Quelques principes anarchistes

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Quelques principes anarchistes

1.- L’anarchisme est contre l’Etat donc ennemi de tout type de gouvernement établi ou ayant l’intention de s’établir. Toute l’histoire humaine montre que là où il y a gouvernement, de quelque nature qu’il soit, il y a toujours  des  exploités et des exploiteurs; des gens qui vivent dans le plus grand confort, et une majorité de gens qui travaillent sans relâche pour maintenir des classes favorisées, parasites et inutiles pour la production et l’organisation de la société. Nous savons que l’existence de l’État est un lourd fardeau pour tous les pauvres qui, en échange de garder une poignée de riches dans l’opulence, n’obtiennent que misère, exploitation, ignorance et parfois la mort pour le plus grand profit des classes aisées.

Par conséquent, la conquête du pouvoir politique ne doit pas être l’objectif prioritaire comme le pensent les marxistes et les sociaux-démocrates. Au contraire, il ne doit pas être convoité et pris sauf à vouloir aliéner sa liberté. Le but de la révolution n’est pas la conquête du pouvoir politique, mais sa destruction. Nous n’avons pas seulement l’intention de détruire mais de  construire une alternative libertaire. Nous sommes historiquement inspirés des principes du communisme libertaire/anarchiste, ces deux termes étant synonymes. Le communisme libertaire combat le capitalisme sous toutes ses formes y compris le capitalisme d’Etat, dit socialisme autoritaire, et encourage la saisie et l’appropriation des moyens de production par les travailleurs eux-mêmes; les champs, les usines, les ateliers, les écoles, les médias et les transports… ainsi que les grandes surfaces et autres magasins,   détenus par la bourgeoisie. Le tout devant être socialisé et mis immédiatement à la disposition des travailleurs qui pourront les mettre en service certainement après une grève générale expropriatrice. Les institutions autoritaires inutiles de la police, de l’armée, de la justice et des religions quelles qu’elles soient, et toute la bureaucratie de l’État doivent être éliminées et remplacées par des services publics autogérés. L’objectif ultime du communisme libertaire est la construction d’une société de producteurs et de consommateurs libres, organisée selon les termes de la libre association et de la distribution équitable : partage égalitaire des richesses et partage du temps de travail. Éliminer la propriété privée, et socialiser les moyens de production, de consommation et de distribution ; la production socialement utile ira dans le sens inverse de l’actuel, avec une société organisée de bas en haut contrairement à la société pyramidale en vigueur de nos jours.

La production contemporaine vise à satisfaire un capitalisme vorace faisant toujours plus de profits pour une petite minorité. Dans la société anarchiste communiste, elle se produira en pensant avant tout à la satisfaction des besoins de tous et de toutes. La production ira donc dans la direction opposée à l’actuelle, dans le sens d’un développement durable sans obsolescence programmée.

2 Conformément aux points précédents, les libertaires n’admettent pas en leur sein des personnes appartenant à un parti politique et regroupent les compagnons de façon affinitaire fonctionnant sur l’abstention amicale. Si des compagnons désirent mener une action, qu’ils la mènent. Ceux qui sont en désaccord le diront mais s’abstiendront de nuire à l’action ou la propagande entreprise par leurs autres compagnons. L’anarchisme est politique mais récuse tout parti politique.

Les politiciens aspirent également à un morceau du gâteau que les riches partagent chichement, accordant les miettes aux pauvres. Nous pensons qu’il est incohérent de faire ce que font les autres mouvements politiques, y compris d’extrême gauche, qui en même temps qu’ils lancent les diatribes les plus incendiaires contre l’État et le capital, reçoivent d’eux les moyens économiques ou matériels pour mener à bien leurs activités. Il n’est pas possible de servir deux causes à la fois. Si l’Etat se bureaucratise et asservit, c’est nécessairement qu’il est contre le peuple. Les anarchistes préfèrent leur dignité, leur sincérité et la lutte solidaire pour la liberté de l’ensemble des travailleurs, à la partition indigne que jouent le capitalisme et l’État. Les libertaires ne bénéficient donc d’aucun type de financement de la part de l’Etat, ni d’aucune institution liée au capital. C’est ce qui explique que l’anarchisme est toujours vivace depuis plus de 150 ans alors que les autres courants de pensée se sont travestis et ont trahi leurs idées initiales.

3 Le capitalisme contemporain exploite la force de travail des travailleurs (force manuelle, intellectuelle, affective, communicationnelle, etc.) et soumet notre vie à son profit. Raymond la science disait que l’on avait trois choses à prostituer : sa tête, ses bras ou son cul. Dans ce contexte de barbarie, les anarchistes entendent renverser le travail salarié et aliéné, ainsi que la propriété privée et étatique, qui sont dans le monde contemporain quelques-uns des fondements économiques du capitalisme. Nous nous déclarons anticapitalistes car le capitalisme recherche les profits sur le dos des travailleurs piégés dans les chaînes du travail salarié et aliéné. L’égalité économique et sociale sera atteinte lorsque la richesse matérielle et immatérielle qu’est la propriété commune de tous les producteurs  sera au point d’équilibre, au sens proudhonien du terme, et que le travail deviendra parallèlement une activité créative autonome et librement associée. Le communisme anarchiste ainsi compris mettra à la disposition de chaque travailleur les moyens nécessaires pour vivre et produire. Sans oublier la nécessaire éducation libertaire pour réaliser l’émancipation de tous et toutes.

