R.I.C. pour quoi faire ?

Yeux ouverts

R.I.C. pour quoi faire ?

Trop de gens parlent au nom du peuple pour que nous autres, libertaires, les singions. Ce n’est pas parce que la mode est au R.I.C. que l’on doive courir après et faire du colle au cul gauchiste. Penser que le R.I.C., dans le cadre d’un système capitaliste, puisse être émancipateur pour les travailleurs, est une tromperie manifeste. Nous avons consacré plusieurs articles à ce sujet mais nous enfonçons le clou car plusieurs compagnons semblent perdus.

Tout d’abord, nous sommes antiparlementaires et nos anciens parlaient bien des députés comme des parlementeurs. Depuis l’instauration du suffrage universel, les scandales à répétition touchant la caste politique, des chécards du canal de Panama, en passant par les décorations du gendre de Wilson, l’affaire stavisky…et plus récemment, tous les politiciens mouillés dans les affaires de corruption (emplois fictifs, fraudes diverses, financement des partis politiques…) et autres prises d’intérêt illégales… la vie politique française, mais c’est pareil à l’international, est jonchée de malversations car le pouvoir est maudit et il corrompt. Dire qu’en mettant au pouvoir des personnes éthiquement irréprochables, ce serait la solution à tous ces maux, c’est ne pas analyser correctement la nature même de l’autorité. L’erreur est dans le semblant d’égalité dans le vote. C’est la même chose pour le R.I.C.

Ceux et celles qui prônent le R.I.C. ne remettent pas finalement en cause le statut des élus. Pour l’instant, ceux qui participent au processus électoral (pas les anarchistes) votent dans le meilleur des cas pour leur candidat mais souvent pour un candidat par défaut. Ce fut le cas pour l’élection d’Emmanuel Macron, lors de la dernière présidentielle. Quant aux députés, ils sont choisis par les instances des partis, c’est dire que les coteries et les instincts de soumission au chef priment sur les critères de compétences et de vertu. La politique politicienne fait la part belle au cynisme militant.

Le R.I.C. peut très bien s’intégrer dans le système électoral actuel. Il gênera peut être au départ mais sera très rapidement mis au pas et fera partie ensuite de la future panoplie des professionnels de la politique. Le contrepouvoir ne se trouve pas dans les urnes mais dans la rue, c’est ce qui nous permet d’obtenir des avantages en attendant de renverser la table. Le R.I.C renvoie les électeurs à l’isolement de l’isoloir alors que nous avons besoin d’un rapport de force collectif. Notre force, c’est le nombre. A-t-on déjà vu les tenants du pouvoir se faire hara-kiri et partager sans rien dire leurs privilèges ? Nous ne troquerons pas notre alternative de gestion directe de la société contre un R.I.C. qui a déjà montré ses limites, en Suisse, par exemple. Nous entrevoyons très bien les gouvernements laisser quelques miettes de votations sur certains sujets, des thèmes autorisés, tout en maintenant le parlement national…et ses traditionnelles prérogatives.

Les questions soumises à votation seront tributaires des moyens financiers pour influencer l’opinion. Qui contrôlera l’influence des lobbys ? Les ingérences multiples dont celles émanant de l’étranger ? L’abstention sera-t-elle moins élevée si les gens sentent que l’objet de la votation leur échappe ?

Les libertaires ont des solutions diverses et variées avec lesquelles nous ne sommes pas forcément d’accord sur tout mais qui ont le mérité d’ouvrir d’autres horizons moins étriqués : municipalisme libertaire, anarcho-syndicalisme, communisme libertaire…l’individu étant à la base de tout.

Patoche (Groupe Jules Durand)