Orgosolo Sardegna

Non à la guerre

Fresques murales à Orgosolo

Les fresques murales (le muralisme) tiennent une place particulière à Orgosolo, village de Sardaigne à une vingtaine de kilomètres de Nuoro, à l’intérieur des terres, donc. On recense près de 680 fresques murales à ce jour ; elles parlent de l’île, de la vie des travailleurs, de l’histoire et des événements qui ont marqué le monde. La contestation politique y tient une bonne place. Les citations y fleurissent.

Nous connaissions le muralisme d’Amérique centrale et du Sud. Celui-ci a essaimé notamment après le coup d’Etat de Pinochet contre Allende, au Chili, en 1973. De nombreux exilés apportèrent en Italie la pratique de « las murales ».

Mais c’est au Mexique que cette forme d’art figuratif, notamment après la Révolution de 1910, fait florès. Orozco, Rivera et Siqueiros peignent sur les murs, dans les lieux publics fréquentés. C’est l’époque du réalisme social.

En Sardaigne, ce sont de jeunes anarchistes qui initient l’activité muraliste à Orgosolo en 1969 (Groupe Dioniso). Le village d’Orgosolo, historiquement, a toujours été rétif et méfiant à l’égard de l’Etat.

D’autres peintures murales apparaissent lorsque le gouvernement décide d’implanter un camp d’entraînement militaire de l’OTAN près du village. Un mouvement de protestation non-violent va naître : la révolte de Pratobello. Des artistes engagés vont peindre des slogans politiques. Le gouvernement face à la mobilisation capitule. Les traces de ce conflit parent encore les murs aujourd’hui. Nous voyons sur les murs des peintures relatives au Larzac France) et des slogans : Paysan = Vie, Armée = ??? Orgosolo est un véritable musée à ciel ouvert. Orgosolo c’est aussi la dénonciation des injustices et la solidarité avec les peuples opprimés.

En 1975, un enseignant d’éducation artistique dans le collège local décide d’impliquer ses élèves dans une célébration des trente ans de la Résistance antifasciste et de la libération de l’Italie du joug fasciste. Cet enseignant, c’est Francesco Del Casino. Plusieurs de ses étudiants continuèrent son œuvre au fil des ans jusqu’à aujourd’hui. Certaines « murales » s’estompent, d’autres sont repeintes. L’antimilitarisme et la paix s’exposent aussi dans les rues du village : dénonciation du colonialisme et absurdité des guerres. Chacun peut admirer les messages de portée universelle qui accompagnent les fresques. Il y en a même un sur les anarchistes de Léo Ferré. Il n’y en a pas un sur cent…Pour les générations futures, c’est aussi un témoignage historique de dénonciation des injustices sociales. De quoi ravir les anarchistes et toutes celles et ceux qui sont intéressés par la question sociale.

Et l’art mural n’est pas prêt de s’éteindre. D’autres peintres prennent la relève et la bêtise humaine nous donne malheureusement matière à dénoncer les injustices et toutes les ignominies qui font l’actualité dans le monde : les guerres, les famines, les tortures, les coups d’Etat, la pauvreté, les inégalités, les injustices…

Patoche (GLJD)