Pages contre la Guerre

Mutilé médaillé

Un siècle après la parution de « Pages contre la Guerre » de Madeleine Vernet, les temps ont bien changé mais la prégnance du militarisme via les marchands d’armes et les médias dont ils sont actionnaires voire propriétaires, est toujours présente. La guerre en Ukraine vient nous rappeler que nous ne sommes jamais à l’abri d’une guerre, chose la plus terrible qui soit au monde avec la famine. Donc se replonger dans les poèmes de Victor Hugo, Henriette Sauret, Eugène Bizeau, Sully-Prudhomme, Jean Richepin, Madeleine Vernet…, ne peut qu’être salutaire. Car le bruit des bottes résonne à nouveau.

« J’ai voulu donner la première place au volume des « Pages contre la Guerre » – bien qu’au début j’aie pensé la donner à Victor Hugo, pour le volume duquel le dessinateur Luce nous a fait un beau portrait.

Mais, en ces dernières années, le militarisme a fait un tel progrès, a tellement réenvahi les esprits, que l’idée m’est venue de consacrer spécialement un volume aux pages écrites sur la guerre et contre la guerre.

Elles ne sont pas légion, d’ailleurs. S’il s’était agi de faire des recherches contraires et de réunir tout ce qui a été écrit à la glorification, à l’exaltation de la guerre, de l’armée, du patriotisme, on aurait sans peine composé un énorme volume. Mais les poètes qui se sont hasardés à flétrir la guerre, ou simplement à la dépeindre dans son exacte et triste vérité, ne sont pas nombreux.

Mais, raison de plus, puisqu’il y a tant d’occasions d’adresser à la gueuse des louanges et des flatteries, raison de plus pour connaître les pages qui la montrent avec sincérité, qui la flétrissent et la stigmatisent.

Nous ne devrions jamais faire une réunion, jamais organiser une fête sans qu’une page contre la guerre n’y soit lue.

C’est en répétant, toujours et toujours, les mêmes choses, qu’on finit par convaincre les individus.

C’est là de la pédagogie élémentaire. […]

Songeons que ceux qui ont intérêt à la perpétuation de la guerre ne manquent jamais une occasion de la glorifier. Ne perdons donc jamais, nous autres, une occasion de la flétrir.

Si ce petit volume peut aider la propagande pacifiste et antimilitariste, je serai amplement récompensée de la peine que j’ai prise à réunir les pages qui le composent. »

Madeleine Vernet

Editions de « L’Avenir Social » à Epône- 1921