Ne perdons pas notre vie à la gagner

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Le travail actuel a-t-il un intérêt ?

C’est l’angle mort de la réforme des retraites.

Tout le monde a bien compris que la réforme était injuste et pénalisait ceux et celles qui ont commencé à travailler tôt, ainsi que les femmes dont les salaires sont globalement inférieurs à ceux des hommes, les femmes cumulant les carrières hachées…Si on ajoute à cela le fait que les entreprises ne veulent pas embaucher les séniors et que bon nombre sont déjà au chômage avant d’être retraités, on voit que la réforme Borne/Macron relève de l’incohérence.

Mais il est un sujet dont peu parlent, celui de l’intérêt du travail, ce dernier étant en crise et cette dernière ayant été mis en lumière après la pandémie avec la grande démission, entre autre.

Les conditions de travail se sont dégradées un peu partout. Il suffit de regarder la lassitude et la souffrance au travail du personnel hospitalier. Les fermetures de lits, la gestion managériale, le manque de personnel… ont eu raison des meilleures volontés. L’école n’est pas épargnée et l’enseignement n’attire plus. Dans les usines, les ouvriers sont de plus en plus soumis aux cadres qui ne connaissent le travail que de loin. Les problèmes de santé augmentent d’année en année : principalement maux de dos, de tête et anxiété. Le mal être au travail touche une majorité de travailleurs ce qui induit des troubles dépressifs.

On ne compte plus les emplois où les salariés sont obligés des charges lourdes. Les troubles musculo–squelettiques (TMS) regroupent des affections touchant les articulations, les muscles et les tendons. Ils sont de plus en plus présents dans le monde ouvrier. Mais les travailleurs des plateformes téléphoniques, les secrétaires…qui passent leur temps au téléphone, à répondre, se faire rabrouer quand ce n’est pas insulté, ne sont pas mieux lotis, notamment sur le plan du mal-être. Ce dernier se cumulant d’année en année. Avec un épuisement à la clef d’autant que la plupart des emplois ne laissent aucune initiative aux travailleurs qui ne sont que de simples exécutants qui servent de variables d’ajustement quand le patron veut licencier pour les actionnaires puissent engranger davantage de profits.

Alors parler dans ces conditions de rallonger le temps passé au travail (le turbin, le boulot, le taf, le tapin, le chagrin, le gagne-pain…pour taffer, charbonner, gratter, bosser…) de deux ans, c’est complètement à côté de la plaque. Les politiciens qui pensent les réformes n’ont aucune idée en fait de ce que vivent les salariés dans leurs entreprises, à l’hôpital, dans les écoles, dans les bureaux…Ces petits marquis de la politique jouent aux économistes qui agissent pour le bien du peuple un peu comme d’autres voulaient faire le bonheur du peuple malgré lui. C’est typique de la mentalité autoritaire. D’ailleurs, en 2017, le gouvernement Macron a supprimé quatre des dix critères de pénibilité dont les postures pénibles et les charges lourdes sous couvert que le seuil d’exposition ne peut être quantifié…Quelle méconnaissance et quel mépris des travailleurs !

Le bien-être au travail, les salaires décents…ce n’est pas la priorité des managers qui préfèrent mettre la pression et se pencher sur la manière d’améliorer la rentabilité au travail.

Une récente étude indiquait qu’un tiers des étudiants infirmiers (Ifsi) arrêtait leurs études en cours de route. Il suffit de faire un stage dans certains services de santé pour s’apercevoir que la situation est intenable et qu’il vaut mieux s’orienter vers une autre formation où les contraintes de l’activité seront moindre et mieux rémunérés. Car en plus d’être durs, certains emplois sont sous-payés, notamment ceux qui ont une utilité sociale.

D’où de plus en plus de salariés qui démissionnent ou qui refusent de s’impliquer dans le travail en devenant apathique. Alors la réforme des retraites sans tenir compte du mal-être au travail, c’est une ineptie. Une de plus. Nous savons tous et toutes qu’une mauvaise qualité de vie au travail induit une mauvaise qualité de vie à la maison avec les incidences que l’on peut imaginer. Déconnecter à la maison alors que l’on est huit heures par jour, voire plus, en souffrance au travail, est quasiment impossible. D’ailleurs plusieurs retraités disent qu’ils pensent encore au boulot de manière péjorative alors qu’ils ne travaillent plus depuis des années. Sans regrets d’être partis en retraite, bien au contraire, et si la retraite avait pu être prise avant, ça aurait été bienvenu.

Les libertaires proposent une autre vision du travail puisque nous sommes autogestionnaires, c’est-à-dire pour la gestion directe des entreprises. Bien loin des actionnaires, des DRH et des technocrates. Et de tous les messieurs de bons conseils qui n’ont jamais les mains dans le cambouis.

Patoche (GLJD)