Staline: morceaux d'anthologie

Staline

Dix ans après la mort de Staline

             Dix ans après la mort du tyran anti-communiste Staline, il n’est pas mauvais – et pas seulement pour en rire – de se remettre sous les yeux quelques élucubrations datant de 1953 ou 1954.    Cela reste très instructif pour un militant ouvrier. Voici une sélection :

« Quand Sergeï Mironovitch Kirov est mort, et que son corps a été exposé dans la salle des Colonnes, Staline a pleuré, j’étais à quelques pas, j’ai vu les larmes sur son visage…

« … La France doit à Staline son existence de nation. Non seulement pour cette victoire que commémore une place de Paris, non seulement pour Stalingrad, victoire du génie militaire de Staline, mais pour tout ce qui a rendu cette victoire possible. Depuis la thèse essentielle qui proclamait la possibilité de bâtir le socialisme dans un seul pays jusqu’à l’affirmation que l’homme est le capital le plus précieux. »

Louis ARAGON, prix Staline

(Lettres françaises, 12 mars 1953)

            Si maintenant vous reportez au rapport de Krouchtchev au XXIIe Congrès (texte intégral dans « l’Humanité » du 31 octobre 1961), vous apprendrez que Staline avait « organisé » le meurtre de Kirov. Il faut donc admettre que Staline pleurait sur sa victime.

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                                 « Ô Grand Staline, ô chef des peuples

Toi qui fais naître l’homme

Toi qui fécondes la terre

Toi qui rajeunis les siècles

Toi qui fais fleurir le printemps

Toi qui fait vibrer les cordes musicales

Toi splendeur de mon printemps, toi

Soleil reflété par les milliers de cœurs. »

Louis ARAGON

(Cahiers du Communisme – mars 1954)

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   « Le plus grand homme d’État du monde contemporain n’est plus. Staline est mort, le cœur de Staline a cessé de battre.

«  Par l’émotion suscitée par la triste nouvelle sur toute la terre, tant parmi ses amis que chez ses ennemis, on peut mesurer la place que Staline tenait dans le monde.

« La mort de Staline est un immense malheur pour l’humanité. Comment lui rendre l’hommage qu’il mérite ? Dans les jours accablants de sa mort il est difficile d’exprimer le sentiment qui nous étreint, la douleur que l’on éprouve.

« …Avant tout je veux parler de son humanité. Parmi ses qualités et ses dons, ce trait de caractère m’a paru particulièrement éminent. »

Pierre COT, prix Staline

(Pravda, 9 mars 1953)

 

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             « Comme on comprend la douleur de chaque homme, où qu’il vive, à l’annonce de la mort du grand défense de la paix ! Mais tous les hommes savent que Staline ne peut pas mourir. Il vit non seulement dans ses œuvres, non seulement dans la puissance et dans l’essor de l’État soviétique, mais dans la conscience de centaines de millions d’hommes… Lorsque le cœur de Staline a cessé de battre, le cœur de l’humanité s’est mis à battre encore plus fort… »

                                                           (Études soviétiques – n° 61 Paris 1953)

Ilya EHRENBOURG

 

Une question qui reste à élucider : en quelles circonstances exactes le cœur de Staline s’est-il arrêté de battre ? Car, après 10 ans, la mort de Staline reste mystérieuse. Le 4 mars 1953 un communiqué apprenait au monde que Staline avait été frappé d’une hémorragie cérébrale dans la nuit du 1er au 2 mars. Et le 6 on annonçait qu’il était le mort le 5 mars à 21 heures. On n’a rien dit sur ses derniers instants.? Avait-il repris connaissance entre les 2 et 5 mars ? Ce mystère maintenu  encore dix ans après sa mort renforce l’idée que Staline pourrait bien n’être pas mort de mort naturelle soit qu’on l’ait assassiné soit qu’on l’ait laissé sans soins. Et ces hypothèses deviennent parfaitement plausibles si l’on se rappelle ces paroles de Khrouchtchev au XXe Congrès :

