Paul Robin, Francisco Ferrer: victimes du cléricalisme

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Pouvoir spirituel, pouvoir temporel

Le président de la C.E.F. (Conférence des évêques de France) entend donner des leçons de politique aux candidats à la présidentielle. Ainsi soit-il ! Il faudrait redéfinir le contrat social français…Comme à l’accoutumée, les prélats s’occupent du temporel et entendent peser sur notre société. Tout d’abord, les ecclésiastiques ont peur que la laïcité devienne un projet de société « qui envisagerait une sorte de neutralisation religieuse de cette société, en expulsant le religieux de la sphère publique vers le seul domaine privé où il devrait rester caché ». Ils ont bien compris l’enjeu de la défense de la laïcité pour les athées. Les cantonner au domaine spirituel.

Le clergé, quoiqu’il en dise, intervient toujours pour faire valoir ses options philosophiques : contre le préservatif, contre l’avortement, contre les homosexuels…pour les écoles catholiques financées par l’Etat, pour un enseignement irrationnel, pour le mariage…et à vrai dire l’église aborde tous les sujets de société et donne un avis sur tout. Puis elle investit la sphère publique au travers de son tissu associatif de manière insidieuse.

Le pape François ayant une fibre sociale plus affirmée que ses prédécesseurs, le président de la C.E.F. s’inquiète de la précarité et des peurs occasionnées par l’immigration. La précarité n’est pas nouvelle puisque Jacques Chirac voulait déjà combattre la fracture sociale en France. L’immigration, depuis une trentaine d’années est le fer de lance électoral de l’extrême droite, donc rien de nouveau non plus.

Les prélats tentent  trois choses essentielles à leurs yeux : faire oublier les affaires de pédophilie dont l’église a le secret (affaire Barbarin ou plutôt du père Preynat), ne pas se faire doubler en tant que première religion de France par les musulmans et plaider pour une laïcité ouverte ce qui lui permettrait de revenir sur le devant de la scène. D’où ses interventions tous azimuts.

Nous autres libertaires et libres penseurs savons qu’il en a fallu des combats contre l’église pour s’émanciper de leur chape morale et intellectuelle. Que de commémorations pour le Chevalier de la Barre, que d’actions pour pouvoir être enterré civilement ou être incinéré…La lutte contre les « ignorantins » fut longue. Et nous connaissons leur propension à passer par la fenêtre quand la porte d’entrée leur est interdite. Si nous attaquons la religion catholique, nous n’oublions pas pour autant les musulmans, les créationnistes et toutes les sectes qui sévissent sous toutes les latitudes.

Nous n’oublions pas non plus que c’est au nom du Christ que les croisades se sont déroulées, que l’inquisition a sévi et que c’est au nom de l’Islam que les islamo-fascistes de Daech commettent des assassinats. Au nom de la religion, des millions de personnes ont été tuées dans le monde. Aucune religion n’a l’apanage des meurtres de masse. Et Saint Bakounine nous avait prévenus : « De tous les despotismes, celui des doctrinaires ou des inspirés religieux est le pire. Ils sont si jaloux de la gloire de leur Dieu et du triomphe de leur idée, qu’il ne leur reste plus de cœur ni pour la liberté, ni pour la dignité, ni même pour les souffrances des hommes vivants, des hommes réels ».

Le combat contre toutes les religions doit faire l’objet de toutes nos attentions. De la même manière que les acquis sociaux peuvent être rognés, nos libertés peuvent être mises à mal par les religieux de tous bords. Si durant des années, nous avons baissé la garde, ne pas réagir aujourd’hui risquerait de nous être fatal. Nous en profitons pour indiquer la lecture « Libertaires et Education ». Il est instructif de relire les expériences qui ont été menées par les pionniers de l’éducation libertaire et combien ils ont souffert de la vindicte cléricale : Paul Robin, Francisco Ferrer, Madeleine Vernet et tant d’autres…