15 juillet: Bayrou l’entourloupeur

Plus de 211 milliards versés aux entreprises en 2023

La somme est conséquente quand on songe aux petits 40 milliards que recherche Bayrou pour boucler son budget. Elle représente « le premier budget de l’État », financé sans aucun contrôle sur son utilisation. Les entreprises ont bénéficié en 2023 de 211 milliards d’euros de subventions, aides fiscales et allègements de cotisations sociales en France, a calculé la commission d’enquête du Sénat. Et à cette somme nous pourrions ajouter les aides versées par les communes et leurs groupements, ainsi que celles versées par les régions (estimées à 2 milliards d’euros selon leur association) et les aides versées par l’Union européenne (leur montant pouvant atteindre jusqu’à 10 milliards d’euros). Ces sommes donnent le tournis d’autant que les « PSE », les plans de licenciements sont nombreux et rien ne semble arrêter leur inexorable progression.

Devant le scandale de toutes ces aides attribuées selon des dispositifs plus ou moins clairs et avec les résultats que l’on connaît, un rapport annuel sur le suivi des aides publiques a été demandé.

La première interrogation de ce rapport porte sur l’estimation du coût global pour les finances publiques des aides publiques. Selon Public Sénat « Face au manque de données fines à la main du gouvernement, la commission livre son propre calcul du total des aides publiques d’État versées aux entreprises. Selon son agrégat, pour l’année 2023, elles atteignent au moins 211 milliards d’euros, un montant qui comprend les subventions d’Etat, les aides versées par Bpifrance, les dépenses fiscales ou encore les allègements de cotisations sociales. ». Mais ces aides et subventions déguisées prennent une dimension particulière lorsque l’on voit ce que le Premier ministre, François Bayrou, vient de nous concocter comme mesures austéritaires pour 2026. La commission sénatoriale préconise donc de « rationaliser les aides publiques aux entreprises en divisant par trois le nombre de dépenses fiscales et de subventions budgétaires aux entreprises d’ici 2030 », mais également de « poursuivre la réflexion sur l’efficacité des allègements de cotisations sociales par secteurs d’activité ». Ces dernières ont atteint près de 80 milliards d’euros. Mais si les caisses sont vides, c’est le fait de ces dirigeants qui ont, mandat après mandat, asséché les recettes tout en orientant une large part de l’argent public vers le soutien aux entreprises. Les entreprises se gorgent de milliards d’aides alors que les services publics sont à l’os et que les dépenses militaires prennent le pas sur toute autre considération.

Ce qu’il nous faut c’est dissiper le flou général qui entoure les aides publiques distribuées aux entreprises dans une période où les plans de licenciements s’accumulent, et où les dividendes distribués par le CAC 40 battent des records à la hausse. A quoi ont servi toutes ces aides publiques aux grandes entreprises et à leurs sous-traitants ? Qui s’en est mis plein les poches ? Qui a autorisé une telle gabegie ? Pour quels résultats ?

Mais nous connaissons déjà les réponses. Ce ne sont pas les travailleurs qui récupèrent les dividendes de ces aides. Ni les chômeurs qu’on assomme de plus en plus. Ni les jeunes qui deviennent de plus en plus précaires. Avec une pauvreté qui s’accroît en France : 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Et le gouvernement veut encore nous ponctionner.

Deux poids, deux mesures. Et les annonces de Bayrou ce 15 juillet 2025 ne sont pas faites pour nous rassurer et nous confortent dans le fait que les inégalités ne sont pas prêtes de s’estomper avec les mesures préconisées.

Suppression de deux jours fériés : les travailleurs et les commerçants seront pénalisés. Un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ne sera pas remplacé : les services publics qui manquent déjà de main d’œuvre vont continuer à se dégrader. C’est l’augmentation des contractuels qui est programmée.

Selon le credo sarkozyste, il va falloir faire en sorte que ceux qui veulent travailler davantage puissent le faire. Travailler plus pour gagner plus. Mesure qui peut être populaire mais qui ne change en rien la nécessaire revalorisation salariale et l’augmentation du point d’indice dans la Fonction publique. Cette doxa ne diminue en rien le chômage, au contraire.

