Des profits sur les morts et le malheur

La rue est à nous !

Guerre et profits

Le business de la mort se porte bien. Quand les libertaires disent qu’il faut combattre le militarisme et la militarisation de la société, ce n’est pas, sans raison, par opposition systématique au système capitaliste ; c’est parce que les premières victimes des guerres sont les travailleurs, les personnes âgées et les enfants. Il faut suivre les fabrications des entreprises d’armement et les dépenses militaires des pays pour avoir une indication, une tendance de ce que mijotent les gouvernants. Par exemple, la Russie a augmenté ses dépenses militaires de 2,9 % en 2021, à 65,9 milliards de dollars, à un moment où elle renforçait ses forces le long de la frontière ukrainienne. Masser des troupes à la frontière d’un pays tiers n’est jamais anodin.  L’Europe a douté des intentions de Poutine mais l’invasion a bien eu lieu. Il s’agissait pour la Russie de la troisième année consécutive de croissance des dépenses militaires et celles-ci ont atteint 4,1 % du PIB en 2021. Ces dépenses comme nous l’avons relaté à multiples reprises dans « le libertaire » ont été principalement financées par nos achats d’énergie à la Russie.

Bilan d’étape : des milliers de soldats et de mercenaires ont péri dans le conflit ukrainien, des milliers de civils ont trouvé la mort et parfois ont été torturés par les soldats russes, des femmes ont été violées comme dans toute guerre, des millions de personnes ont été déplacées dans et hors Ukraine et des centaines de personnes ont été arrêtées en Russie pour s’être mobilisées contre la guerre. Revendiquer et dénoncer la guerre en Russie peut coûter l’emprisonnement long voire la vie.

Parallèlement il ne faut pas oublier que les dépenses militaires mondiales totales ont augmenté de 0,7 % en termes réels en 2021, pour atteindre 2 113 milliards de dollars. Les cinq pays qui ont le plus dépensé en 2021 étaient les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Royaume-Uni et la Russie, représentant ensemble 62% des dépenses, selon de nouvelles données sur les dépenses militaires mondiales publiées le 25 avril dernier par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Avec de telles sommes, nous pourrions éradiquer la famine, prendre les mesures pour atténuer le réchauffement climatique, scolariser tous les enfants, soigner tout le monde…

L’Europe est devenue un « nouveau point chaud » du réarmement, estime Siemon Wezeman, chercheur et coauteur du rapport annuel publié le 14 mars par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. C’est là que les achats d’armes ont le plus augmenté entre 2017 et 2021 (+ 19 % par rapport aux cinq années précédentes), alors qu’ils reculaient de 4,6 % dans le monde. La part de l’Europe dans le commerce des armes, passée de 10 % à 13 %, augmentera de façon « substantielle », selon le rapporteur. Et quand on fabrique des armes, on sait qu’elles vont servir. Pas question pour nous de faire l’autruche.

Au profit de qui ?, pourrions-nous ajouter.

Avec Lockheed Martin, Raytheon Technologies, Boeing, Northrop Grumman et General Dynamics, les Etats-Unis alignent les cinq premières entreprises mondiales ; près de 180 milliards de dollars (164 milliards d’euros) de chiffre d’affaires, 54 % des ventes d’armements et 39 % des exportations, une part qui n’a cessé de croître au cours de la précédente décennie…Les Etats-Unis peuvent ainsi continuer à être les gendarmes du monde.

Dans ce pays qui dépense le plus au monde en matière de dépenses militaires (près de 40% des dépenses mondiales en la matière), le budget alloué pour 2022 atteint la somme record de près de 770 milliards de dollars.

Les États-Unis ont fourni 4,3 milliards d’euros d’assistance militaire au premier mois du conflit ukrainien, puis ont proposé 19 milliards supplémentaires et maintenant Biden fait voter 33 milliards supplémentaires pour l’Ukraine. Cet effort de dépense a toutefois un intérêt au-delà de l’Ukraine: « Celui des ventes d’armes. L’Europe était déjà un de leur plus gros marché à l’export, si l’Europe se réarme, il est tout à fait logique que ce soit en premier lieu auprès des industriels américains », analyse Vincent Lamigeon, spécialiste de la défense chez Challenges. Sur le marché mondial, il ne faut pas oublier notre beau pays, la France, qui est le troisième exportateur d’armes, derrière les États-Unis et la Russie. Nous vendons beaucoup pour le plus grand plaisir des patrons et actionnaires des usines d’armement. Ceux pour qui, l’éthique est toujours remisée au placard.

Macron, qui reste discret sur le détail de l’aide apportée à l’Ukraine, a fait livrer plus de 100 millions d’euros d’équipements militaires à ce pays.

Le fabricant d’armes américain Lockheed Martin enchaîne les records en Bourse, Thales encore en dessous n’a pas à rougir au niveau de ses gains. Les guerres et menaces de guerre sont bonnes pour les dividendes.

D’ailleurs sur le plan des exportations d’armements, l’année 2021 a été qualifiée de fabuleuse pour la France. Notre pays a exporté pour environ 28 milliards d’euros en 2021. Un montant jamais atteint par les industriels de l’armement français. Un succès acquis grâce aux quatre contrats Rafale (Grèce, Égypte, Croatie et Émirats Arabes Unis)…Et encore, nous avons raté le coche avec l’Australie. Mais les affaires sont les affaires comme aurait dit Mirbeau.

Cependant l’augmentation des investissements militaires et la réduction consubstantielle  des investissements sociaux conduisent à l’incapacité du gouvernement à couvrir les besoins de la population. Cela risque comme avec la pandémie de s’accompagner d’une restriction drastique des droits et des libertés, de l’exacerbation de l’autoritarisme par l’appareil coercitif de l’État (armée, police et justice), et de l’exercice de la répression et de la peur. Les prochaines manifestations risquent d’être réprimées dans une ampleur inédite jusqu’à présent.

Nous assistons donc à l’action d’un gouvernement qui va augmenter encore les investissements dans l’industrie de la guerre et de la mort, au profit de l’industrie de l’armement mais au détriment de l’investissement dans le bien-être social et le progrès social. Attaques contre les retraites, les chômeurs, STO pour les bénéficiaires du RSA…

Contre les guerres, les affaires de mort et les intérêts nationalistes des pouvoirs économiques et politiques, nous, libertaires, affirmons à nouveau, qu’il faut supprimer toutes les armées y compris d’éventuelles « armées du peuple » rouges ou brunes  et reconvertir les industries d’armement à des fins socialement utiles. Pas un homme Pas une femme pour l’armée. Pas un euro pour l’armée.

Non au SNU !

Contre la montée des prix de l’alimentation, des carburants et des services de base

Pour l’action directe et la gestion directe.

Santé et anarchie

Patoche (GLJD)