            « Staline avait de toute évidence le dessein d’en finir avec tous les anciens membres du Bureau Politique. Il avait souvent déclaré que tous les membres du Bureau Politique devaient être remplacés. » Cela pourrait être entendu comme une justification pour la liquidation de Staline. »

 

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             De « l’Humanité » du 27 janvier 1953 :

            « Dix médecins parisiens, parmi les plus éminents, viennent de rendre publique la déclaration suivante, au sujet des médecins terroristes démasqués en U.R.S.S. et des campagnes de mensonges qui ont suivi cette découverte :

« …Les médecins français estiment qu’un très grand service a été rendu à la cause de la paix par la mise hors d’état de nuire de ce groupe de criminels, d’autant plus odieux qu’ils ont abusé de la confiance naturelle de leurs malades pour attenter à leur vie.

« Les agents français et sionistes des services américains en France essayent de se solidariser avec des criminels… »

 

La mort de Staline sauva ces « criminels ». Plusieurs d’entre eux apportent maintenant leurs soins aux successeurs de Staline. Mais rien ne sauvera plus les criminels et organisateurs de mensonges, ces malheureux médecins « éminents » don « l’Humanité » publiait l’inoubliable déclaration.

 

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             « Il est des morts plus vivants que les vivants, qui ne mourront jamais, parce que leur œuvre vit, vivra dans les siècles, et l’œuvre de leur camarade Staline est de celles-là.

            « Les deux géants de l’humanité Lénine et Staline reposent aujourd’hui côte à côte dans le mausolée sur le place Rouge de Moscou. Côte à côte, comme ils le furent dans la vie pour le bonheur des hommes.

« Gloire éternelle au grand Staline ! »

Jeannette VERMEERSCH

(Cahiers du communisme, mars 1954)

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             « La publication de l’ouvrage génial du camarade Staline sur « Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S. », généralisation grandiose de l’expérience de la construction du socialisme en U.R.S.S. et du mouvement révolutionnaire international, constitue un événement capital dans la vie idéologique de tous les partis communistes. Cet ouvrage aidera puissamment les communistes français à mieux comprendre les lois du développement de la société, à mieux s’orienter dans leur combat pour la paix, pour l’indépendance nationale, pour le socialisme. »

Maurice THOREZ

(l’Humanité – 4 avril 1953)

 

            Cet ouvrage « génial » du grand Staline est – bien entendu – mis au rancart en U.R.S.S. Qui aidera maintenant, aussi « puissamment », Maurice Thorez et les communistes français à mieux comprendre les lois du développement de la société ?

 

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             « La haine que la bourgeoisie capitaliste de notre pays et ses agents scissionnistes dans le mouvement ouvrier ont vouée à Staline est témoignage de plus de tout ce qu’il représentait d’espérances et de certitudes pour les opprimés.

« Staline mort, son œuvre reste, grandiose, impérissable. Elle continuera à guider les pas des prolétaires vers leur émancipation ».

Commission administrative de la C.G.T.

(Le Peuple – 15 avril 1953)

 

Il était nécessaire de terminer ce bouquet par cette déclaration collective des dirigeants de la C.G.T. Une fois de plus, leur « clairvoyance » s’est révélée remarquable ! L’œuvre impérissable de Staline continue donc à guider les prolétaires vers leur émancipation !!!

 

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             Il faut vaincre beaucoup d’écœurement pour choisir – parmi beaucoup d’autres du même style – ces exemples de servilité et, surtout, de bêtise. Reposons encore une fois cette question : qu’est-ce le mouvement ouvrier peut-il avoir de commun avec cela ? Fort heureusement, il nous prouve actuellement qu’il a résisté à ce poison. C’est en dégorgeant la dernière goutte du poison stalinien que les prolétaires marcheront effectivement – et dans tous les pays – vers leur émancipation.

 

Nous publierons dans un prochain article le compte-rendu d’un conseil municipal au Havre où les militants communistes Cance et Duroméa demandent que l’on attribue le nom d’une rue au maréchal Staline…Epique l’argumentaire!