, c’est un boulevard qui se prépare d’autant que le patronat lorgne vers le R.N. le sachant garant de ses intérêts.

L’intersyndicale ne tire aucune leçon des grèves saute-moutons depuis des années ni de celle du mouvement de septembre dernier. Les revendications des grévistes et des manifestants avaient des revendications qui allaient bien au-delà du retrait du budget. Les bureaucraties syndicales voulant contrôler tout mouvement social en ont muselé la colère. En appelant de manière récurrente à des grèves de 24 heures sans lendemain, on épuise les bonnes volontés qui ont autre chose à faire que de perdre une journée de salaire pour rien. Nous le redisons à chaque fois, toute stratégie de pression parlementaire est inefficace pour combattre un budget d’austérité. La véritable démocratie est dans la rue et seul un rapport de force à construire est à même de faire plier Macron, Lecornu et les patrons.

En laissant leur crise politique entre les mains des macronistes et des « socialistes », le patronat finira  par imposer ses solutions, au besoin en renforçant son autoritarisme ou en faisant appel à l’extrême-droite. Il faut changer de logiciel de lutte. Patoche (GLJD)