Voter ou s’abstenir ?

Femme enceinte

Accourez et votez gaiement,

O populace souveraine,

Pendant le temps d’une quinzaine,

On vous doit des ménagements.

Princes et consorts du Parlement,

Nul ne sait ce qui s’y gamberge ;

L’édile qui nous parle…ment.

Ma carte d’électeur est vierge.

Maurice Laizant

Voter ou s’abstenir ?

On connaît dans nos milieux libertaires divers slogans intemporels : « Donner sa voix, c’est perdre la parole » ; « Elections, piège à cons » ; « Si les élections pouvaient changer la vie, elles seraient interdites depuis longtemps »…

Si certains anarchistes se sont laisser aller à voter dans certaines circonstances, ce qui n’est pas notre cas, la plupart continuent à ne pas voter, n’en déplaise à Monsieur Mélenchon qui n’est certainement pas le seul insoumis en France. Les anarchistes constatent seulement qu’à chaque fois que des réformistes de gauche se trouvent au pouvoir, et Mélenchon doit en savoir quelque chose puisqu’il a été 25 ans sénateur pour le compte du parti socialiste, ils concourent à la démobilisation des gens. Ils revêtent la casquette du libéralisme, concoctent des lois-travail, des réformes des retraites…et écoeurent leurs électeurs et leurs sympathisants. A la longue, les gens finissent par voter ailleurs ou s’abstenir.

Du côté des abstentionnistes de toujours, les libertaires affirment que le fait de ne pas participer aux joutes électorales qu’ils estiment être une farce à destination des gogos, ne signifie pas, loin s’en faut, refuser de se battre et lutter. Plusieurs fronts s’ouvrent à ceux et celles qui veulent secouer le cocotier : syndicalisme, écologie, antifascisme, antiracisme…L’abstention est qualifiée, de manière positive dans ces cas, de lucidité et de travail au quotidien loin des votations périodiques. Après avoir été abreuvé de religion, d’émissions de TV abrutissantes, d’informations tronquées et dirigées, de publicités diverses et variées…les salariés commencent à trouver les ficelles des politiciens un peu grosses. Le danger de la participation aux élections, c’est qu’une fois le bulletin glissé dans l’urne ou après un vote dématérialisé, les citoyens qui estiment avoir accompli leur devoir, rentrent chez eux tranquillement alors qu’ils n’ont fait que déléguer leur pouvoir à divers candidats qui ressemblent de plus en plus à des candidats par défaut. Ne vaut-il pas mieux utiliser soi-même ses pouvoirs plutôt que de démissionner à chaque échéance électorale. Les gens ont besoin de médium diront les autoritaires…Là où les gens se trompent lourdement, c’est lorsqu’ils croient que le réformisme alternatif de droite et de gauche, en passant par le ni de gauche ni de droite…, va finir par mourir de sa belle mort et qu’en votant France Insoumise, écolos ou à l’extrême droite, ils vont précipiter le processus. Les verts en France, en Allemagne, en Ecosse…peuvent glaner des postes, des élus…Ils bernent au final leurs électeurs car le système ne change pas et ils servent de caution démocratique.

Ne pas voter, c’est refuser justement de cautionner les démissions successives de la classe politique devant celles et ceux, qui réellement, gouvernent le monde : les multinationales, le grand patronat, les gros actionnaires…Les politiciens ne pèsent pas grand-chose face aux délocalisations par exemple.

Alors, oui, « Agir plutôt qu’élire !».

Les rapports de force imposent davantage d’acquis que le vote. Les améliorations importantes : congés payés, réduction du temps de travail…ont été votées par des parlements affolés par la combativité des travailleurs. Les grèves de 1953 ont fait reculer l’Etat sur les retraites, celles de 1995 aussi.

Pour que cesse la misère noire, celle qui revient insidieusement : précarité alimentaire, énergétique, celle des logements insalubres…il va falloir plus qu’un vote.

Patoche (GLJD)

 

Comme disait Malatesta, le résultat d’un vote n’est qu’une photographie à un instant T de l’état de l’opinion publique. Ce qui est inquiétant aujourd’hui, c’est qu’au travers les prévisions de votes à la prochaine présidentielle, si on cumule les intentions de vote de Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan, Philippot et consorts, on avoisine les 35%. L’extrême droite à 35% au premier tour, voilà qui nous inquiète. Mitterrand avait utilisé Jean-Marie Le Pen en son temps ; c’est au tour de Macron d’utiliser Le Pen et Zemmour pour fragmenter la droite. Ce que l’apprenti sorcier Macron n’entrevoit pas, c’est que les idées nauséabondes qui progressent vont rester, voire s’amplifier dans les années à venir.