Retraites: sérieusement, de qui se moque-t-on

Occupation

Sérieusement, de qui se moque-t-on ? Quand Elisabeth Borne demande aux syndicats de ne pas pénaliser les Français en faisant grève et éventuellement en bloquant le pays ? Est-elle dans la provocation ou dans la déconnexion totale du réel? A notre avis, un peu des deux.

Car qui peut oublier les propos tenus sur les carreleurs par exemple où ces derniers « bénéficiant » de genouillères pourraient travailler plus longtemps car davantage protégés. Propos indigne ! D’autant que les carreleurs tout comme les ouvriers en général travaillent pour un patron qui les exploite. L’ouvrier métallurgiste, l’ouvrier du port… n’ont rien à voir avec le patronat si ce n’est un rapport de soumission, les travailleurs n’ayant que leur force de travail à vendre. Les porte-parole du gouvernement sont dans l’idéologie et tiennent  des propos révélateurs quant à leur méconnaissance du milieu ouvrier. Ils veulent garder leurs avantages sur le dos des prolétaires.

Depuis des décennies d’injonctions du capital à repousser l’âge de départ à la retraite, en fait depuis 1953 pour les fonctionnaires, ce sont des professionnels de la politique, des « experts » autoproclamés en économie, qui dictent l’état de l’opinion publique. Ils se succèdent à la TV, sur les radios et les réseaux sociaux pour disserter sur des problèmes qu’ils connaissent de très loin et qu’ils ne vivent pas dans leur chair. En réalité, ceux à qui les médias donnent la parole n’y connaissent pas grand-chose. Ils n’ont jamais travaillé à la chaîne, jamais enseigné dans des classes REP+, jamais enchaîné les quarts à l’hôpital avec un sous-effectif chronique…

Pourtant, ce sont les gens de la première ligne et aussi ceux de la seconde qui créent les richesses et font tourner le pays, mais ils n’ont que rarement voix au chapitre. On leur préfère des « experts ». Les mêmes qui n’avaient pas vu venir la crise financière de 2008, ceux qui avaient prédit deux ou trois mois d’inflation… Déjà en 1953, le gouvernement de l’époque s’attaquait aux retraites des fonctionnaires. La guerre d’Indochine avait grevée le budget de l’Etat. Il y a toujours une facture à payer…pour les salariés et les chômeurs.

La bourgeoisie ne croise jamais des travailleuses et des travailleurs aux métiers pénibles. Elle assume très bien son séparatisme social, que ce soit dans les quartiers et dans les écoles.

80% des Français sont contre la retraite à 64 ans. Ce n’est pas rien ; eux, les décideurs, qui s’appuient souvent sur les sondages pour faire passer leur politique feraient bien d’en tenir compte.

Mais nous ne sommes pas dupes ; le but de la réforme Macron est de financer des réductions d’impôts pour les entreprises. Le gouvernement compte ainsi récupérer 8 à 12 milliards par an. On prend dans la poche des travailleurs pour remplir les poches du patronat.

Le déficit envisagé dans les années 2030, d’une dizaine de milliards par an, est calculé sur la base de projections sujettes à caution notamment en termes d’emploi. De toute façon, pas de quoi faire s’écrouler le système surtout quand on compare avec les diverses aides publiques aux entreprises qui étaient estimées à 150 milliards en 2019 ! Car, c’est bien dans les cadeaux faits au patronat qu’il convient de chercher l’origine de la réforme. Chaque année, ce sont notamment plusieurs dizaines de milliards que les entreprises volent sur les salaires (le brut) avec des exonérations de cotisations sociales qui manquent dans les caisses de la protection sociale … Pour les fonctionnaires, le blocage du point d’indice et le manque d’embauches sont les causes premières d’un manque à gagner pour le financement des retraites.

Les libertaires veulent socialiser la production, dégager les parasites capitalistes (pléonasme) pour un autre futur.

Car, la réforme proposée par Borne-Macron pénalisera les travailleurs qui ont commencé à travailler tôt. Cela rendra les fins de carrières plus difficiles. Le patronat, toujours à l’affût de profits, demande déjà des subventions à l’Etat pour l’embauche de séniors.

En augmentant la durée de cotisation requise, on aggrave aussi la situation pour les femmes. Elisabeth Borne invoque comme raison le maintien de l’âge de départ sans décote à 67 ans, mais la réalité c’est que les pensions des femmes sont toujours un tiers inférieures à celles des hommes et la réforme en l’état ne fait rien pour corriger ça.

Nos vies contre les profits de quelques-uns, voilà l’enjeu. Le patronat et l’Etat contrôlent nos vies et notre travail. A nous, d’inverser la vapeur pour que ce dernier devienne émancipateur et socialement utile, sous notre contrôle.

C’est d’un autre projet de société dont nous avons besoin. Autogérons toute la société ; débarrassons-nous des politiciens et des exploiteurs.

Ti Wi (GLJD)