La Révolution est-elle possible

Evolution

Révolution, évolution

Pour nous autres anarchistes, la seule révolution qui vaille, c’est celle voulue et réalisée par les classes dominées prêtes à prendre en main leurs destinées sans s’en remettre aux tribuns, aux sauveurs suprêmes, aux partis, pour la gestion directe de la société. Les classes dominées dont la classe ouvrière ont tout intérêt à convaincre le reste de la population active qu’elles veulent édifier un régime économique rationnel basé sur la liberté, l’égalité économique et sociale. L’instauration d’une telle société, profitable à tous et toutes, aurait l’avantage de limiter l’affrontement final avec les privilégiés et leurs valets, cadres d’un régime despotique ou démocratique, la démocratie étant aussi le système permettant de faire perdurer les avantages et le pouvoir pour une minorité. Les anarchistes, s’ils ne contestent nullement la spontanéité des masses, pensent aussi que la révolution doit se préparer au préalable dans les esprits. L’évolution de la société vers davantage de bien-être et de liberté est un pas en avant pour autant que toute réforme soit le résultat de l’action directe des travailleurs. Une transformation radicale de la société ne pourra se faire sans conflit majeur avec la classe au pouvoir, le patronat aidé de son bras armé, l’Etat.

Quel est le rôle d’un groupe libertaire ? Un groupe libertaire est un groupe d’études et de réflexions, pas un groupe d’action. L’action se fait dans les syndicats, les associations, les Assemblées générales…Les libertaires organisés en groupes affinitaires ont pour tâches la propagande et la pénétration des idées libertaires dans les organisations propres de salariés, de chômeurs…bref, irriguer toute la société de nos propositions. Il convient de même d’étudier les problèmes complexes de l’autogestion et du fonctionnement de l’économie. Des rapports de domination aussi et d’éducation rationnelle. Une grève générale qui aboutirait à l’arrêt brutal de toute production sur le long terme risquerait de créer un désordre préjudiciable à la révolution si aucune alternative à la production, la distribution et la consommation n’était mise en place rapidement. Voilà quelques axes sur lesquels il faudra bien se pencher, en les réactualisant sans cesse en fonction des besoins des individus et des connaissances technologiques, numériques, scientifiques…

Produire et consommer en dehors du cycle capitaliste pourraient s’avérer à court terme comme un travail en amont de la révolution. Ce qui importe c’est ce qui se fait chaque jour avec les moyens dont on dispose. Transformer la société, c’est préparer la société future, d’abord pour les déshérités mais aussi pour tout le monde. Bannir les injustices, les inégalités sociales, la dégradation de l’environnement…pour jouir d’une vie moins pénible, ne serait-ce qu’au travail. Envisager l’alternative à la coupure d’avec l’ancien monde ne nous autorise pas à décrire par le menu toutes les institutions futures de la société communiste. Heureusement car une société trop réglementée pourrait nous amener à une société orwellienne. Nous faisons nôtres les propos de Kropotkine qui revendiquait dans « La Conquête du pain », « un communisme sans gouvernement, celui des hommes libres. C’est la synthèse des deux buts poursuivis par l’humanité à travers les âges : la liberté économique et la liberté politique ».

Le problème pour nous est donc de faire disparaître cette hiérarchie du capitalisme qui transforme le producteur en salarié, et cette hiérarchie de l’Etat qui opprime les individus et les communes. Le capitalisme d’Etat ne fait pas autre chose. La vie de la société ne doit pas venir d’en haut mais d’en bas. Le système fédératif de Proudhon est un équilibre entre la société toute entière et les groupes multiples. La gestion des unités de production industrielle et agricole sera confiée aux producteurs eux-mêmes, c’est le concept d’autogestion. Le seul système qui peut, au lendemain de la révolution, supprimer le centralisme économique et le pouvoir d’Etat c’est, dans le domaine de l’économie, la fédération, qui sauvegarde la spontanéité et la liberté des producteurs.

Voilà quelques points à creuser par les groupes libertaires. Nous ne négligeons pas non plus les individus qui doivent effectuer un travail sur eux-mêmes et dans leur entourage.

Mika (GLJD)