Défense des retraites au Havre: des grèves d'août 1953 à celles de décembre 2019

Esquisse Delacroy

Une grève générale des fonctionnaires et des travailleurs des entreprises nationalisées se déroule en plein été, pour l’abrogation des décrets Laniel -publiés le 10 août 1953- qui modifient dans un sens restrictif certaines dispositions statutaires concernant le recrutement, le licenciement, l’avancement, et le régime de retraite des fonctionnaires et des agents des services publics et des entreprises nationalisées. Face à ces mesures impopulaires, c’est une levée de boucliers ; ces agents se mobilisent et revendiquent l’application intégrale de leur statut et l’augmentation de leurs rémunérations. Le gouvernement, surpris par une telle mobilisation, qui entraîne quatre millions de grévistes, décide de consulter les organisations syndicales, de se saisir du problème du chômage et des basses rémunérations, et de convoquer la Commission Supérieure des Conventions Collectives.

Le mouvement gréviste de la Fonction publique déclenche presque aussitôt, dès le 12 août, dans le secteur privé, des arrêts de travail motivés à la fois par un sentiment de solidarité et par des revendications salariales, notamment pour les bas salaires.

Le mouvement de 1953 met en péril le gouvernement Joseph Laniel qui est obligé de remiser sa réforme des retraites. La mobilisation a payé et s’est traduite par une victoire. Au cours des deux années suivantes, les salaires des fonctionnaires progresseront de 14%. [1]

La ville du Havre jouera les prolongations et verra une grève de 36 jours, suivie massivement par les métallurgistes et les ouvriers du bâtiment, se dérouler, afin d’obtenir une amélioration de leur situation matérielle.

Ce conflit, pour le moins atypique à l’époque, n’est pas resté dans les mémoires, ou si peu, tant sur le plan national que local. Il nous a paru important de le sortir de l’oubli.

 

[1] Pigenet Michel, Les jolies grèves du mois d’août, Le Monde Diplomatique d’août 2017

Les grèves 1953fini (1) (1)