Leur démocratie, ce sont nos futurs cancers

La loi « Duplomb » visant à « lever les contraintes au métier d’agriculteur » a été adoptée à l’Assemblée nationale par une majorité de députés : 316 pour, 223 contre.  Les parlementaires ont majoritairement voté pour cette proposition de loi alors que la société civile, des syndicats paysans, des scientifiques, de multiples associations ont expliqué que cela représentait un danger pour la santé et la biodiversité. Ainsi l’acétamipride, ce pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit depuis 2020 en raison de sa dangerosité pour les pollinisateurs, est réintroduit. Les apiculteurs, notamment, sont plutôt remontés et ce à juste titre.

Cette loi Duplomb ouvre donc en grand les vannes de la réutilisation de pesticides interdits depuis près de 10 ans, qui vont se retrouver dans nos eaux et nos sols. Nous venons d’assister au regard de la loi à une régression environnementale et sanitaire. Une véritable honte.

Le sénateur Duplomb et les élus ayant voté la loi font ainsi la part belle aux revendications de la FNSEA et de la Coordination rurale afin de protéger les productions de betteraves sucrières entre autres. « Cette loi est plus qu’écocidaire, elle instaure des mesures qui bousillent l’environnement, notre santé et notre outil de travail », réagissait Thomas Gibert, porte-parole de la Confédération Paysanne, en amont de la CMP. C’est dire que tous les paysans ne sont pas tous sur la même longueur d’onde. Par ailleurs les méga bassines vont être  facilitées pour le stockage de l’eau, au profit d’une minorité qui vont pomper les nappes phréatiques, un bien commun, pour  une utilisation privée. Pour nous autres libertaires, l’appropriation d’un bien et les prérogatives qui en découlent sont la plus grande des injustices. Nous assistons à une véritable pression de l’agriculture intensive sur cette ressource vitale qui devient au fil des sécheresses rare. Elles sont considérées « d’intérêt général majeur » par les porteurs du texte. Une qualification qui allège les procédures d’obtention des autorisations. Et le tour est joué. Mais cette disposition est  décriée par les syndicats défenseurs d’une agriculture durable, pointant du doigt le risque d’accaparement de l’eau par les plus grandes exploitations exportatrices. « Les méga-bassines ne profitent aujourd’hui qu’à la production de maïs exporté aux dépens de cultures vivrières qui pourraient être consommées localement », note ainsi Fanny Métrat, porte-parole de la Confédération paysanne.  On dirait que la mobilisation à Sainte Soline n’a servi à rien face à l’agrobusiness.

Cette loi Duplomb va de même favoriser l’extension des élevages industriels, causes majeures de pollutions des eaux. Les algues vertes vont continuer à proliférer en Bretagne par exemple.  À la fin de l’année 2026, des maxi-fermes pourront se soustraire aux contrôles environnementaux jusqu’à 85 000 volailles contre 40 000 aujourd’hui, et 3 000 porcins contre 2 000.

De reculades en reculades écologiques de Bayrou et Macron, les tenants de l’agriculture intensive donnent le « la » au gouvernement par un lobbying très efficace. Plutôt que de s’atteler aux enjeux de la préservation de la ressource en eau, d’une réelle transition du modèle productiviste vers une agriculture plus respectueuse des enjeux sanitaires et environnementaux, les députés, notamment ceux de droite et d’extrême-droite ainsi que le gouvernement ont cédé aux sirènes de l’agrobusiness qui va continuer à engranger de juteux profits au détriment de l’intérêt général.

Les difficultés du monde agricole sont avant tout dues à un partage inéquitable de la valeur avec les industriels et la distribution. Tant que l’on ne s’attaquera pas au mal à la racine, les gros agriculteurs continueront à capter l’essentiel des subventions européennes et les faillites de petites exploitations continueront à croître. Déclin puis disparition des petits exploitants. Idem pour la filière Bio qui est la dernière roue du carrosse macronien.

De surcroît, le 2 juin 2025, le courrier adressé au Premier ministre par la Conférence des unions régionales des professionnels de santé-médecins libéraux (URPS-ML) a fait l’effet d’une bombe : la population française est largement exposée au cadmium, un contaminant métallique favorisant l’apparition de certains cancers, de maladies cardiovasculaires et d’affections rénales. Nous en avions parlé dans les colonnes du Libertaire de juin. Notre dépendance aux engrais phosphatés du Maroc n’est pas prête de disparaître d’autant que les terres sont déjà contaminées pour des décennies. Le cadmium a contaminé notre alimentation. Les enfants sont touchés ce qui laisse entrevoir à terme un énorme scandale sanitaire.

Alors, y en a marre et un grand coup de gueule est nécessaire.

On entend comme argument phare des gros agriculteurs : c’est nous qui vous nourrissons. Mais ce sont les ouvriers qui fabriquent les tracteurs, les moissonneuses batteuses et tout le matériel agricole. Sans ces machines, les petits bras des agriculteurs ne pèseraient pas bien lourd dans la production agricole. Et puis, combien coûte un tracteur ? Dans les 150 000 euros en moyenne. Quel ouvrier possède son outil de travail d’un tel montant. Nous ne mettons pas sur le même plan, le petit éleveur, le petit cultivateur et les pros de l’agrobusiness, les rupins de la condition agricole.

Des industriels peu scrupuleux, alors que les études scientifiques étaient imparables, ont continué à faire travailler des ouvriers au contact de l’amiante. Avec la mortalité ouvrière et les souffrances que l’on connaît.

Aujourd’hui, nous sommes dans le même cas de figure avec les pesticides et le cadmium. Que ce soit pour le climat ou l’utilisation des pesticides, les données sont claires, limpides et sans ambigüité. Les pesticides provoquent des cancers.

On nous dit que les anarchistes sont a-parlementaires mais une fois de plus, nous voyons des parlementaires voter contre l’intérêt général mais pour les faiseurs de fric, leurs commanditaires.

Alors que faire. Certains passent à l’action directe contre les méga bassines. D’autres dénoncent les députés qui ont voté la loi en donnant leur nom. D’autres encore vont porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui etc.

Mais il y a aussi maintes manières de faire pression pour éviter le pire notamment pour les enfants.

Quels agriculteurs utilisent les engrais phosphatés du Maroc ? Qui utilisent le blé et autres céréales gavés à ces engrais. Pour quelles productions de produits finis : farines, céréales etc. Pommes de terre, chips etc.

Voilà des campagnes de boycott à envisager avec les associations écologistes en dehors des politiciens auxquels nous ne faisons aucune confiance. Il nous faudra cibler les faiseurs de cancers et leurs affidés.

Leur démocratie, ce sont nos futurs cancers.

Goulago (GLJD)