Travailleur, ne vote pas. Travaille à la Révolution sociale

Révolution libertaire

Alors que tous les partis politiques se préparent encore à la lutte électorale, nous, anarchistes convaincus, nous adressons d’abord aux salariés, car ils sont les principales victimes du mécanisme artificiel qui nous gouverne. Nous sommes de ceux qui se rebellent contre l’organisation actuelle de la société, inégalitaire au possible.

Les joutes électorales sont si profondément enracinées dans l’esprit du monde militant, notamment à gauche, que quiconque ose les remettre en question est considéré comme une personne inconséquente, voire une personne qui n’aurait pas le droit de critique car non participative à ce que l’on considère, nous-autres, comme une farce. Nous causerions un préjudice à tous ceux et celles qui sollicitent nos suffrages. Nous n’aurions pas le droit de discuter d’une loi tordue et d’émettre des propositions pour contrer ce que nous jugeons néfaste aux gens. Cependant, toute une catégorie d’hommes familiarisés avec la science et un nombre de plus en plus important de travailleurs, se prononcent aujourd’hui résolument contre la loi des majorités et contre toute législation ou administration politique, quel que soit son objet.

Nous constatons  que la loi ou le droit de la majorité, sur lequel repose la procédure électorale, a déjà donné des résultats plus qu’insuffisants aux travailleurs pour que l’expérience puisse rejeter les élections. Depuis 1848, le renouvellement constant des pouvoirs, des lois, des règlements, etc., le passé et l’actualité, tout suffit amplement à démontrer l’inefficacité du système engendré par la Révolution française au service de la classe bourgeoise qui gouverne depuis 1789.

De surcroît le fait majoritaire est une illusion ; ce ne sont pas les majorités qui gouvernent. Presque jamais l’élu  n’est représenté par la moitié des électeurs; sans compter ceux qui ne votent pas et s’ajoutent à ceux qui sont « minoritaires » et qui sont vaincus ; et à ceux-ci s’ajoutent encore ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales ou n’ont pas le droit de vote, dont les intérêts sont aussi respectables et importants que ceux qui peuvent voter ; il est clair qu’une majorité arithmétique ne sortira pas des urnes. Le pouvoir sera trusté plutôt par les représentants d’un parti ou d’un groupe de politiciens intéressés à faire prévaloir leurs opinions, idées et buts particuliers. Nous pourrions même dire des intérêts particuliers. Il n’est que de constater le nombre de procès visant les politiciens, même au plus haut niveau de l’Etat (Procès Fillon, Léotard, Sarkozy…), pour s’apercevoir que la corruption est un élément important de la politique politicienne.

Nous pouvons donc parler d’immoralité électorale, de trafic indigne des consciences, d’infamies, de grandes iniquités qui sont commises à tout moment pour gagner les élections et surtout pour profiter du système une fois les candidats élus. Nous voulons examiner les problèmes d’en haut, car ce bourbier infecte tout ce qu’il touche. Si on veut encore supposer que ce sont vraiment les majorités qui ont prévalu, que ferait-on des intérêts des minorités? Ne sont-ils pas les intérêts des hommes comme les autres hommes? Ou les intérêts des femmes ?

Si un homme n’a pas le droit de réglementer la vie d’un autre homme, mille hommes ensemble manqueront également de ce droit. Croire que la majorité a le pouvoir de faire des lois ou de nous administrer est aussi absurde que si l’on croyait qu’une réunion d’aveugles, par le simple fait d’être une réunion, acquiert miraculeusement le précieux don de la vue.

Non, travailleur, ne vote pas! Les politiciens de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par toutes les couleurs de l’échiquier politique, vous demandent de les plébisciter pour ensuite vous donner un maître et engranger des avantages. La droite qui vous approche vous propose plusieurs candidats. Et à la suite de cet héritage maudit appelé souci législatif, vous serez également accueillis par des socialistes qui essaient de faire sortir la manne promise des urnes comme l’œuvre d’un miracle. De même pour les écologistes qui ont trouvé le filon vert. Bien loin de l’écologie sociale et libertaire. Juste du capitalisme vert, de l’environnementalisme où les responsabilités individuelles se substituent à celles du capitalisme.

Les  politiciens vous promettent une fausse égalité devant la loi, mais ils vous laisseront en fait esclaves par le salariat. Ils vous offriront une liberté écrite sur un beau morceau de papier, ou un code quelconque, mais ils conserveront un ou plusieurs pouvoirs qui vous domineront à tout moment de votre vie. Ils vous promettront le règne de la justice et continueront de vénérer le voleur pimpant qui trompe la nation et le capitaliste qui vole l’ouvrier ; le profiteur réel punit celui qui a faim et s’empare de nourriture dans un supermarché. Mais il fait front et soutient son pair pris la main dans le sac, dans les rets de la justice qui de temps en temps fait un exemple.

Et à vous ouvriers et employés, en particulier à ceux qui seront vivement sollicités par les contrefacteurs du socialisme, nous disons: Voyez ce qu’ils ont accompli quand ils étaient au pouvoir. Combien de privatisations ont-ils à leur actif ? Combien d’acquis sociaux ont été perdus ?

Celui qui marche avec les loups apprend à hurler. Les ouvriers ne sont quasiment plus représentés au parlement et même s’ils y étaient, les candidats ouvriers ne seraient pas meilleurs que la plupart des technocrates présents sur les bancs de l’assemblée, et ils ne pourraient pas non plus faire ce qui ne peut être fait que de manière révolutionnaire.