4 Internationalistes de la première heure, nous ne  reconnaissons pas les frontières nationales. Le nationalisme divise l’humanité et confronte les peuples en ennemis potentiels avec à terme des conflits meurtriers. C’est aux travailleurs de détruire les frontières et toutes barrières qui divisent l’espèce humaine. Au-delà des frontières, les anarchistes étendent leur solidarité et leur soutien mutuel à tous les exploités. Nous sommes aussi antimilitaristes car il n’y a rien de pire que la guerre et l’armée est toujours du côté du manche.

Ce sont les marchands de canons qui bénéficient au premier chef des conflits meurtriers entre nations ou ethnies.

5 Souhaitant la création d’une société fraternelle libérée du capitalisme et de l’État, les libertaires souhaitent faire de la lutte un exemple de ce nouveau monde qu’elle prône, en répandant la solidarité et l’entraide entre toutes les composantes du mouvement social. Nous pensons que la morale anarchiste et notre intelligence, cette sensibilité cristallisée, amèneront de nombreuses personnes à réfléchir et à nous suivre. La lutte des classes ne peut, sans morale libertaire, émanciper à elle seule tout le monde. D’ailleurs nous estimons que la lutte pour l’émancipation du peuple doit implicitement et explicitement inclure l’émancipation des femmes de toutes sortes d’oppression. De même pour les exilés, la communauté LGBT. Par conséquent, nous prônons une société anti-patriarcale. La liberté ne peut être comprise si un seul membre de l’humanité est asservi de quelque façon que ce soit. L’équité entre les femmes et les hommes est une condition sine qua none de la liberté de tous et toutes. La liberté des autres étend la nôtre à l’infini. En essayant de contrer le rôle de l’oppresseur, nous nous opposons au  privilège de tout sexe, homme ou femme, dans la lutte, mais les deux doivent se battre ensemble, réalisant que l’oppression dont nous sommes tous victimes est due avant tout au régime de pouvoir, d’oppression et d’exploitation qui nous est imposé. Ce qui implique nécessairement la remise en cause de la prépondérance du rôle masculin au sein de la société et la lutte contre les féminicides.

6 Les anarchistes sont athées estimant que la religion est liberticide et que l’existence d’un dieu est une vague supercherie pour mieux exploiter la crédulité des gens. Autrement dit, nous nous opposons aux mouvements religieux, même s’ils se présentent parfois avec un vernis pseudo-social. Nous sommes rationalistes et contre les dogmes par essence immuables, ce qui est contraire à l’ordre naturel des choses, l’évolution des espèces n’étant plus à démontrer. Nous respectons la liberté de chacun de croire ou ne pas croire, pour autant nous combattons par les idées rationalistes et scientifiques tout ce qui a trait au religieux. La religion est, aujourd’hui, dans nombre de pays chrétiens, musulmans, bouddhistes… l’une des plus grandes forces économiques et politiques. Ennemie de la science et du progrès, la religion doit être combattue afin d’éviter que se propagent maintenant  l’ignorance et la soumission à toute bigoterie. D’autant que comme l’armée, une religion d’Etat est toujours du côté des puissants. Dès aujourd’hui le fait religieux doit être étudié historiquement et scientifiquement avec pour base ce qui peut être démontré. La mainmise des clergés, la mythologie religieuse et son panel de mensonges doivent être éradiqués et vaincus. Nous sommes partisans du progrès et de la science à condition qu’ils servent l’humain d’abord et qu’ils ne soient pas détournés à des fins guerrières ou d’oppression. Que nos enfants grandissent éduqués également dans une école égalitaire et émancipatrice. Nous considérons que les organes obscurantistes propagent l’ignorance et la soumission aux pouvoirs en place, ce qui éloigne les gens des problèmes sociaux et actuels, en promettant aux naïfs un paradis plus tard afin de mieux les exploiter sur Terre présentement.

7 Les anarchistes entendent travailler sur la base de la solidarité, de la liberté, de la fraternité et de l’égalité, en mettant l’accent sur la responsabilité et l’engagement, ces points étant une partie essentielle du militantisme libertaire. Les groupes libertaires, dans leur lutte pour l’élimination de l’autorité, recommandent également une bonne entente et entraide, qui non seulement mettent fin à la tutelle des chefs mais rendent également la lutte et le travail des affinitaires plus fonctionnels et plaisants. Le militantisme ne doit pas être signe d’auto-exploitation ni de chianlie.

8 Nous soulignons l’intérêt de promouvoir la liberté individuelle et collective, où l’individu n’est pas soumis  au collectif ou le collectif à l’individu. Le  respect de la liberté individuelle est primordial pour que chacun et chacune trouve son compte dans l’élaboration de projets qu’ils soient de propagande ou d’action.

9 Les anarchistes sont fédéralistes, favorables au consensus entre militants et préconisent ainsi la décentralisation des fonctions dans l’organisation fédérée et l’horizontalité. Nous sommes favorables à la rotation des tâches et à la nécessaire formation des militants pour mettre en œuvre cette pratique qui évite la sclérose et surtout l’esprit bureaucratique.  La solidarité et la fraternité ne doivent pas être de vains mots comme c’est si souvent le cas dans le milieu militant mais doivent être pratiquées sans arrière-pensées, et être étroitement liées à l’idée de soutien mutuel, où la fraternité et la confiance s’expriment, pour être solidaire avec les personnes ou les groupes qui ont besoin de notre aide, comme être solidaire les uns des autres…

Nous ne pensons pas que nos fins seront réalisées par une sorte de fatalisme ou de volontarisme déconnecté des réalités sociales. Nous avons besoin de la volonté active de tous, en respectant la liberté de chacun, mais en conjuguant nos efforts pour un travail commun en adéquation avec la volonté individuelle des participants aux groupes libertaires.

Ti oui (GLJD)