Après le deux octobre 2025

Le deux octobre 2025 est-il un semi-échec sur le plan de la mobilisation syndicale ?

Réponse de Normand : oui et non. Oui si l’on considère que les syndicats ont fait moins bien que le 18 septembre, d’autant que le nombre de grévistes dans la Fonction publique fut assez faible. Non si l’on considère que les gens sont dans la merde financièrement et trouver encore 500 000 manifestants en France après deux jours de grève en septembre relève d’une bonne mobilisation.

C’est dur au final de décoloniser notre imaginaire de travailleurs de l’aliénation étatique et marchande. Et de faire grève quand on a de nombreux crédits, un petit salaire, des enfants en études…

D’un côté, nous avons les militants combatifs et souvent chevronnés qui argumentent en disant que les grévistes en ont assez des grèves saute-moutons et qu’il faudrait une bonne grève générale pour mettre un bon coup de pied dans la fourmilière pour obtenir satisfaction. Cependant la grève générale ne se décrète pas, elle se prépare et se construit. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour que tout le monde se mette en marche. Heureusement d’ailleurs.

Dans le meilleur des cas, certains grévistes demandent des mandats impératifs, des A.G. souveraines, etc.

Le problème des travailleurs, c’est d’avoir à faire à un syndicalisme de partenaires sociaux. On est loin de l’émancipation rêvée par les tenants de la Charte d’Amiens en France ou des révolutionnaires de la CNT espagnole en 1936.

Le principe de réalité primant aujourd’hui, force est de constater que le syndicalisme d’accompagnement se heurte à sa soumission à la politique politicienne. Alors que les militants des origines s’appuyaient sur l’action directe, c’est-à-dire sans intermédiaires politiciens, les dirigeants syndicalistes de 2025 ne veulent pas assumer leurs responsabilités.

Ces derniers disent qu’ils revendiquent d’un point de vue corporatif ou pour entraver les projets néfastes des gouvernements successifs mais à aucun moment ils disent : « qu’ils s’en aillent tous » et on va autogérer la société. Au contraire, ils assument le partage des tâches. Aux syndicats les revendications et les mobilisations ponctuelles ; aux politiciens de trouver une réponse et des solutions aux attentes des salariés et des chômeurs. Ce qui a pour conséquence de ne jamais vouloir pousser le bouchon trop loin. La séparation des pouvoirs en quelque sorte. En attendant l’alternance politique.

Heureusement que de temps à autre des secousses se produisent et que la mobilisation conséquente des travailleurs dépasse la cogestion syndicalo-patronalo-politicienne. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Chacun joue sa partition. Et comme en 1936, des couacs peuvent se produire et c’est dans ces occasions historiques qu’il faut pousser aussi loin qu’on peut.

Déjà, fin XIXème Elisée Reclus affirmait qu’une majorité de gens ne désiraient pas finalement changer trop profondément l’ordre des choses et que c’était sur l’éthique qu’il fallait s’appuyer pour gagner. Que l’évolution suivait son cours et qu’à certains moments comme dans la nature, il y avait des secousses et à ces moments de « révolution », il fallait pousser au maximum pour obtenir le plus de choses possibles avant que l’évolution ne suive à nouveau son cours. Même si parfois des régrès étaient possibles.

Malatesta, lui, disait que les couches de travailleurs qui avaient pourtant le plus intérêt à gagner en se mobilisant n’étaient pas forcément aux rendez-vous et qu’on trouvait souvent les classes moyennes ou plus favorisées à la tête des mouvements sociaux et des revendications pour tout le monde. Et ce n’est pas tout à fait faux encore aujourd’hui.

Séverine disait parallèlement « avec les pauvres toujours, malgré leurs erreurs, malgré leurs fautes… » Et que d’erreurs parfois chez les pauvres même s’il existe encore quelques poches de résistance dans cette catégorie sociale.

Les tenants du pouvoir ont, de même, de beaux jours à couler quand on observe les chamailleries militantes: un croc en jambe par ci pour le concurrent, une récupération par-là, des fake-news pour discréditer l’autre etc.

On peut regarder de tous côtés, les organisations qu’elles soient partidaires, syndicales ou associatives sont toutes réformistes quand elles obtiennent des concessions du Capital ou de l’Etat même si elles sont obtenues par leurs participations aux luttes.

Les anarchistes synthésistes proposent le fédéralisme libertaire qui permet de préserver l’autonomie de chaque individu. Ils sont sur le plan de l’organisation anarcho-syndicalistes car il faut à la fois signer la fin de l’Etat et par la gestion directe des entreprises, autogérer l’économie pour acter de même la fin du Capitalisme.

Dans la finalité, les synthésistes sont communistes libertaires afin d’éviter que le syndicalisme ne s’impose hégémoniquement. La Commune devra être auto-administrée notamment au niveau des services publics et de la répartition des richesses produits en liaison avec les syndicats. Les associations de consommateurs auront leur rôle à jouer.

Les communes se fédérant entre elles jusqu’au niveau régional puis aux structures géographiques plus importantes. Le but de la vie étant d’être heureux et d’organiser un partage social et économique égalitaire dans un environnement sain. Tous les biens doivent être communs et reposer sur le droit d’usage. Bien être et liberté seront à la base d’un autre futur où l’imaginaire devra reprendre ses droits avec nos capacités à innover, rêver, à s’entraider, sans domination et sans aliénation y compris militante.

Si la montée de l’extrême-droite nous inquiète, nous pouvons nous réjouir que parfois des militants contournent les structures intermédiaires que sont les syndicats ou les partis politiques. Depuis quelques années nous avons assisté au mouvement des gilets jaunes et nous voyons aussi que les têtes de cortèges dans les manifs sont trustées par des éléments qui veulent dépasser les manifs ballons. Jusqu’à la pétition contre la loi Duplomb. Toutes ces initiatives horizontales brisent la verticalité d’organisations qui avaient l’habitude de tout dicter. Les syndicats d’aujourd’hui et les partis politiques font partie de la sphère étatique et sont un rouage essentiel du maintien de l’ordre social. Les professionnels institutionnels de la démocratie sont tous d’accord pour que rien ne change. Aux anarchistes de montrer qu’il n’existe pas de sauveurs suprêmes mais que c’est à chacun de faire ses affaires, qu’il faut refuser les chefs et que nous devons aller vers l’égalité économique et sociale, la seule voie capable de nous conduire vers une réelle alternative.

Patoche (GLJD)