La tambouille politicarde continue

Il faut que rien ne change pour que rien ne bouge. Et voilà que Yaël Braun-Pivet est réélue au perchoir grâce aux députés LR et quelques autres de Liot en échange de postes-clés à l’Assemblée. Bref, la macroniste est réélue comme s’il n’y avait pas eu d’élections législatives entre temps. Alors un insoumis comme Premier ministre… c’est pas gagné.

Ils ont voté pour faire barrage au R.N., ils ont voté pour des avancées sociales via le NFP, ils ont voté R.N. pour que ça change et qu’il n’a jamais été au pouvoir donc essayons-le, ils ont voté pour que la bande à Macron se maintienne au pouvoir, ils ont voté parce qu’ils ont cru faire leur devoir de citoyen…et pour bien d’autres raisons sans doute. Des millions de Français ont dû avoir l’impression de se faire couillonner.

Et maintenant, qu’est-ce que cela va changer pour les travailleurs. Pas grand-chose si ce n’est l’austérité car la dette de la France est colossale et que l’Europe pourrait attaquer la France pour non- respect de ses engagements par rapport au déficit…La France ne rentre pas dans ces clous puisque celui-ci s’élève pour l’année 2023 à 5,5% de son produit intérieur brut, et sa dette publique se monte à 110,6% du PIB. Cette dernière pourrait même s’envoler, selon les prévisions de la Commission européenne, jusqu’à 114%, en raison des déficits persistants de l’Hexagone.

Le Pacte de stabilité budgétaire européen c’est  de maintenir son déficit public en dessous des 3% de la richesse nationale, et sa dette sous le seuil des 60% de la richesse nationale. On est loin du compte et la France pourrait se voir infliger une amende jusqu’à 2,7 milliards d’euros par an si elle ne fait pas d’efforts pour résorber déficits et dettes. Super cadeau pour le prochain gouvernement.

Et les réactionnaires jouent sur les peurs en indiquant que l’incertitude politique peut avoir des conséquences négatives sur l’économie de la France et sur ses finances publiques. Les investissements seraient freinés.  Voilà, en gros, ne tentez pas une autre politique qui plomberait les finances de la France qui sont déjà mal en point et qui risquerait d’aggraver la situation.

C’est bien mal parti pour un changement. Sauf si le peuple en décide autrement et se révolte. Mais sincèrement, il n’y a rien à attendre des politiciens qui promettent la lune aux électeurs pour mieux être élus…et tromper les votants.

Il ne faut pas s’étonner après que le R.N. monte. Mais tant que la droite et le centre tiennent les cordons de la bourse, le patronat continue à se frotter les mains et à engranger les profits. Que 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, c’est pas leurs affaires. Qu’il n’y aura pas un enseignant devant chaque classe à la prochaine rentrée scolaire, ils s’en fichent aussi. Que le système de soin continue sa descente aux enfers, que des personnes âgées ne meurent pas dignement…ce n’est pas leur problème. Le logiciel du patronat, c’est le tiroir-caisse. De temps en temps comme au bon vieux temps des dames patronnesses, on voit quelques patrons donner dans le caritatif, histoire de se donner bonne conscience. Mais ça s’arrête là.

Les anarchistes critiquent tous les politiciens. Et cela vient de loin pour les marxistes, aussi, puisque Bakounine déjà en 1873 dans Etatisme et anarchie, fit une synthèse de sa vision globale du marxisme : «  L’élection par l’ensemble de la nation des représentants soi-disant du peuple et des dirigeants de l’Etat – ce qui est le dernier mot des marxistes aussi bien que l’école démocrate – est un mensonge qui cache le despotisme de la minorité dirigeante, mensonge d’autant plus dangereux qu’il est présenté comme l’expression de la prétendue volonté du peuple. […] Aussi sous quelque angle qu’on se place pour considérer cette question, on arrive au même résultat exécrable : le gouvernement de l’immense majorité des masses populaires par une minorité privilégiée. […] Ces élus seront en revanche des socialistes convaincus et par surcroît savants. […] le pseudo-Etat populaire ne sera rien d’autre que le gouvernement despotique des masses prolétaires par une nouvelle et très restreinte aristocratie de vrais ou prétendus savants […] cette dictature sera temporaire et de courte durée. Ils prétendent que son seul souci et son unique fin sera de donner l’instruction au peuple et de le porter, tant économiquement que politiquement, à un tel niveau que tout gouvernement ne tardera pas à devenir inutile.[…] Il y a une flagrante contradiction. Si leur Etat est effectivement un Etat populaire, quelles raisons aurait-on de le supprimer ? Et si, d’autre part, sa suppression est nécessaire pour l’émancipation réelle du peuple, comment pourrait-on le qualifier d’Etat populaire ? A méditer.

Pour être bien clair, les anarchistes « préfèrent » vivre sous la coupe d’un gouvernement de droite-gauche que sous un gouvernement dirigé par l’extrême-droite (R.N., Reconquête…). Au moins, nous pouvons encore nous exprimer même si ça devient de plus en plus difficile avec la répression du mouvement social et des mouvements écologistes. Ce n’est pas pour cela que l’on doit taire nos critiques de fond et qu’on ne doit pas proposer une alternative libertaire. Au contraire, tant que l’on peut encore dire ce que l’on à dire, faisons-le. Tant qu’on peut agir, agissons.

De la même manière, les « anciens » préféraient vivre dans un régime libéral plutôt que dans un Etat stalinien dit prolétarien. Idem pour les régimes théocratiques. Pendant la Terreur stalinienne, aucune organisation anarchiste ne pouvait s’exprimer. En Iran, le parti communiste a été réprimé par les mollahs…

Exerçons notre liberté tant que nous le pouvons. Montons des ZAD, syndiquons-nous dans des syndicats de combat, investissons nous dans les luttes sociales, culturelles, écologiques et autres…Nous n’attendons pas des lendemains qui chantent mais plus belle est la vie quand on construit pas à pas une contre-société.

Et puis terminons par une note positive : les Néandertaliens prenaient soin de leurs malades. Les ossements humains d’un enfant handicapé, récemment analysés près de Valence en Espagne, prouvent que nos ancêtres disparus faisaient preuve d’empathie et d’entraide envers leurs semblables, même en état de faiblesse (maladies, blessures, handicaps…). Ces personnes ayant bénéficié de l’entraide n’avaient pas la possibilité de rendre la réciproque, l’action des bien-portants était donc désintéressée. L’étude en cours indique que cette aide désintéressée « suggère que cette adaptation sociale complexe a une origine très ancienne dans le genre Homo. »

Et les anarchistes saluent ces découvertes qui confirment les écrits et recherches de Kropotkine.

Patoche (GLJD)