
Brûler des livres est une pratique courante sous les dictatures. Mais il existe un moyen dit démocratique pour aboutir aux mêmes résultats. Donald Trump et Elon Musk le font en supprimant les pages des réseaux sociaux qui abordent le féminisme et l’égalité ; les nazis ont brûlé des livres, tout comme les franquistes ou la clique de Mussolini. Dans les mairies, ce sont les bibliothèques qui subissent l’ire de telle ou telle coterie politique. Aujourd’hui, Trump s’attaque aux musées. L’art donnerait trop de place aux minorités. Donc il faudrait bannir des musées toutes les œuvres concernant l’esclavage, l’immigration, les minorités sexuelles, les femmes…C’est une censure, un peu comme sous Hitler qui condamnait « l’art dégénéré ». Au final, l’art est devenu un champ de bataille idéologique et si on y ajoute le pouvoir de l’argent via les subventions, on a tous les ingrédients pour que l’art devienne soft et dans les clous de la bienpensance du jour.
Ainsi, nous n’avançons pas, nous reculons. La droite et l’extrême droite gagnent le discours de l’oubli ; elles réécrivent l’histoire ; elles encouragent les discours de haine et les attaques fondés sur leur idéologie.
Nous vivons une époque de dénigrement et de sympathie croissante des jeunes pour les modèles autoritaires, dictatoriaux, fascistes, sexistes, masculinistes et patriarcaux. Il est donc absolument nécessaire de reconquérir la mémoire, notamment libertaire, car personne ne le fera à notre place. Nous devons également dénoncer les énormes mensonges qui réécrivent le passé. Aujourd’hui plus que jamais, de nouveaux éditoriaux, de nouveaux articles d’actualité mais aussi de fond doivent être instructifs et basés sur la rationalité et non le dogme.
Un voyage à travers la mémoire antifasciste – pour sa récupération, pour la restauration de la vérité, de la justice… doit s’effectuer dans l’imaginaire collectif et dans l’histoire officielle elle-même. L’art peut nous y aider, la culture dans tous ses domaines aussi.
Des pays ayant connu des dictatures beaucoup plus récentes, comme l’Argentine et le Chili, ont su régler leur dette avec leur passé et condamner les crimes de leurs dictatures militaires, jusqu’alors restés impunis. Espérons que tous les fauteurs de guerre, Russes, Israéliens, Hamas, dictatures africaines, djihadistes etc … seront un jour jugés. La véritable peur réside dans le silence, l’oubli, la dissimulation qui mène au négationnisme que les néofascistes veulent nous inculquer en ignorant des pans de l’histoire, ce qui conditionne indéniablement le présent, de sorte que, en partie et par conséquent, une grande partie de notre jeunesse ignore le passé et risque de le répéter. Le soutien de nombreux jeunes à l’extrême droite et aux régimes autoritaires est profondément inquiétant.
Enfin, nous devons introduire rigoureusement l’histoire dans les programmes scolaires et veiller à ce que la vérité sur la montée du fascisme en Europe et ses conséquences (Hitler, Mussolini, Franco, la Shoah, le massacre des Tsiganes, des Résistants…) soit enseignée. Le fascisme, le racisme, les coups d’Etat…doivent être condamnés fermement et il faut l’expliquer sereinement mais sans complaisance. Un voyage à travers la mémoire antifasciste, est un grain de sable important dans cette lutte que nous devons continuer à mener. Les enseignants doivent réfléchir avec d’autres au processus d’oubli collectif et revisiter l’histoire pour tenter de retrouver la mémoire, de confirmer et de dénoncer la cruauté que représente finalement l’oubli collectif. Peut-être faut-il alterner les événements actuels, les reliant à la mémoire et au souvenir, commémorer depuis le présent sans se plonger dans une description dramatique et victimaire des crimes du fascisme et du passé vichyste de certains. S’attarder sur la répression, la peur engendrée mais surtout œuvrer pour que l’oubli ne l’emporte pas. Cela peut sans doute régler et épurer notre dette avec l’histoire. Le fascisme plus jamais, comme épilogue.
Pourtant, l’actualité nous inquiète. Que Bayrou s’en aille ne nous chagrine pas plus que ça. Macron trouvera toujours un autre arriviste pour faire le job. Ce qui mérite notre attention, c’est la propension du R.N. à profiter de la situation : celle du dégagisme de Bayrou mais surtout celle du désarroi des travailleurs et des artisans. Les repères traditionnels s’estompent. Sarkozy affirme dorénavant que le R.N. fait partie de l’arc républicain. Ce qui nous inquiète le plus, c’est cette tentation de l’extrême-droite dans les milieux patronaux. Bardella n’a-t-il pas été invité à la rentrée du Medef ? Pour le patronat, le R.N. est devenu un parti comme les autres. D’autant que le R.N. qui navigue à vue promet des baisses massives d’impôts et des allègements de normes pour les patrons. De quoi susciter leur intérêt. Pour les patrons, c’est TSFI ! Tout sauf la France Insoumise. Le R.N. serait un moindre mal et serait conscient « des périls économiques ». Les digues cèdent depuis longtemps avec les L.R. et maintenant avec le patronat. Danger !
Certains patrons mettent en garde cependant contre tout rapprochement avec le R.N. qui reste un parti désirant appliquer la préférence nationale et détricoter l’Europe qui demeure un bon débouché économique pour les entreprises françaises. Le patronat risque de devenir schizophrène. D’un côté il a besoin de main d’œuvre immigrée pour faire tourner l’économie : bâtiment, services à la personne, la restauration etc. De l’autre, il lui faudra se ranger aux côtés du R.N. dans sa dimension anti-immigration. Sacré dilemme.
Pour les anarchistes, l’extrême-droite représente un danger et ne représente aucunement un gage de stabilité, au contraire. Installer un premier ministre R.N. à Matignon, c’est le bordel assuré. Et tous les travailleurs conscients seront dans la rue pour rappeler que le parti issu du F.N. n’est pas un parti comme les autres. L’extrême-droite est une source de tensions dans la société et on sait qu’une fois au pouvoir, elle utilisera tous les moyens coercitifs à sa disposition pour se maintenir aux manettes de l’Etat. Il suffit de regarder ce qu’il se passe avec Trump par exemple, un véritable exemple de démocratie…
Ty Wi (GLJD)