Ce qui était avancé par les médias bien en cour se concrétise. On s’achemine vers une année blanche en 2026, où les prestations et les barèmes ne vont pas augmenter. « Toutes les catégories de Français sont concernés. » Les dépenses vont donc rester au niveau de 2025.

Et comme les mensonges ne sont jamais loin, d’un côté Bayrou affirme que « Les retraites ne vont pas baisser, elles seront maintenues au niveau de cette année. » Aucune revalorisation du traitement des fonctionnaires n’est prévue l’année prochaine. « Le barème de l’impôt sur le revenu sera laissé tel quel. »

Mais d’un autre côté Bayrou entend s’attaquer aux niches fiscales et veut faire coup double avec les retraités. Il cite notamment l’abattement « pour frais professionnels » de 10% sur les pensions pour l’impôt sur le revenu. « Mais il ne faut pas toucher les petites et les moyennes retraites. » Sans préciser ce que recouvre une retraite moyenne.

Sur les arrêts maladie, « les contrôles sur ceux de plus de 18 mois ont montré que plus de 50% d’entre eux n’étaient plus justifiés ». Plutôt que d’imposer au patronat et à l’Etat de meilleures conditions de travail pour les salariés, on s’attaque aux médecins qui délivreraient des certificats de complaisance. Exit le harcèlement, la compétition entre travailleurs au boulot, les cadences, le stress etc.

Et puis d’asséner » : « les affections de longue durée (ALD) », qui concernent 20% de la population française coûtent cher : « La santé ne peut pas être un marché où les consommateurs sont sans limites. » Une réforme est donc prévue à ce niveau, avec par exemple la fin du remboursement à 100% de certains médicaments. Les personnes atteintes d’un cancer ou en rémission apprécieront. On avait déjà entendu des gros porcs de députés ricaner suite à l’intervention d’une femme atteinte d’un cancer lors du vote de la loi Duplomb à l’Assemblée nationale. Maintenant c’est le Premier ministre qui fait preuve de cynisme.

Ce n’est plus possible de rester les mains dans les poches en attendant que les prochains coups pleuvent sans réagir.

Il faut exproprier les capitalistes, à commencer par les marchands de morts, et s’approprier leurs bénéfices pour embaucher dans les métiers d’utilité sociale : hôpitaux, écoles…, pour construire des logements sains, pour une écologie sociale et libertaire. La société doit être autogérée par les travailleurs eux-mêmes. Faute de prise de conscience en acte, nous nous ferons pressés comme des citrons avant d’être jetés comme des kleenex sans compter la guerre qui vient.

Micka (GLJD)

Toujours internationalistes, les anarchistes que nous sommes restons fidèles aux statuts généraux votés par le Congrès de Genève :

L’émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ;

L’émancipation de la classe ouvrière n’est pas une lutte pour des privilèges et des monopoles de classe, mais pour l’établissement de droits et de devoirs égaux, et pour l’abolition de toute domination de classe ;

L’assujettissement économique du travailleur au détenteur des moyens du travail, c’est-à-dire des sources de la vie, est la cause première de la servitude dans toutes ses formes : misère sociale, avilissement intellectuel et dépendance politique ;

L’émancipation économique de la classe ouvrière est le grand but auquel tout mouvement politique doit être subordonné comme moyen ;

L’émancipation du travail, n’étant un problème ni local ni national, mais social, embrasse tous les pays dans lesquels existe la société moderne et nécessite, pour sa solution, le concours théorique et pratique des pays les plus avancés ;

Tous les membres de l’Association reconnaissent que la Vérité, la Justice, la Morale, doivent être la base de leur comportement les uns envers les autres et envers tous les hommes, sans distinction de couleur, de croyance et de nationalité.

(cf la brochure, Bakounine « Vision anarchiste et syndicaliste »

Il est bon de rappeler quelquefois nos fondamentaux.