Perdre du temps dans la vile comédie électorale, c’est renoncer à l’émancipation voulue.

Mais même si vous supposez que certains buts ont été réalisés, le pouvoir politique conquis, les actuelles classes dirigeantes vaincues, que fera ce parti socialiste teinté de vert qui a réuni les idées émancipatrices du temps nouveau à toutes les préoccupations de l’ancien temps? Pas grand-chose pour l’égalité économique et sociale, seule garante d’une véritable égalité.

Travailleurs, vous vous donnerez toujours un maître avec un ou une liste de candidats si vous votez en déléguant toutes vos prérogatives à un autre. Quiconque vous le demande, veut votre vote car avec lui il est revêtu de tout le pouvoir, de toute la force, de toute l’énergie qui réside en vous. Voter, c’est abdiquer, c’est annuler sa souveraineté individuelle. Ne votez pas, n’abdiquez pas, ne vous annulez pas!

L’émancipation sociale définitive ne peut être obtenue que de manière révolutionnaire. Après plus d’un siècle de pratique électorale, après un siècle d’exercice des privilèges, des monopoles et de la thésaurisation des richesses, il ne reste plus qu’un moyen de modifier radicalement les conditions de vie, et ce moyen est la Révolution sociale. Les solutions anarchistes sont actuellement imposées par l’inefficacité des anciens systèmes y compris celui du socialisme doctrinaire.

Pour obtenir une fois pour toutes la liberté souhaitée, tous les pouvoirs doivent être expropriés de manière révolutionnaire. Que tous les travailleurs agissent par eux-mêmes, par des accords mutuels, sans déléguer leurs droits, leurs facultés, leurs attributions à qui que ce soit, sans attendre des ordres supérieurs ni se fier à des administrations centrales qui monopolisent tout, et l’indépendance s’établira dans une société plus solidaire, plus réelle que par tous les pouvoirs artificiels et les organismes et institutions forgés pour l’établir et la garantir.

Enfin, pour que la Justice désirée règne et brille magnifiquement un jour à la surface de la terre, il faut que chacun puisse se nourrir, s’éduquer, jouir et vivre dans un bien-être harmonieux, dans le respect de la nature.

Notre bien-être et notre liberté ne dépendent pas du dépôt d’un morceau de papier dans l’urne. Avec cette pratique mystique, nous nous sommes habitués à attendre des dirigeants le minimum vital, la nourriture nécessaire, l’instruction indispensable, de meilleures conditions d’hébergement. Quand cette pratique électorale est abandonnée, la conquête de ces choses commence à être possible de manière supérieure, parce que nous commençons déjà à les chercher pour nous-mêmes, et au bout de ce chemin la Révolution se trouve toujours; la Révolution qui apportera inévitablement une liberté complète dans la plus stricte égalité des conditions économiques et sociales.

Que peut nous apporter un changement plus ou moins radical des personnes, un changement plus ou moins profond des institutions? Regardez autour de vous: républiques fédérales, républiques unitaires, monarchies, régimes communistes autoritaires… tout vit et subsiste pour défendre et maintenir la propriété et le privilège des propriétaires, pour affirmer et continuer l’esclavage des ouvriers. La faim règne dans les pays sous-développés et même en Europe, pays riches ; l’ignorance règne sur toutes les nations, le laxisme moral et le crime englobent tout. Que vous souciez-vous si ceux-ci ou ceux-là sont les maîtres? Ce dont vous devriez vous soucier, c’est de ne pas avoir de maître. Car pendant que vous voterez, vous ne ferez que confirmer votre esclavage, car celui qui choisit un maître se confesse être un esclave. Et vous n’êtes même pas libre de choisir celui que vous aimez! Aujourd’hui, vous votez par défaut, contre le pire. Ou plutôt contre Le Pen.

Et si vous n’y allez pas, si la rébellion envahit votre esprit et que vous ressentez l’encouragement et la force de secouer violemment tout pouvoir, toute tyrannie, venez à nous, rebelles aussi, et la Révolution sociale sera bientôt un fait. Venez chez nous et avec nous dites à toutes les parties, de l’absolutiste à celle qui vous séduit avec la promesse d’un meilleur statut social: Nous ne votons pas parce que nous ne voulons déléguer nos droits à personne, parce que nous voulons nous gouverner nous-mêmes, parce que nous voulons une liberté effective, une véritable égalité, pour que la société vive dans la justice. Nous ne votons pas parce que nous avons quelque chose de plus sérieux à régler; car il faut donner nourriture et abri, instruction et confort à la majorité de l’humanité notamment celle qui vit misérablement. Nous ne votons pas parce que l’émancipation humaine ne peut sortir des urnes, elle ne peut naître que de la Révolution triomphante.

Nous sommes anarchistes, et l’anarchie est basée sur l’égalité des conditions économiques, la liberté comme méthode et enfin la solidarité de tous les hommes. Tout cela exclut les classes, les privilèges, la propriété, le gouvernement. Nous recherchons un nouveau monde et nous essayons de détruire votre monde pourri.

Alors en toute conscience, travailleur, ne vote pas ! Pratique l’abstention active et combat les injustices. Organise-toi pour un jour, gérer directement les usines, les bureaux, les écoles, les services publics…Vive la Commune !

Patoche (GLJD)